Picasso Mania
OGRE INSATIABLE ENTIÈREMENT DÉDIÉ À SON ART, ORPAILLEUR DES GRANDS MAÎTRES DEVENU FIGURE TUTÉLAIRE DE PLUSIEURS GÉNÉRATIONS, PICASSO INVESTIT LE GRAND PALAIS. LES OEUVRES D’UNE DIZAINE D’ARTISTES CONTEMPORAINS (DAVID HOCKNEY, JASPER JOHNS, ROY LICHTENSTEIN, MARTIN KIPPENBERGER, EMIR KUSTURICA, RINEKE DIJKSTRA...) Y CHEMINENT AVEC LES OPUS DU MAÎTRE. UNE NOUVELLE DÉMONSTRATION DE L’IMMORTALITÉ D’UN GÉNIE NÉ IL Y A 134 ANS… DIANA WIDMAIER-PICASSO, PETITE-FILLE DE L’ARTISTE, ET CO-COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION, RÉPOND À L’OFFICIEL ART.
L’OFFICIEL ART : Depuis sa mort, en 1973, Picasso a fait l’objet d’une vingtaine d’expositions destinées à étudier la postérité de son oeuvre, quel regard “Picasso.Mania” apporte-t-il ? DIANA WIDMAIER PICASSO : L’originalité de “Picasso.Mania” réside dans le fait qu’il s’agit de la première exposition muséale dans laquelle des oeuvres de Picasso dialoguent avec des oeuvres d’artistes contemporains traitant de l’interprétation et de la réinterprétation du travail de mon grandpère, lui conférant ainsi un statut de modèle intemporel et polyvalent. Avec mes deux co-commissaires, Didier Ottinger (directeur adjoint, Centre Pompidou) et Emilie Bouvard (conservateur, Musée Picasso de Paris), nous avons tenté d’être le plus représentatif possible, à la fois dans la diversité des médias proposés (vidéo, sculpture, peinture, installation) et dans le caractère des oeuvres elles-mêmes (réinterprétation de la figure de l’artiste, appropriation, hommage…). La première salle de l’exposition est consacrée à une série d’interviews d’artistes que j’ai réalisées ; le spectateur se trouve alors immergé dès le départ du parcours dans ce dialogue imaginaire que nous avons envisagé.
Comment avez-vous travaillé en trio avec les deux autres commissaires et quelle chronologie avez-vous retenue ?
J’ai conçu le projet avec Didier Ottinger en 2013. Le musée Picasso s’est associé à ce projet pour notre plus grande joie l’an dernier. Nous avons donc travaillé en étroite collaboration avec Emilie Bouvard ce qui nous a permis d’enrichir notre propos. Il s’agit d’un projet d’envergure qui nous a demandé beaucoup de temps et de réflexion. Nos différents parcours professionnels et goûts esthétiques nous ont permis d’engager un dialogue stimulant et constructif. A partir d’une approche à la fois chronologique et thématique, nous avons choisi de retracer les différents moments de la réception critique et artistique de l’oeuvre de Picasso depuis les années 1960.
Quel parti-pris a été privilégié pour l’accrochage ?
Après mûres réflexions, nous avons décidé de ne pas confronter dans une même salle les oeuvres de Picasso et celles des artistes contemporains afin de laisser libre le spectateur de profiter pleinement de chacun des artistes. Pour ce qui concerne l’accrochage des oeuvres de Picasso, nous nous sommes inspirés des expositions dont l’artiste à lui-même fait l’installation (Galeries Georges Petit, Paris 1932, et Kunsthaus, Zurich 1932) pour comprendre la manière dont il envisageait l’agencement de ses oeuvres. Les expositions du Palais des Papes en Avignon de 1970 et 1973 et les photographies de ses ateliers ont également été une source d’inspiration.
Votre qualité de petite-fille de l’artiste, rend-il plus délicat votre travail d’historienne de l’art sur son oeuvre ?
En tant qu’historienne de l’art, travailler sur Picasso est un privilège tant son oeuvre est foisonnante. En tant que petite-fille de l’artiste, cela me permet de me plonger dans son intimité et de renouer avec l’histoire de ma famille.
Picasso est “présent” via une grande variété d’expressions (vidéos, films, installation...), s’il vivait encore aurait-il, selon vous, exploré ces différents médiums ?
Picasso aurait manifesté un grand intérêt vis-à-vis de ces différents médiums qui auraient pu l’amener – une fois encore – à se réinventer. “Picasso.Mania”, du 7 octobre au 29 février, Grand Palais, entrée square Jean Perrin, Paris 8.