THE SYMPATHIZER

SÉRIE AMÉRICAINE DE PARK CHAN WOOK ET DON MCKELLAR (2024)

Avec Hoa Xuande, Robert Downey Jr., Toan Le, Sandra Oh. 7 épisodes.

De cette série d’exception, on reconnaît la griffe HBO dès les premières images. Renommée Max, la reine des chaînes câblées américaines débarque en France cet été et rappelle à ceux qui en douteraient encore que la patronne incontestée du monde sériel, c’est bien elle. A l’heure du formatage généralisé des intrigues, quel autre diffuseur aurait l’audace de transposer à l’écran le roman ultracomplexe de Viet Thanh Nguyen ? Récompensé en 2016 par le prix Pulitzer, celui-ci évoque une période de l’histoire, la guerre du Vietnam, qui a jadis richement inspiré le cinéma américain, de « Voyage au bout de l’enfer » (1978), premier joyau d’envergure, jusqu’à l’hallucinant et mélancolique « Echelle de Jacob » (1990). Dès le premier épisode de « The Sympathizer », récit virtuose de la chute de Saigon en 1975, le réalisateur sud-coréen Park Chan-wook (« Old Boy ») se hisse au niveau de ses glorieux prédécesseurs : il est saisissant de voir avec quel brio et quelle exactitude il reproduit ici le réalisme poisseux des plus grands films du genre. Sa création se distingue aussi de la concurrence en raison de l’épaisseur de ses personnages. Son héros, prodigieusement interprété par Hoa Xuande (photo, à gauche), est une taupe vietcong infiltrée dans l’armée sud-vietnamienne au moment où celle-ci et ses alliés américains perdent la guerre. Sa mission se poursuit par-delà la débâcle militaire, aux Etats-Unis. Commence alors le récit d’un double exil, celui d’un immigré résidant dans un pays qui le méprise et celui d’un agent double cohabitant dans une maisonnette à Los Angeles avec son ennemi politique, un général paranoïaque dont il surveille les faits et gestes depuis des années. A cette réussite totale s’ajoute la prestation jubilatoire et caméléonesque de Robert Downey Jr (photo). Grimé de frais, l’acteur, tout récemment auréolé d’un oscar, incarne à lui seul une myriade de sombres allégories de l’Amérique.

Pas de doute, ce « Sympathizer » en jette un Max.