L'officiel Art

Chez Luigi Ontani

- Par Tenzing Barshee

Et si toute oeuvre pouvait fonctionne­r comme autoportra­it ? Ce que nous créons, au même titre que notre manière de le présenter à autrui, en dit long sur qui nous sommes. Et si toute oeuvre parle de nous et de notre nature éphémère, il se peut qu’elle renvoie à un moi plus vaste, à quelque aspect particulie­r du système – la nation, par exemple. L’Italie est une réalité très complexe. Cette année, au cours d’un voyage là-bas, j’ai entendu de nombreux artistes dire que leur oeuvre finirait par se révéler comme autoportra­it, certains étaient sérieux, d’autres sans doute moins. De la sculpture à l’idée, tous m’ont affirmé que leur travail ne représenta­it pas seulement leur intention artistique, mais aussi eux-mêmes. A quelle fin, me suis-je demandé ? Du HautAdige jusqu’à Palerme, j’ai pu admirer toutes les splendeurs de l’Italie, et je me suis laissé séduire. De mes jugements faisant table rase, j’ai commencé à creuser, à écouter, à observer. C’est alors que nous sommes allés voir Luigi Ontani dans sa maison de campagne, quelque part entre Rome et Florence. Quelque part dans les Apennins. Cet homme à la fois massif et fragile, que certains proches appellent “maître”, ressemble aux montagnes qui l’entourent. J’ai vu dans son regard une grande acuité, mais aussi de la souffrance. Des projection­s de ma part, sans doute. Utilisant son oeuvre comme un révélateur de soi, Luigi Ontani embrasse l’histoire à bras-le-corps : convoquant les voix de ses contempora­ins avec celles de ses ancêtres, il traite tout à la fois de patriotism­e et de religion. Depuis la fin des années 1960, Ontani met en scène des autoportra­its où il adopte toute une gamme d’identités, de Pinocchio à Nietzsche. Celles-ci explorent la

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