L’OVALIE FAIT SA TRANSITION
PLUS QU’UN JEU
Documentaire de François Cusset (2023). 1h10.
« On a été nulles. Nous n’avons pas respecté le maillot que l’on porte, confie Fanny, après la relégation de son équipe en Elite 2, la deuxième division du rugby féminin. Mais j’ai fait le choix de rester là où j’avais échoué au lieu de fuir. » Pour la première fois de leur histoire, les Pink Rockets du Stade français, qui ont accédé à la première division en 2018, la quittent après un championnat compliqué. Ce documentaire nous immerge dans les coulisses de la saison 2022-2023, supposée celle de la reconstruction pour ces dames qui, contrairement à leurs homologues masculins du club parisien, possèdent encore le statut de sportifs amateurs. « Nos joueuses touchent une centaine d’euros, ce qui revient à du simple défraiement, dénonce leur entraîneur Fabrice Cueille. A quel moment pourront-elles vivre de leur activité ? Je ne sais pas répondre », s’agace-t-il. Hors stade, l’ailière Doriane appartient à la brigade de Police secours. Bintou, elle, gère ses enfants tout en étant salariée dans une maison d’enfance à caractère social. Esther, la benjamine, poursuit ses études d’ingénieure en informatique. Toutes font des sacrifices pour pouvoir concilier sport, vie professionnelle et vie personnelle. Entraînements intenses, succession des matchs, blessures (Bintou a perdu 7 dents lors d’un choc) : les filles ne lâchent rien. Pionnière du ballon ovale, l’ex-deuxième ligne Wanda Noury, 80 ans, leur rappelle la longue bataille menée depuis des décennies pour arracher leur discipline aux a priori machistes. « Je pense que le rugby – sport de contact exigeant des qualités d’endurance, de robustesse foncière et de virilité – est contre-indiqué pour les jeunes filles et les femmes pour des raisons physiologiques évidentes », assurait Marceau Crespin, directeur des Sports, en 1972. Ce n’est qu’en 1989 que la Fédération française intégrera les filles : elle compte aujourd’hui près de 26 000 licenciées. Une partie en passe d’être gagnée.