MA PLONGÉE DANS… “HORIZON”
Même Snoop Dogg a l’air blasé
Avec le métavers, Facebook, devenu Meta, entend réinventer les réseaux sociaux. Et pose les premières pierres avec « Horizon ». J’y plonge doté d’un casque de réalité virtuelle Oculus, sorte de masque de ski qui projette devant mes yeux un monde de pixels. Les paramétrages sont nombreux, mais je parviens à créer mon avatar – une trentenaire au genre fluide, cheveux bleus et piercing au nez. Particularité : ici, je suis un tronc flottant. Pas de jambes, donc pas de sexe, donc moins de comportements sexualisés. Sauf que l’entreprise a oublié de rendre les choses simples. En débarquant, tous les novices sont complètement perdus. « Dis, tu peux m’expliquer comment on fait ? », m’interpelle un Californien. Un New-Yorkais prend le temps de nous expliquer. « Pourquoi mon bras est désarticulé ?, interroge le Californien, constatant de multiples bugs. Si c’est ça le futur… » Plus que pour les mini-jeux vidéo, de piètre qualité, l’intérêt réside dans les événements virtuels. J’enchaîne ainsi des projections de cours de cuisine, de documentaires animaliers et même une messe évangélique ! Avec moi, il n’y a pas grand monde. « Je suis bloqué chez moi parce que j’ai le Covid, alors je viens ici, me raconte une Québécoise. Ce n’est pas vraiment passionnant, mais ça fait passer le temps… » Comme faire défiler son fil Facebook, finalement. Avec ma nouvelle méta-amie, je délaisse le prêche pour filer à un concert de Snoop Dogg. Le rappeur américain nous enjoint de « tous danser dans le métavers », mais apparaît blasé – il faut dire qu’en réalité il est filmé seul dans un studio. Ce côté désabusé s’impose finalement partout dans ce monde virtuel, où tous les avatars font la gueule. Par défaut, le visage est neutre, fermé. Conjugué avec ces corps flottant sans jambes, « Horizon » prend des allures de maison hantée.