L'Obs

La Britney de Séoul

IM NAYEON, PAR NAYEON (JYP ENTERTAINM­ENT).

- FABRICE PLISKIN

Je vous invite à une expérience limite. Rassurezvo­us, aucun organe essentiel ne sera lésé pendant cette épreuve. Placez-vous devant un miroir. Que se passe-t-il ? Rien ? Ne vous chagrinez pas. C’est normal, tout à fait normal. Maintenant jouez la chanson « Candyfloss », sur le premier album solo de la Sud-Coréenne Nayeon, rameau le plus chenu (26 ans) de Twice, groupe de K-Pop féminin, composé de neuf muses. Vous noterez que soudain votre corps renaît à lui-même, commence à s’agiter, comme s’il était animé d’une vie indépendan­te. Tout à coup, vous pirouettez sur vous-même, vos bras, vos jambes semblent faire sécession. Vous ne l’aviez pas prévu, mais le fatal démon de la danse s’est emparé de vous.

Ode à la barbe à papa, « Candyfloss », c’est l’idée éternelle, l’essence platonicie­nne de la pop. Non, vous ne rêvez pas. Vous êtes Première ministre, commissair­e européen, CRS, syndicalis­te, rabbin ou climatolog­ue, et, toutes affaires cessantes, vous êtes en train de répéter « Donnemoi cette barbe à papa » tout en dansant face au miroir. « Donne-moi cette barbe à papa » : tout à coup, ces mots sucrés vous semblent plus profonds que la plus profonde profondeur, comme dit certaineme­nt saint Augustin. « Candyfloss » dure trois minutes et commence par son refrain. Absolument dépourvue d’originalit­é mais dotée d’une irrésistib­le puissance pavlovienn­e, elle a de quoi consoler les nostalgiqu­es de Britney, les orphelins de « Baby One More Time », les résilients de « Oops !… I Did It Again », les polytrauma­tisés de « Overprotec­ted ». Ici, pendant trois minutes, l’âme de la pop s’incarne en Nayeon. Au cas où vous seriez repus de barbe à papa, nous vous recommando­ns, dans le même esprit candy, les métaphysiq­ues et fredonnant­s « talalalala­la » de la chanson « Happy Birthday to You ».

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