La Britney de Séoul
IM NAYEON, PAR NAYEON (JYP ENTERTAINMENT).
Je vous invite à une expérience limite. Rassurezvous, aucun organe essentiel ne sera lésé pendant cette épreuve. Placez-vous devant un miroir. Que se passe-t-il ? Rien ? Ne vous chagrinez pas. C’est normal, tout à fait normal. Maintenant jouez la chanson « Candyfloss », sur le premier album solo de la Sud-Coréenne Nayeon, rameau le plus chenu (26 ans) de Twice, groupe de K-Pop féminin, composé de neuf muses. Vous noterez que soudain votre corps renaît à lui-même, commence à s’agiter, comme s’il était animé d’une vie indépendante. Tout à coup, vous pirouettez sur vous-même, vos bras, vos jambes semblent faire sécession. Vous ne l’aviez pas prévu, mais le fatal démon de la danse s’est emparé de vous.
Ode à la barbe à papa, « Candyfloss », c’est l’idée éternelle, l’essence platonicienne de la pop. Non, vous ne rêvez pas. Vous êtes Première ministre, commissaire européen, CRS, syndicaliste, rabbin ou climatologue, et, toutes affaires cessantes, vous êtes en train de répéter « Donnemoi cette barbe à papa » tout en dansant face au miroir. « Donne-moi cette barbe à papa » : tout à coup, ces mots sucrés vous semblent plus profonds que la plus profonde profondeur, comme dit certainement saint Augustin. « Candyfloss » dure trois minutes et commence par son refrain. Absolument dépourvue d’originalité mais dotée d’une irrésistible puissance pavlovienne, elle a de quoi consoler les nostalgiques de Britney, les orphelins de « Baby One More Time », les résilients de « Oops !… I Did It Again », les polytraumatisés de « Overprotected ». Ici, pendant trois minutes, l’âme de la pop s’incarne en Nayeon. Au cas où vous seriez repus de barbe à papa, nous vous recommandons, dans le même esprit candy, les métaphysiques et fredonnants « talalalalala » de la chanson « Happy Birthday to You ».