Si j’avais un marteau
Chaque nouveau livre de Michael McDowell est un bonbon encore plus cruel et encore plus savoureux que le précédent. Après « Blackwater », saga autour d’une étrange créature marine, puis le thriller dickensien « les Aiguilles d’or », voici « Katie ». Un récit horrifique écrit avec habileté, malice et ironie par l’auteur américain (1950-1999), qui fut scénariste du « Beetlejuice » de Tim Burton, collectionneur d’objets funéraires, militant des droits des homosexuels et idole de Stephen King. En 1871, Philomela Drax, jeune fille au coeur pur et à la bourse vide se découvre une fortune provenant d’un grand-père inconnu. Or la famille Slape est prête à tous les coups bas pour la détrousser.
Format poche. Un bel objet. Dessinée par Pedro Oyarbide, la couverture rehaussée d’embossements dorés est un régal pour les yeux. et annonce aussi les éléments cruciaux du roman. Premier indice : une femme armée à l’air austère… Katie au bal du diable. Pas spécialement futée, Katie Slape est en revanche douée de pouvoirs divinatoires et n’hésite pas à cracher à la tête des gens leur terrible avenir.
Sociopathe « aux cheveux noirs et aux yeux fous », au sourire qui ressemble « presque à une insulte », elle ne chérit rien d’autre que son marteau. Tout être la contrariant peut en subir les frais. Y compris les chiens. Haletant. Hommage aux penny dreadfuls, ces feuilletons de l’ère victorienne inspirés de faits divers sordides, « Katie » tient de la cavalcade. De New Egypt, bourg insignifiant du New Jersey, aux quais de New York, les deux clans sèment des macchabées à un rythme effréné. La fin jouissive de ce roman addictif donne un sens dérisoire à tout cet affrontement.
ROMAN Katie, par Michael McDowell, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Szlamowicz, Monsieur Toussaint Louverture, 460 p., 12,90 euros.