L'Obs

Quand la mode entravait le corps des femmes

- Par CLAIRE FLEURY

L e’enfer est pavé de bonnes intentions. Au milieu du siècle, grâce aux progrès de l’industrie métallurgi­que, les modistes inventent la cage crinoline, comme le raconte la nouvelle exposition du Musée industriel de la CorderieVa­llois, à Notre-Dame-de-Bondeville, près de Rouen. Cette armature métallique, dont plusieurs exemplaire­s d’époque sont présentés, remplace l’amoncellem­ent de jupons qui donnait à la jupe l’ampleur et l’arrondi souhaités. Les cerceaux qui la constituen­t sont souples et légers, l’élégante qui les porte est moins entravée dans sa marche. Il n’empêche, quel symbole de la condition des femmes de l’époque que de les voir a ublées d’une cage !

Le haut du corps n’est pas épargné, avec l’ajout de baleines métallique­s au corset. Jamais les femmes n’auront la taille aussi serrée. Des robes de visite, de soirée et de bal visibles ici attestent des mensuratio­ns irréaliste­s que l’on imposait aux femmes. Selon Nathalie Harran, historienn­e du costume et collection­neuse de vêtements historique­s qui a prêté l’ensemble des pièces de l’expo, les fillettes portaient aussi des corsets dès l’âge de… 7 ans. Leurs organes internes en pleine croissance subissaien­t de telles pressions qu’ils pouvaient en être déformés. Le sexe dit faible ne s’en trouvait guère renforcé…

Le rehausse-fesses – sorte de coussin attaché à la taille – est, lui, inventé pour répondre à la nouvelle mode des années 1880 : l’accent mis sur la chute des reins. Pour s’asseoir, les femmes devaient d’abord soulever discrèteme­nt leur prothèse rembourrée. Parfois, elles disposaien­t d’une tirette retrousse-jupe ou retrousse-tournure (demi-cage crinoline alors à la mode) dissimulée dans un pli du tissu. Le diable s’habille dans les détails. ■

« Quand la mode façonne le(s) corps », Musée industriel de la Corderie-Vallois, Notre-Damede-Bondeville (76), jusqu’au 8 avril 2023.

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ROBE DE BAL, 1865.

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