Oreillettes
La chance nous a donné un extraordinaire vestige, plein de questions. Sur les lieux où se trouvait la ville antique de Paris, nos paléoanthropologues ont déterré ce qui semble être un wagon de métro, datable du début des années 2020. A la suite de circonstances encore non définies, il est en très bon état, ainsi que ses occupants. Cette pièce nous o re un échantillon inestimable d’un groupe humain en transition, saisi dans le quotidien d’une grande capitale de cette époque reculée. Un détail a tout de suite frappé les chercheurs. Dans une très grande proportion, les passagers avaient les oreilles encombrées par di érents types d’objets: leurs formes et leurs tailles varient, certains devaient recouvrir les oreilles, d’autres y étaient introduits. Notre question est : à quoi servaient ces objets? Il est possible que nos ancêtres aient été massivement atteints de surdité, et autres déficiences auditives, et aient eu besoin d’être équipés de prothèses. C’est la première hypothèse, mise à mal par le fait que nous avons trouvé aussi, dans les conduits des plus âgés, des objets qui semblent mieux correspondre à cet usage. De nombreux documents de l’époque montrent qu’on atteignait alors des niveaux très élevés de pollution sonore – et il est possible que nos aïeux aient senti la nécessité, au contraire, d’atténuer les bruits environnants. C’est l’hypothèse la plus probable.
Des scientifiques hétérodoxes en ont avancé une autre – que nous mentionnons par honnêteté intellectuelle sans lui accorder grand crédit. Ces objets auraient servi à écouter des sons di usés par d’autres objets que, pour le coup, nous n’avons pas retrouvés. Techniquement, c’est défendable. Bien que très sousdéveloppés, les humains de cette période avaient cette compétence. Mais il y a un obstacle majeur à cette théorie : pourquoi des humains réunis dans un même lieu se seraient-ils privés de toute possibilité de discuter ?