Nancy Pelosi
La présidente de la Chambre des Représentants a provoqué une crise en allant à Taïwan. Figure de la politique américaine, elle n’en est pas à son premier coup d’éclat
1 CHINE
Sa visite à Taïwan le 2 août, la première d’un responsable américain de ce niveau depuis vingtcinq ans, a stupéfié la planète. Nancy Pelosi a bravé les menaces de Pékin et les doutes du Pentagone pour rappeler aux Américains leur engagement à soutenir l’île face aux ambitions chinoises. Ce n’est pas le premier défi qu’elle lance au pouvoir chinois. En 1991, elle avait déployé sur la place Tiananmen une bannière :
« A ceux qui sont morts pour la démocratie en Chine. »
2 SPEAKER
La démocrate est la première femme à avoir été élue « speaker », c’est-à-dire présidente de la Chambre des Représentants. Elle a occupé ce poste, le troisième le plus important du pays, après le président et le vice-président, de
2007 à 2011, puis de 2019 à aujourd’hui. Un record. A 82 ans, elle est considérée comme la femme la plus puissante des Etats-Unis.
3 GUERRIÈRE
De son opposition à la guerre d’Irak à la procédure d’impeachment (destitution) contre Donald Trump, elle a été de toutes les batailles menées au Congrès depuis trente ans. Autant admirée que détestée, elle a joué un rôle essentiel pour faire avancer ou bloquer les programmes des présidents, de George Bush père à Joe Biden.
4 TRUMP
Qualifiée par la presse de « pire cauchemar de Trump », qui la surnommait « Crazy Nancy » (« Nancy la folle ») sur Twitter, elle a été sa principale opposante lors de son mandat. Elle a refusé de voter son budget prévoyant la construction d’un mur à la frontière mexicaine, déchiré son discours sur l’état de l’Union en 2020 et ouvert une enquête parlementaire visant à instruire sa destitution.
5 OBAMA
L’ancien président Barack Obama voit en elle « l’un des leaders parlementaires les plus efficaces qu’ait connus ce pays ». C’est elle qui a su convaincre les élus d’adopter en 2009 sa réforme clé de l’assurance santé. Rebelote sous Biden : elle a oeuvré sans relâche pour sauver son grand plan social et climatique, qui vient d’obtenir l’aval de son camp dans une version moins ambitieuse baptisée « loi sur la réduction de l’inflation ».
6 POLITIQUE
Elle a la politique dans le sang. Petite dernière d’une fratrie de six enfants, cette ItaloAméricaine a grandi à Baltimore, une ville de la côte Est dont son père, Thomas D’Alesandro Jr., puis un de ses frères ont été les maires. A 20 ans, elle est invitée au bal d’investiture de JFK, en 1961. Mais elle attendra d’avoir élevé ses cinq enfants avant de lancer sa propre carrière politique, à 47 ans.
7 SAN FRANCISCO
Elle est députée démocrate de San Francisco depuis 1987. Ses combats – comme le mariage homosexuel, l’accès aux soins pour les séropositifs, la défense des droits de l’homme en Chine – trouvent un écho favorable dans cette ville californienne progressiste qui concentre une grande communauté gay et une forte population d’origine asiatique.
AVORTEMENT
Catholique pratiquante, elle a cependant dénoncé en juin dernier l’annulation par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade qui accordait aux Américaines le droit d’avorter. Pour la punir de ses positions pro choice, l’archevêque de San Francisco, Salvatore J. Cordileone, l’avait interdite de communion dès le mois de mai. Qu’à cela ne tienne, elle est allée recevoir la bénédiction directement des mains du pape à Rome !
9 ARGENT
Nancy Pelosi roule sur l’or. Avec son époux, le magnat de l’immobilier Paul Pelosi, elle possède un domaine viticole dans la
Napa Valley, une résidence luxueuse sur les bords du fleuve Potomac à Washington et une maison dans l’un des quartiers les plus chers des Etats-Unis, Pacific Heights, à San Francisco.
Elle maîtrise aussi l’art de la collecte de fonds comme personne : elle a levé plus de 680 millions de dollars depuis 2002 pour son parti.
10 RETRAITE
Pour se concilier la jeune garde du Parti démocrate, elle avait promis en 2018 de limiter son mandat à quatre ans. Une victoire des républicains aux élections de mi-mandat du 8 novembre prochain signerait de toute façon la fin de son règne. Sa visite à Taïwan risque d’être le dernier acte de bravoure de ce dinosaure de la politique américaine.