Alla Pougatcheva
Coup dur pour Vladimir Poutine : le 18 septembre, la mégastar de la chanson russe a publiquement déclaré son opposition à l’invasion de l’Ukraine
1 ÉTOILE RUSSE
Pour ses fans, elle est un peu la Vanessa Paradis de l’Est. Pour le « New York Times », un « mélange de Tina Turner, avec un soupçon d’Edith Piaf ». Alla Pougatcheva, 73 ans, une icône, déjà, du temps de l’Union soviétique, est adulée comme un monument national de la variété russe depuis des décennies.
2 ANTIGUERRE
Dans son message liké 840 000 fois et publié le 18 septembre sur Instagram, réseau social interdit en Russie, la pop star suivie par 3,5 millions d’abonnés souhaite « la fin de la mort de nos garçons pour des objectifs illusoires qui font de notre pays un paria et pèsent sur la vie de nos citoyens ». Moscou n’a pas encore commenté, mais le député Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma et proche de Vladimir Poutine, s’est empressé d’indiquer sur Telegram que la chanteuse avait « perdu pied avec la réalité ». Il concluait : « Nous gagnerons sans ses chansons. »
3 LISTE NOIRE
La chanteuse condamne les morts mais défend aussi son compagnon, l’humoriste et comédien Maxime Galkine, actuellement en exil en Israël et blacklisté par le ministère de la Justice pour avoir « perçu de l’argent de Kiev » et « mené des activités politiques ». Défiant le Kremlin, celle qui est vue désormais comme la nouvelle cheffe de file du mouvement antiguerre russe a demandé dans son post à être elle aussi ajoutée à la liste des « agents de l’étranger », un statut utilisé par le pouvoir pour désigner ses opposants.
4 NEUTRALITÉ
Rien ne permettait jusque-là d’imaginer la « prima donna » russe, comme on la surnomme en référence au titre qu’elle avait interprété au concours de l’Eurovision de 1997, en activiste anti-Poutine. A l’instar de feu la Queen Elizabeth, Alla Pougatcheva a vu s’effondrer l’URSS et se succéder huit chefs d’Etat, tout en conservant son immense popularité. Son secret : ne pas (trop) afficher ses opinions politiques.
5 KREMLIN
Elle collectionne les titres – dont le plus prestigieux, celui d’Artiste du peuple de l’URSS en 1991 – et les médailles : elle a reçu l’ordre du Mérite des mains de Mikhaïl Gorbatchev, de Boris Eltsine et de Dmitri Medvedev, proche de Poutine, longtemps son Premier ministre. En 2019, elle s’était produite au Grand Palais du Kremlin pour un immense concert à l’occasion de son 70e anniversaire.
6 LIBERTÉ
Ménager les chefs d’Etat n’empêche pas les critiques. En 2012, Alla avait soutenu Mikhaïl Prokhorov, l’opposant de Poutine, à la présidentielle. En 2014, elle avait dénoncé l’annexion de la Crimée. En mars dernier, juste après l’invasion de l’Ukraine, elle avait quitté le pays pour se rendre en Israël avec son mari, avant de rentrer en Russie début septembre pour les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev, auquel elle avait rendu un hommage subtil, évoquant « une époque durant laquelle nous avons goûté à la liberté ».
7 TCHERNOBYL
En 1986, après la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl, elle fut la première artiste à se rendre sur le site pour rendre hommage aux « décontamineurs », prenant à partie les fonctionnaires du Parti communiste présents ce jour-là.
JOE DASSIN
Elle a commencé sa carrière en 1965 sans jamais connaître le creux de la vague. Elle a vendu plus de 250 millions de disques dans le monde entier. Son répertoire compte plus de 500 chansons qu’elle a interprétées en russe, anglais, allemand, français, hébreu, finnois, ukrainien. Elle a collaboré avec des chanteurs de tous les pays, comme
Joe Dassin en France.
9 PAPARAZZIS
Depuis soixante ans, les Russes connaissent tout de sa vie privée. Elle a été mariée avec un circassien lituanien, père de sa première fille – chanteuse elle aussi –, puis avec un cinéaste, un producteur, un chanteur de dix-huit ans de moins qu’elle, avant de rencontrer, en 2011, Maxime Galkine, plus jeune, lui, de vingt-sept ans, connu pour avoir animé la version russe de « Qui veut gagner des millions ? ».
10 GPA
C’est avec lui qu’elle a eu ses jumeaux le 18 septembre 2013, alors qu’elle était âgée de 64 ans et grand-mère de trois petits-enfants. Sa fille Yelizaveta et son fils Harry ont été conçus par GPA avec ses propres ovocytes, cryogénisés en 2001.