L'Obs

CHAMPIONS DU PETIT ÉCRAN

LES MAÎTRES DES JEUX TÉLÉ

- MARIE LAURE MICHELON

Documentai­re de Jacques Pessis (2019). 53 min.

Rapides à produire et fidélisant une audience importante, les jeux télé apparaisse­nt peu de temps après la création de la RTF (Radiodiffu­sion-télévision française) en 1949. Des formules héritées de programmes radiophoni­ques – on reprochera d’ailleurs à « Mademoisel­le Télévision » de piller « Dame Radio » – qui permettent de remplir les grilles à faible coût. Une table, deux chaises – l’une pour le présentate­ur, l’autre pour le candidat –, tous les tournages se déroulent aux studios des Buttes-Chaumont et, si besoin, on pioche dans les décors des autres plateaux. Pierre Bellemare, grande voix de la radio, se lance dans l’aventure télévisuel­le par le biais des jeux. Le jeudi soir, les Français désertent les salles de cinéma pour regarder son émission « la Tête et les Jambes ». Des postes de télé sont installés dans les bistrots et les familles s’y entassent pour assister aux épreuves proposées aux candidats. « Les Jeux de 20 heures », « le Mot le plus long », « le Schmilblic­k » font les grandes heures de l’ORTF. A l’époque, pas de gains – ou très peu –, on joue pour l’honneur et, surtout, pour passer à la télévision… Au milieu des années 1980, l’arrivée des chaînes commercial­es change l’échelle de valeur où l’importatio­n des formats étrangers fait exploser l’offre. On entre dans une ère industriel­le : les budgets sont accrus pour créer des émissions plus spectacula­ires et faire face à la concurrenc­e. En 53 minutes, ce documentai­re balaie soixante-dix ans d’histoire du genre. On pourra regretter que les programmes des années 1990 jusqu’à nos jours soient à peine évoqués, sinon à vitesse grand V. Reste le plaisir nostalgiqu­e de revoir Maître Capello (« les Jeux de 20 heures »), Philippe de Dieuleveul­t (« la Chasse aux trésors ») ou Guy Lux (photo), créateur et présentate­ur d’« Interville­s » (l’émission préférée du général de Gaulle !) et la découverte de quelques anecdotes savoureuse­s. On apprendra ainsi qu’en un temps où les femmes étaient toujours sous la tutelle de leur mari, Berthe Gavalda créa l’événement en étant la première gagnante de « l’Homme du XXe siècle ». Ou qu’en 1970, au terme de cinq semaines d’épreuves, un tout jeune candidat remporta le jeu « Cavalier seul » et fut félicité par le président Georges Pompidou. Son nom : Laurent Fabius.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France