Martine crée des bébés plus vrais que nature
Depuis 10 ans, Martine Vasseur, 63 ans, confectionne d’incroyables poupons plus vrais que nature : des bébés « reborn ». C’est à Ribeauville (hameau d’Oudeuil) que nous avons rencontré cette retraitée pour essayer d’en savoir plus sur cette passion insoli
Tout a commencé en 2008, Martine Vasseur vient alors de prendre sa retraite après plusieurs années au service de la préfecture de l’Oise à Beauvais. La jeune retraitée cherche alors une nouvelle occupation. « J’ai arrêté de travailler et je me suis
mise à faire des bébés », plaisante volontiers Martine. Ce nouveau et insolite hobby, la retraitée va le découvrir grâce à un bien curieux cadeau de Noël. Passionnée depuis le plus jeune âge par les poupées, Martine décide de se faire offrir par son mari un bébé « reborn ». Un quoi ? Derrière cet anglicisme (« renaître ») se cache des poupées à tailles réelles et ultra-réalistes.
ULTRA-RÉALISTES
Quand Martine reçoit sa poupée commandée d’occasion sur un site d’enchères en ligne, malheureusement c’est la déception qui prédomine : « Elle
ne correspondait pas à ce que j’attendais, je me suis alors dit que je pouvais faire mieux moi-même ». Déjà habituée aux travaux manuels, elle se lance alors dans la conception de ses propres poupées et devient une « rebor
neuse » : « Je me suis tuyautée en regardant des vidéos sur internet, j’ai beaucoup progressé d’année en
année ». Dans son salon, Martine a préparé spécialement pour notre venue une sélection de poupées qu’elle a réalisées. Toutes sont plus saisissantes de vérité les unes que les autres, jusqu’à nous en effrayer d’oser en porter une sereinement dans nos bras par peur de la faire tomber. Cette mère de trois enfants estime avoir déjà réalisé plus d’une centaine de bébés « reborn » en dix ans. Une occupation qui ne manque pas de l’occuper : « Il me faut près de 60 h pour réaliser un bébé, je travaille 4 à 5 h par jour
60 H DE TRAVAIL
En 2013, l’ancienne secrétaire décide de transformer ce qui n’était jusqu’alors qu’un loisir en gagne-pain. Elle se prend le statut d’auto-entrepreneur et crée « les petits drôles de Maty » pour vendre ses créations : « Maty, c’est le nom que
me donne mes dix petits-enfants ». Comment fabrique-t-on une poupée « reborn » ? Moyennant une centaine d’euros, il faut déjà acheter un kit de base qui contient différentes parties en vinyle. La principale étape de création consiste à peindre les poupées avec une peinture spécifique. Une opération très chronophage, puisqu’après chaque couche, appliquée méticuleusement, Martine doit mettre le bébé pendant 7 minutes dans un four spécifique afin que la peinture s’imprègne dans le vinyle. Une opération qu’elle doit répéter à de multiples reprises : « Chaque bébé nécessite environ 50 couches de peinture ». Martine applique ensuite un vernis pour protéger le fruit de son travail. Vient maintenant le temps de l’assemblage : « Je mets les yeux en verre, acheté une vingtaine d’euros... Je bourre le corps avec de la ouate et des micro-billes de
verres pour le lester et lui donner le
poids d’un vrai bébé ». C’est désormais l’heure de l’étape finale et sans doute la plus laborieuse, l’implantation des cheveux. Elle doit les implanter un à un à l’aiguille et avec une loupe du « mohair » (poils de chèvre) sur la tête du poupon.
450 € LE POUPON
Une fois terminé, Martine met en vente son poupon (lire encadré) à un prix s’approchant souvent de 450 €, un prix élevé mais relativement modeste au regard de l’investissement dans la matière première et des heures de travail qu’elle y consacre : « Certaines créatrices les plus connues peuvent vendre des reborn jusqu’à 1500 € ». Quel est le profil-type de sa clientèle ? « Il n’y en a pas vraiment si ce n’est que ce sont toutes des femmes mais ça va de la petite fille aux dames âgées ». Si Martine a entendu parler des critiques au sujet des poupées reborn (certains accusent cet objet de servir de substitution à des femmes en mal d’enfant), la créatrice ex
plique de son côté que toute ses clientes sont simplement des
collectionneuses : « Elles apprécient les belles choses, les objets d’arts... certaines sont obnubilées par les détails, les finitions... le grain de peau, les rougeurs, des petites griffures de bébé... »
PAS UN JOUET
« Un reborn n’est pas un jouet, cela pourrait être dangereux avec les billes et les yeux en verre ! » tient d’ailleurs à préciser Martine. D’où vient sa passion ? « J’ai toujours adoré toutes les poupées modernes, pas celles en porcelaine... quand j’étais petite, j’avais
un baigneur » sourit celle qui est aussi collectionneuse avant d’être créatrice. En 2018 dans le Nord, elle a reçu le 1er prix du plus beau bébé « reborn » lors du salon “Il était une fée”, une belle reconnaissance, bien que pour Martine, le plus important reste les commentaires de ces clientes satisfaites: « Quand on me dit que le bébé est absolument magnifique, qu’on croirait que c’est un vrai, je suis aux anges !
C’est chez elle à Oudeuil que Martine Vasseur crée des bébés « reborn ». Depuis dix ans, au fil du temps, de salon en salon et sur internet, la créatrice s’est fait une petite clientèle.
Au premier regard, ce cliché pourrait en effrayer plus d’un, tant la tête de ce bébé paraît vraie... On vous rassure, il s’agit pourtant bel et bien d’une poupée sur laquelle Martine s’affaire. Patience, rigueur et méticulosité sont les maîtres mots pour réussir un ouvrage d’une telle qualité. Chapeau l’artiste !
Ses poupons sont tous plus époustouflants de réalisme les uns que les autres. Chaque « reborn » est unique et présente des caractéristiques et des expressions différentes.