L'Obs

Aurélien Pradié

Chantre d’une droite sociale, le jeune député du Lot rêve de jouer les troublefêt­e dans la course à la présidence de LR

- CHARLOTTE CIESLINSKI

1 TROISIÈME HOMME

Actuel numéro 3 des Républicai­ns (LR), Aurélien Pradié, 36 ans, s’est lancé il y a un mois dans la course à la présidence du parti. Dans cette bataille plus ouverte qu’elle ne l’était en 2019 lors de l’élection de Christian Jacob, le jeune député part en position de challenger face à ses deux rivaux, Eric Ciotti et Bruno Retailleau. Les militants voteront le 3 décembre.

2 SURFEUR

A Biarritz, en septembre, lors des journées parlementa­ires de LR, il sèche le tea time entre candidats organisé par le parti. A la place, il est allé surfer ! Remarquée, cette absence fait jaser les apparatchi­ks et « fait marrer » Brice Hortefeux. Habitué à faire grincer les dents de ses aînés, Pradié s’est bâti une réputation de sale gosse à droite. Cette image de « tête à claques » l’amuse :

« On disait bien de Chirac qu’il était un bulldozer ou de Sarkozy qu’il était une pile électrique ! »

3 MALEFOY

Dans la bande rapprochée de Pradié, on trouve une brochette de députés trentenair­es : le Nordiste Pierre-Henri Dumont, le Picard Julien Dive et l’Alsacien Raphaël Schellenbe­rger. « Pradié, c’est le Drago Malefoy de la droite, plaisante un quadragéna­ire du parti, dans une allusion au rival de Harry Potter. Il est médisant comme tout, crâneur, et s’affiche partout avec Dive et Dumont, ses Crabbe et Goyle [les deux acolytes de Drago Malefoy dans la saga, NDLR]. »

4 LOT

Le fief électoral de Pradié, c’est Cahors, dans le Lot, où il a grandi. Pas une terre historique­ment de droite… En 2017, il accomplit l’exploit de conquérir la première « circo » du départemen­t à dominante radicale-socialiste. Réélu avec succès en 2022, le député s’est illustré dans l’Hémicycle en portant des propositio­ns de loi sociétales (handicap, violences conjugales) qui font dire à ses détracteur­s qu’« il ferait mieux d’aller reconstrui­re la gauche ».

5 CLIVAGE

L’ascension express de ce trublion nommé numéro 3 du parti en 2019 par Christian Jacob n’est pas du goût de tous. « C’était un illustre inconnu que Jacob a promu du jour au lendemain au poste de secrétaire général du parti », s’étonne encore un parlementa­ire soutien d’Eric Ciotti. A ce poste, Pradié a allongé la liste de ses ennemis en engageant des procédures d’exclusion contre plusieurs figures flirtant ouvertemen­t avec l’extrême droite, comme Erik Tegnér ou Guillaume Peltier.

6 JEUNISME

Pour Pradié, qui se revendique d’une filiation chiraquien­ne et pompidolie­nne, l’heure n’est pas aux compromis avec les extrémiste­s. L’urgence est surtout, à ses yeux, de rebâtir LR, devenu un parti de « droite Ehpad ».

7 DÉGAGISME

En avril 2022, au lendemain de la débâcle de Valérie Pécresse à l’élection présidenti­elle (4,8 %), Pradié prend la parole au siège du parti pour demander à Nadine Morano et à Rachida Dati de moins truster les plateaux télé. « Notre famille politique a besoin d’être incarnée par de nouveaux visages », leur dit-il en substance. Morano prend la mouche et s’exclame en privé : « Je vais faire encore plus de matinales pour l’emmerder ! »

Pendant la campagne de Valérie Pécresse, Pradié a aussi profité de son statut de numéro 3 du parti pour aller sillonner 22 fédération­s départemen­tales de LR. Depuis l’officialis­ation de sa candidatur­e, il a repris de plus belle ses tournées sur le terrain. « Sur place, les gens l’ont vu. Il touche plus de monde dans les fédés qu’en allant sur CNews à 7 heures du matin… », considère Pierre-Henri Dumont.

9 JOUEUR

S’il n’est pas donné favori dans la bataille pour LR, le Lotois croit que les cartes seront rebattues s’il parvient à se hisser au second tour. Car, dans un parti comptant quelque 60 000 adhérents, beaucoup d’incertitud­es demeurent : Bruno Retailleau saura-t-il mobiliser les réseaux Fillon ? Eric Ciotti fera-t-il revenir les LR qui ont cédé aux sirènes d’Eric Zemmour ? Comment se comportera l’électorat plus urbain d’Ile-de-France ?

10 RÉSEAUTEUR

En Ile-de-France, Pradié compte parmi ses soutiens plusieurs patrons de départemen­ts : François Durovray (Essonne) et Jean-François Parigi (Seine-et-Marne) – que Pradié avait convié il y a trois ans à faire le tour du Lot en mobylette avec lui. Dans l’Est, Ian Boucard, député du Territoire de Belfort, votera aussi Pradié en décembre. D’ici là, la bande du Lotois sillonnera les routes de France pour engranger un maximum de voix.

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