Rénovation énergétique: un trou dans la loi
En écologie, comme en amour, il y a les déclarations et les preuves: les premières sont aisées, les secondes réclament des actes. Un exemple: voilà longtemps qu’on sait qu’en France l’habitat représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre, et qu’un important effort de rénovation énergétique est indispensable. Plus de 5 millions de logements, (17 % des résidences principales) sont des « passoires thermiques », mauvaises pour le climat comme pour le portemonnaie. Le gouvernement a donc agi: en 2025, il sera interdit de mettre en location des appartements classés « G » par le diagnostic de performance énergétique (DPE), c’est-àdire les plus énergivores. En 2028, ce sera au tour des « F » et, en 2034, des « E ». Voilà qui est concret! Mais il y a un hic: très souvent, les travaux susceptibles de faire sortir les logements des étiquettes « E », « F » ou « G » consistent à changer la chaudière, à isoler la façade ou à refaire la toiture. Autant dire qu’ils relèvent des parties communes, ne dépendant donc pas d’un propriétaire en particulier, mais du syndic de copropriété. Lequel n’est (encore) astreint à rien du tout par la loi, puisque seuls les propriétaires louant leurs biens sont tenus à réaliser des travaux. Autrement dit, des milliers de propriétaires risquent, dans les années à venir, de se retrouver coincés entre des locataires exigeant des travaux, y compris par voie judiciaire (la loi les y autorise), et des syndics refusant de débourser le moindre centime… L’écologie exige des actes, mais aussi un minimum de cohérence!