L’EMPREINTE MARSEILLAISE
A quelques encablures du port de commerce, CMA CGM a créé en 2018 l’incubateur Zebox, qui a déjà accompagné 86 start-up. C’est l’une des constellations de la galaxie CMA CGM, responsable localement de 3 000 jobs directs et 5 000 indirects. L’armateur posera en 2023 la première pierre de son centre d’excellence, Tangram, conçu par JeanMichel Wilmotte. Le groupe finance des chaires à l’université Aix-Marseille, et vient de devenir le partenaire principal de l’OM. Sa fondation d’entreprise a mené 350 projets avec le tissu associatif. Pas étonnant que les Saadé soient au mieux avec les politiques locaux, du maire socialiste Benoît Payen au président macroniste de la région, Renaud Muselier. « A Marseille, on critique la pollution des navires de croisière, beaucoup moins celle des porte-conteneurs », note un activiste. Cette empreinte locale a été parachevée, en septembre, par l’achat du quotidien « la Provence » après une longue bataille avec Xavier Niel (actionnaire de
« l’Obs »). Proposant un prix quatre fois plus élevé que son concurrent (81 millions d’euros, contre 20) et multipliant les promesses aux employés, Rodolphe Saadé n’a pas ménagé sa peine. Le nouveau conseil d’administration, présidé par Jean-Emmanuel Sauvée (président d’Armateurs de France), comprend aussi sa soeur Tanya, sa femme, Véronique, son dircab et plusieurs entrepreneurs financés par le groupe… « Au moins, on est sortis d’une terrible période de turbulence, où nos administrateurs se faisaient la guerre », commente Audrey Letellier, du SNJ. Elle dit cependant « rester vigilante sur le respect de l’emploi et de l’indépendance promis par l’actionnaire ».