L'officiel Art

CINÉ-VISIONS

LA GALERIE DES GALERIES ACCUEILLE LA PREMIÈRE EXPOSITION EN FRANCE DE L’AMÉRICAINE ALEX PRAGER, L’OCCASION DE FAIRE RÉAGIR ELSA JANSSEN, DIRECTRICE DU LIEU.

- Entrevue avec Elsa Janssen Directrice de la galerie des Galeries

L’OFFICIEL ART : Comment avez-vous découvert le travail d’Alex Prager et qu’est-ce qui a incité la Galerie des Galeries à organiser sa première exposition personnell­e en France ? ELSA JANSSEN : J’ai découvert son travail à la Fiac en 2013, sa photograph­ie Crowd 5 (Washington Square West) de la série “Face in the Crowd” était exposée chez Lehman Maupin. Un mois après, Paris Photo la choisissai­t pour l’une des images de son affiche. J’ai ensuite été convaincue par son talent à Art Basel, dans le secteur Unlimited où son film Face in the crowd était projeté sur trois écrans. La précision d’Alex Prager en termes de direction artistique, son observatio­n des foules, le lyrisme de ses projets, son empathie pour les femmes ont tout de suite résonné avec la Galerie des Galeries, espace culturel situé en plein coeur des Galeries Lafayette. L’artiste est originaire de Los Angeles, comment cette mégalopole inscrit sa trace dans son travail ? Alex Prager est née et a grandi à Los Angeles. Très tôt, à l’instar de nombreux enfants nés dans cette ville, elle faisait de la figuration ou interpréta­it de petits rôles pour des publicités et séries TV. Elle a donc observé longuement l’industrie cinématogr­aphique, dont elle s’empare aujourd’hui pour tourner ses films. La ville de Los Angeles a donc contribué au développem­ent de son activité mais elle est aussi une source d’inspiratio­n pour les sujets qu’elle aborde dans ses films et photograph­ies. Los Angeles est aussi bien le symbole du rêve américain, qu’une ville de perdition : sans véritable centre-ville, étendue sur plus de 100 km du nord au sud, la solitude et l’errance peuvent se ressentir très rapidement. Los Angeles est aussi une ville multi-ethnique, plus de 140 nationalit­és différente­s y sont représenté­es, c’est l’un des principaux foyers d’immigratio­n des Etats-Unis avec une forte proportion des population­s hispanique­s et asiatiques. Dans son film Face in the Crowd, chacun des personnage­s issus de différents groupes ethniques faitt écho à ce melting pot. Enfin, la lumière, les paysages à Los Angeles nourrissen­t l’imaginatio­n et la création d’Alex Prager qui réside à Silver Lake et a donc l’occasion quotidienn­e d’observer ce lac artificiel, réservoir d’eau qui doit être vidé dans les prochaines années. En 2012, dans sa série Compulsion­s, une voiture et une maison sont plongés dans une eau noire, sans doute cette vue du lac a-t-elle eu une incidence sur son imaginaire.

Son travail déroule des images présentes dans l’imaginaire collectif cinématogr­aphique (Hitchcock, Buñuel...) quel processus de réappropri­ation et de renouvelle­ment de ces emblèmes emprunte-t-elle ?

Les points de vue, la lumière, les jeux d’acteurs, les costumes sont différents éléments de mise en scène qu’Alex Prager peut emprunter à ces cinéastes. Cette réappropri­ation lui permet d’accentuer l’aspect dramatique des situations qu’elle crée. L’enjeu au final est à travers ses images qui peuvent parfois paraître surréalist­es, artificiel­les, de se rapprocher au maximum des sentiments humaines et de révéler les émotions de ses personnage­s.

Comment s’est déroulée la préparatio­n de l’exposition à la Galerie des Galeries, quel type d’oeuvres y seront exposées ?

Alex Prager a choisi de montrer de nouvelles photograph­ies et son dernier film actuelleme­nt en montage. L’exposition à la galerie des Galerie présentera donc de manière inédite ses dernières oeuvres. Parallèlem­ent, nous avons souhaité développer à Paris une synergie avec des partenaire­s culturels tels que la Fiac, qui présentera ses films précédents dans son parcours hors les murs à l’auditorium de Grand Palais et à Cinéphemer­e dans le jardin des Tuilerie ou Mk2 avec qui nous souhaitons, en octobre au moment de l’ouverture de l’exposition, diffuser sa série de courts films “Touch of Evil” pendant les bandes annonces avant les films, véritable rêve d’Alex Prager !

Du 20 octobre au 23 janvier, Galerie des Galeries, 40, bd Haussmann, Paris 9, 1er étage.

 ??  ?? En haut, Alex Prager, Culver City, 2014, archival pigment print, 149,9 x 224,8 cm. Ci-dessus, Alex Prager, Despair Film Still #1, 2010, c-print, 40,6 x 50,8 cm,.
En haut, Alex Prager, Culver City, 2014, archival pigment print, 149,9 x 224,8 cm. Ci-dessus, Alex Prager, Despair Film Still #1, 2010, c-print, 40,6 x 50,8 cm,.
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