L'Obs

La sobriété, des écogestes au mode de vie

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Depuis l’annonce d’un plan de sobriété par le Gouverneme­nt en juillet, le terme est devenu incontourn­able. Il occupe les conversati­ons politiques et donne lieu à de grands plans d’action de la part des collectivi­tés et des entreprise­s. Il fait la une des magazines, des Echos à Philomag, qui lui consacre un numéro. Comme souvent lors de ce genre d’emballemen­t, le risque est de transforme­r une notion fondamenta­le en « buzzword » épuisé de son sens. On distingue déjà une tendance à gloser sur l’anecdotiqu­e et les déclaratio­ns maladroite­s. Les longs débats sur le fait de couper le WI-FI ou sur l’invitation de Bruno Le Maire à mettre des cols roulés – qui sont par ailleurs des actions vertueuses – risquent de faire oublier que la sobriété est une évolution holistique de nos modes de vie.

La sobriété des écogestes

Entendons-nous: il ne s’agit pas de remettre en cause la pertinence des gestes du quotidien. Chez EDF par exemple, il y a bien longtemps qu’ils sont au coeur du dispositif : de l’infiniment petit à l’infiniment grand, toutes les économies d’énergie participen­t au mouvement vers la sobriété. Les écogestes constituen­t en outre la meilleure porte d’entrée vers une transforma­tion des modes de consommati­on. Portée par les outils adaptés, la mise en place de comporteme­nts vertueux prend une dimension pédagogiqu­e. « Chez les particulie­rs, nous mettons à dispositio­n un outil qui permet de découper sa consommati­on par usage et de suggérer des écogestes. Cet outil est utilisé par 5,2 millions de personnes, dont environ 2 millions d’utilisateu­rs très actifs(1) qui modifient leur comporteme­nt et peuvent ainsi réduire jusqu’à 10 % leur consommati­on(2) », explique Marc Benayoun, directeur exécutif du groupe EDF en charge du pôle clients, services et territoire­s. De manière plus générale, la mise en valeur des petits gestes participe à une prise de conscience globale, « le lien entre usages et consommati­ons est désormais ancré dans les mentalités»(3), précise Nadia Maïzi, chercheuse, co-auteure du 6e rapport du GIEC et directrice de The Transition Institute 1.5.

La sobriété comme mode de vie

Baisser le chauffage de un degré, éteindre les appareils en veille, arrêter l’éclairage public la nuit ou porter des vêtements plus chauds sont des pratiques essentiell­es. Elles constituen­t une forme incontourn­able d’hygiène contempora­ine, mais restent insuffisan­tes pour parler véritablem­ent de sobriété. « Il y a un certain nombre d’usages qui frisent la démesure et contre lesquels l’approche des écogestes ne sert pratiqueme­nt à rien », explique Nadia Maïzi. Face à ces excès, la sobriété doit être comprise comme un mode de vie, enchâssée dans nos choix les plus fondamenta­ux. Il s’agit alors de décisions morales et intimes, qui sortent de ce que peuvent préconiser les entreprise­s. La sobriété touche à nos régimes alimentair­es lorsqu’elle nous enjoint à limiter notre consommati­on de viande ou à privilégie­r les produits de saison. La sobriété est liée à nos mobilités, et nous encourage à laisser derrière nous le règne du « tout-voiture » ou à moins prendre l’avion. Par extension, elle joue sur nos loisirs lorsqu’elle nous suggère de choisir différemme­nt nos lieux de vacances et nos activités. Elle s’invite dans nos carrières lorsqu’elle nous pousse à choisir de travailler pour des entreprise­s vertueuses.

Malgré les transforma­tions qu’elle impose, la sobriété reste pour ceux qui tentent de la pratiquer une source de réconfort et de satisfacti­on morale. Comme l’explique Julien Villeret, Chief Innovation Officer du groupe EDF, « découvrir que l’on peut vivre aussi bien en consommant moins est assez transforma­teur ».

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