L'Obs

ATTENTION, GUITARISTE INFLAMMABL­E

JIMI HENDRIX, HEAR MY TRAIN A COMIN’

- SOPHIE DELASSEIN

Documentai­re américain de Bob Smeaton (2013). 1h30.

Tout commence par l’achat d’une guitare acoustique pour 5 dollars, c’est-à-dire trois fois rien. Cadeau d’un père aimant à son fils chéri : Jimi Hendrix, né en novembre 1942 à Seattle, USA. On sait que sa mère, grosse fêtarde, était peu présente et que son père s’est battu pour l’élever. Il peut se vanter de sa réussite ; les proches du gamin l’ont rarement vu sans sa guitare, lui qui en jouait huit heures par jour. Jimi écoute du blues, du blues, du blues, et le reproduit comme ça, à l’oreille. Constatant que son fils est doué, le père lui offre une guitare électrique. Il faut y voir un signe d’encouragem­ent. Jimi le voit. A l’époque, les Noirs jouent du blues, les Blancs, du rock. Le jeune gars timide, accompagna­teur à ses débuts de Little Richard et de Wilson Pickett, va très vite s’emparer de la scène et l’électriser avec sa musique hybride, mélange de blues, de rock et d’une touche de psychédéli­sme. Son ascension est fulgurante, tout se joue à Londres, où la révolution musicale gronde. D’abord repéré par la petite amie de Keith Richards, Linda, le gamin tape aussi dans l’oeil des Beatles. Paul McCartney, l’un des nombreux témoins du documentai­re, se souvient de la première fois qu’il l’a entendu jouer. Il s’est dit : « Il se débrouille à la guitare, lui ! » Ni jalousie ni rivalité, tout le monde veut soutenir ce phénomène. Quant à lui, il crée son style. Fin 1966, il téléphone à son père pour lui annoncer la naissance de son groupe, The Jimi Hendrix Experience. Il signe avec Warner, et embarque les foules des festivals. Sur les images d’archives, on le voit verser de l’essence de briquet sur sa guitare et y mettre le feu. Elles contribuer­ont à forger sa légende. L’Angleterre une fois conquise, Hendrix retrouve son père et l’Amérique pour une gigantesqu­e tournée. Avec des centaines de kilomètres au compteur et trois albums au top, il est au sommet de sa carrière. Courte, la carrière, puisqu’il meurt à 27 ans, en 1970. « J’ai le pressentim­ent que je mourrai avant 30 ans, disait-il. Je l’accepte, mais ce qui me rend triste, c’est que je n’aurai pas le temps de créer toute la musique que je voudrais. »

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