PROPRETÉ DONNE SANTÉ
HISTOIRE DES DOUCHES MUNICIPALES
Documentaire de Philippe Jamet (2021). 52 min.
Saviez-vous que les premiers bains-douches populaires ont vu le jour en 1893 à Bordeaux, à l’initiative de six médecins et de Charles Cazalet, négociant en vin et conseiller municipal ? Truffé d’archives, le documentaire de Philippe Jamet raconte la longue histoire de l’hygiène en France. Tandis qu’au e siècle il est recommandé de ne nettoyer que les parties du corps exposées à l’air, se laver reste au e siècle un luxe réservé aux plus aisés. Ce sont les progrès de la médecine et les travaux de Louis Pasteur qui bousculent les vieilles croyances selon lesquelles l’eau serait dangereuse pour la santé car source de maladies. « Propreté donne santé » est le slogan de Cazalet, partisan du courant hygiéniste. Dans la capitale de la Gironde, l’élu, convaincu que l’apprentissage passe par les enfants, fait équiper les écoles de douches. Puis, grâce à la loi Strauss de 1906, l’Etat incite financièrement les municipalités à construire des établissements dévolus à la propreté. A l’instar des thermes romains, ceux-ci deviennent des lieux de sociabilité et d’échanges… jusqu’à ce que salles de bains et machines à laver entrent dans les logements du plus grand nombre, dans les années 1970. Les bains-douches ne s’adressent alors plus qu’à une population marginale et disparaissent peu à peu. Sauvés par leur belle architecture Art déco, certains sont transformés en cabinets d’avocats, d’architectes, en office de tourisme ou autres salles de sport. Une poignée d’entre eux ont gardé leur fonction première et permettent de retisser des liens sociaux distendus. Au centre Paul-Bert de Bordeaux, en plus des bains, on y trouve une laverie, un bar, et même une station de radio où s’exprimer. A Pau, Marie-Claude, régisseuse, offre son oreille bienveillante à des usagers souvent très isolés : « Ce n’est pas une honte de venir aux douches municipales, insiste-t-elle. Je les aiguille, s’ils ont besoin de manger, de s’habiller. » Aujourd’hui, l’hygiène reste un facteur essentiel de santé publique – le Covid-19 nous l’a bien rappelé. Et les bains-douches, un maillon toujours aussi essentiel pour les personnes en situation de précarité.