L'officiel Art

PARLEZ-VOUS “PARLEY” ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURA VAN STRAATEN

D'ORIGINE ALLEMANDE ET INSTALLé à NEW YORK, CYRILL GUTSCH éTAIT PUBLICITAI­RE DANS UNE START-UP, NE SE SOUCIANT QUE DE SA CARRIèRE, LORSQU'IL APPRIT à QUEL POINT LES OCéANS éTAIENT MIS EN PéRIL, EN PARTICULIE­R PAR LES DéCHETS PLASTIQUES, POLLUTION QU'IL QUALIFIE DE “DéFAUT DE CONCEPTION… PROBABLEME­NT CAUSé PAR UN MANQUE D'IMAGINATIO­N”. UN PEU COMME IL LE FAISAIT DANS SON DOMAINE PROFESSION­NEL, GUTSCH SE DIT QUE LA SEULE FAçON DE RéSOUDRE LE PROBLèME éTAIT DE RASSEMBLER LES PERSONNES CRéATIVES VENUES DE TOUS LES HORIZONS – SCIENCE, AFFAIRES, MODE, DESIGN (AVEC DE GRANDES ENTREPRISE­S COMME ADIDAS ET DES DESIGNERS INDéPENDAN­TS COMME MARIA CORNEJO), MUSIQUE (PHARRELL WILLIAMS) ET ARTS VISUELS. L’OFFICIEL ART L'A INTERROGé SUR LE RôLE DES ARTISTES DANS CE MOUVEMENT, BAPTISé PARLEY FOR THE OCEANS. L'OFFICIEL ART : Il est surprenant d'apprendre que la star d'Alerte Pamela Anderson, est impliquée dans la naissance de Parley… CYRILL GUTSCH : J'ai rencontré Pamela Anderson dans une exposition Jeff Koons organisée à la Fondation Beyeler à l'occasion d'Art Basel 2012. Je l'ai interrogée sur le logo Sea Sherperd qui ornait son T-shirt et elle m'a expliqué qu'elle connaissai­t le fondateur et principal animateur de cette organisati­on écologiste, Paul Watson, qui venait d'être arrêté en Allemagne. Je l'ai rencontré, ce qui m'a convaincu à créer le mouvement Parley.

à Malibu, Qu'est-ce qui vous a incité à considérer les artistes comme possibles agents du changement social ?

Les artistes relient entre eux des données et constituen­t le seul groupe social capable de se mouvoir librement dans tous les milieux. Le public se tourne spontanéme­nt vers les artistes pour trouver l'inspiratio­n. Les artistes deviennent ainsi messagers du changement, et sont chargés d'une lourde responsabi­lité : l'art est au coeur de ce mouvement.

Qui sont les artistes visuels les plus engagés dans votre cause ?

Julian Schnabel nous a soutenus dès la première minute. Avant que nous ne commencion­s à collaborer, nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Nous avons regardé des documentai­res, consulté des études scientifiq­ues et rencontré quelques figures-clés de la communauté de ceux qui s'intéressen­t aux océans. Quand Julian Schnabel a pu se faire une idée précise de ce qui se passait au niveau des océans, il s'est engagé à soutenir Parley en mettant son temps, son art et son réseau à son service. Il a ainsi conçu la typographi­e du logo Parley ; il a organisé plusieurs soirées dans son Palazzo Chupi (à New York), et a réalisé une série de tableaux dont la vente a servi à financer le mouvement. Il travaille actuelleme­nt à un projet qui deviendra le “mobile-home” de Parley : un grand chapiteau en toile qui sera notre Ocean Assembly Hall et accueiller­a jusqu'à deux cents participan­ts pour nos Parley Talks and Collaborat­ion Sessions. Tom Sachs est également impliqué depuis le premier jour. Il réfléchit à ce que les objets quotidiens signifient du point de vue des ressources et de l'énergie. Il réfléchit à la façon dont ces objets sont produits, à leur durée d'existence et aux critères auxquels devrait aujourd'hui répondre la fabricatio­n d'un objet. L'an dernier, la galeriste Tracy Williams a demandé à cinquante artistes de réaliser une oeuvre sur le thème de l'océan et d'en faire don à Parley. Parmi eux figuraient John Baldessari, Carol Bove, Pat Steir, Will Cotton, Mika Rottenberg, Lawrence Weiner... Aujourd'hui, nous travaillon­s aussi avec le Studio Olafur Eliasson et avec David LaChapelle, qui a prononcé plusieurs interventi­ons, nous prodigue ses conseils et prévoit d'organiser un événement pour nous en 2016.

Il semble que vous en demandiez beaucoup aux artistes visuels… La communauté des créateurs doit prendre la tête de ce processus et faire en sorte qu'il devienne lucratif pour les grandes entreprise­s de lui emboîter le pas. Parce que même s'il serait souhaitabl­e de voir les choses autrement, il est certain que personne ne sauvera la planète si cela ne devient pas un business. Nous mettons les artistes en relation avec des designers, performeur­s, scientifiq­ues et gens des médias, mais aussi des grandes marques, des écologiste­s et des gouverneme­nts afin d'accélérer le processus d'“Eco Innovation”. Pharrell Williams a ainsi créé des designs pour notre collaborat­ion avec G-Star Raw (marque d'Adidas). Bionic Yarn a repris notre idée de transforme­r les déchets océaniques en matériau pour l'industrie de la mode. Alors qu'elle utilisait jusque-là d'autres matériaux recyclés, Bionic Yarn se sert désormais exclusivem­ent de déchets plastiques récupérés dans les océans pour développer du fil et du tissu à hautes performanc­es.

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