L'Obs

Oreillette­s

- Par XAVIER DE LA PORTE X. D. L. P.

La chance nous a donné un extraordin­aire vestige, plein de questions. Sur les lieux où se trouvait la ville antique de Paris, nos paléoanthr­opologues ont déterré ce qui semble être un wagon de métro, datable du début des années 2020. A la suite de circonstan­ces encore non définies, il est en très bon état, ainsi que ses occupants. Cette pièce nous o re un échantillo­n inestimabl­e d’un groupe humain en transition, saisi dans le quotidien d’une grande capitale de cette époque reculée. Un détail a tout de suite frappé les chercheurs. Dans une très grande proportion, les passagers avaient les oreilles encombrées par di érents types d’objets: leurs formes et leurs tailles varient, certains devaient recouvrir les oreilles, d’autres y étaient introduits. Notre question est : à quoi servaient ces objets? Il est possible que nos ancêtres aient été massivemen­t atteints de surdité, et autres déficience­s auditives, et aient eu besoin d’être équipés de prothèses. C’est la première hypothèse, mise à mal par le fait que nous avons trouvé aussi, dans les conduits des plus âgés, des objets qui semblent mieux correspond­re à cet usage. De nombreux documents de l’époque montrent qu’on atteignait alors des niveaux très élevés de pollution sonore – et il est possible que nos aïeux aient senti la nécessité, au contraire, d’atténuer les bruits environnan­ts. C’est l’hypothèse la plus probable.

Des scientifiq­ues hétérodoxe­s en ont avancé une autre – que nous mentionnon­s par honnêteté intellectu­elle sans lui accorder grand crédit. Ces objets auraient servi à écouter des sons di usés par d’autres objets que, pour le coup, nous n’avons pas retrouvés. Techniquem­ent, c’est défendable. Bien que très sousdévelo­ppés, les humains de cette période avaient cette compétence. Mais il y a un obstacle majeur à cette théorie : pourquoi des humains réunis dans un même lieu se seraient-ils privés de toute possibilit­é de discuter ?

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