Max Mara Art Prize for Women / Corin Sworn
À L’OCCASION DE L’ATTRIBUTION DU MAX MARA ART PRIZE FOR WOMEN À CORIN SWORN, QUI MARQUE AUSSI LA DIXIÈME ANNÉE DE SA FONDATION, TOUR D’HORIZON.
Elle a grandi au Canada et vit à Glasgow, a tâté de la faculté de psychologie, avant de s’orienter vers l’histoire de l’art, où elle s’est trouvée. Corin Sworn (née en 1976), lauréate du Max Mara Art Prize for Women 2013-2015, a bénéficié d’une résidence de six mois en Italie, durant laquelle elle a exploré l’un des totems nationaux : la Commedia dell’arte. “Cette forme d’expression me fascinait, aussi j’ai mis à contribution ce long séjour entre Rome, Naples et Venise pour comprendre pourquoi elle a traversé les frontières, et d’en donner mon interprétation dans cette exposition.” Corin Sworn a été sélectionnée parmi quatre autres finalistes (Beatrice Gibson, Melanie Gilligan, Judith Goddard et Philomene Pirecki). Organisé par Max Mara et la Whitechapel Gallery à Londres, ce prix – attribué tous les deux ans –, distingue une jeune artiste installée au Royaume-Uni, dont le travail n’a pas encore fait l’objet d’une exposition importante. Outre la résidence transalpine, une exposition à la Whitechapel Gallery et à la Fondation Maramotti complètent ce concept particulièrement attentif à l’artiste. Dans le passé, Laure Prouvost (Prix Max Mara 2011, a obtenu le Turner Prize). Si le Prix apporte incontestablement un puissant éclairage sur une jeune artiste, Corin Sworn n’est pas inconnue des galeries et musées ; elle a fait partie du trio d’artistes présentés au pavillon écossais à la 55e Biennale de Venise en 2013, et a notamment exposé à la Tate Britain et au Centre Pompidou. Silent Sticks est une vaste et complexe installation (vidéo, narration parlée, objets, tissus) à travers laquelle Corin Sworn s’est plongée sur le destin de Martin Guerre, un paysan français qui, en 1548, accusé de vol, doit fuir et rejoindre les rangs des soldats lors de la guerre de Cent ans. Après de longues années, il est de retour au village et emprunte l’identité et la vie d’un homme... avant d’être démasqué. Se joue alors pour Sworn une recherche subtile sur l’identité dans toutes ses acceptions. Notamment celle qui dans le théâtre de Shakespeare faisait porter des vêtements féminins aux acteurs, contrairement à la Commedia dell Arte où les femmes avaient droit de cité sur scène. “Je n’en ai pas fini avec l’histoire du théâtre italien. Je me penche désormais sur la flexibilité des corps et des identités au sein de cet art si particulier… 400 ans d’histoire”. Corin Sworn a-t-elle le sentiment d’avoir d’avoir exploré un territoire inconnu avec cette installation ? “Jusqu’à présent, j’ai travaillé sur le passé très récent, m’intéresser au passé lointain est une chose nouvelle pour moi, me donne envie de me confronter au présent. Je ne sais pas où se trouve le présent exactement, car il devient passé très rapidement, donc étrangement, je ressens quelque chose comme si je ne souhaitais pas regarder en arrière de nouveau. Du moins, pour un moment.” “Corin Sworn” Fondation Maramotti, à partir du 3 octobre, Via Fratelli Cervi, 66, 42100 Reggio Emilia RE, Italie, www.collezionemaramotti.org