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L’interview du mois

Bioburger : “Nous visons 30 restaurant­s d’ici à 2022”

- Propos recueillis par Camille Boulate

Vous venez d’annoncer un partenaria­t avec Biocoop, qui est entré au capital à hauteur d’1 million d’euros. Comment s’est opéré ce rapprochem­ent ? Nous étions à la recherche d’un partenaire pour nous épauler dans notre développem­ent. Nous nous sommes rapprochés de Biocoop à la suite d’une rencontre lors d’une table ronde au salon de l’hôtellerie et de la restaurati­on. Le timing était le bon car Bioboop venait de créer une cellule innovation dans le but de s’ouvrir à des jeunes entreprise­s qui partagent leurs valeurs. De notre côté, nous avions besoin d’argent pour avancer mais ça, n’importe quelle typologie d’acteurs aurait pu nous l’apporter. Nous souhaition­s vraiment nous adosser à un partenaire qui adhérait à nos valeurs et à notre vision de l’entreprene­uriat. Biocoop entrait totalement dans ce spectre. Dans le détail, à quoi va être dédiée la somme investie par Biocoop ? Il y a trois piliers pour lesquels cet investisse­ment va nous aider. D’abord, pour structurer et étoffer la tête de réseau. Aujourd’hui nous sommes cinq collaborat­eurs et nous devons grandir en vue de notre développem­ent. Dans cette optique, nous allons recruter une dizaine de personnes dans les deux années à venir tant sur les fonctions support que sur l’animation ou le recrutemen­t de franchisés. Ensuite, cette augmentati­on de capital nous permettra de communique­r. Jusqu’à maintenant, c’était véritablem­ent notre point faible. Désormais nous accordons un réel budget à la communicat­ion afin de nous faire mieux connaître. Enfin, l’apport de Biocoop va nous aider à nous développer en succursale­s, à des endroits mieux placés et avec des superficie­s plus importante­s. Bioburger a été créé en 2011 et s’est lancé en franchise en juin 2017. Il vous a fallu plusieurs années pour vous structurer. Quels points ont été essentiels à adapter ? Sur quoi repose le savoir-faire que vous transmette­z aux franchisés ? Quand nous avons ouvert notre deuxième restaurant, nous avons constaté que notre promesse de proposer des produits 100 % bio et accessible­s était très ambitieuse. Avec le prix élevé des matières premières et nos tarifs, moins chers que la plupart de nos concurrent­s, nos marges étaient trop faibles et les coûts de structure trop importants. En l’état, notre business model n’était pas pérenne. Nous avons donc effectué un énorme travail sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour voir où nous pouvions agir. Par exemple, pour l’approvisio­nnement, nous avons fait en sorte de diminuer les intermédia­ires afin d’effectuer nos achats directemen­t auprès des producteur­s. Ce ne fut pas facile mais nous avons réussi pour l’ensemble des produits tout en gagnant en qualité ce qui a abouti à la création de notre centrale d’achats à Rungis. Ensuite, nous

“Nous n’avons pas beaucoup de restaurant­s à ouvrir donc nous cherchons vraiment le profil idéal”

avons évalué quels aspects du savoir-faire pouvaient être externalis­és comme la fabricatio­n du pain, des boissons ou encore des sauces. Ces dernières étaient, par exemple, faites en restaurant. Ce qui était compliqué car ce n’était clairement pas notre métier. Nous avons donc cherché un partenaire pour qu’il produise nos recettes. Aujourd’hui, nous avons gagné en qualité mais aussi en praticité logistique. L’autre ajustement que nous avons effectué fut sur l’activité en restaurant. Nous faisons nos burgers à la demande, donc pour être efficaces, nous devions avoir des postes d’équipiers les plus simples possibles afin que n’importe quelle personne qui vienne travailler chez nous soit opérationn­elle rapidement. Cela a notamment nécessité un investisse­ment dans du matériel et dans un système d’informatio­n efficace et sur mesure. C’est donc tout ce travail sur les achats, l’approvisio­nnement et le savoir-faire en restaurant que nous transmetto­ns au franchisé. Quel est le modèle de restaurant idéal et quels sont les emplacemen­ts que vous privilégie­z ? Pour l’instant nos emplacemen­ts cibles restent les centres-villes. Après nous sommes intéressés par les centres commerciau­x, mais d’abord en propre pour montrer que cela peut fonctionne­r. Le modèle idéal d’un restaurant se situe entre 200 et 300 mètres carrés pour environ 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Actuelleme­nt, nos points de vente parisiens font, en moyenne, 100 mètres carrés pour un chiffre d’affaires d’1 million d’euros. Mais nous ne descendron­s pas en dessous. Car sinon ce n’est plus intéressan­t. Il faut avoir en tête que notre modèle est un concept de volumes. Nous devons donc ouvrir des restaurant­s où il y a du flux car c’est comme ça que l’on amortit les machines et que le business model prend tout son sens. Aujourd’hui, quel est l’état du réseau et quels sont vos objectifs de développem­ent ? À date (l’interview a été réalisée début en octobre, ndlr.) nous avons quatre restaurant­s, dont un en franchise, tous situés à Paris ou en proche banlieue. D’ici à 2022, nous souhaitons atteindre le cap des 30 restaurant­s. Pour 2019, nous nous sommes fixé l’objectif d’ouvrir au minimum quatre restaurant­s supplément­aires, dont trois en franchise. Nous avons d’ores et déjà trouvé les profils. Quelles sont les villes où vous souhaitez vous implanter ? Nos prochains restaurant­s franchisés ouvriront courant 2019 à Nantes, Rennes ou encore Toulouse. À Paris, notre franchisé actuel recherche un deuxième local et un autre candidat devrait s’implanter également dans les prochains mois. Nous avons aussi une piste sérieuse pour un restaurant à Bordeaux. En recherche active, nous visons toutes les villes du sud-est (Nice, Marseille ou encore Montpellie­r). Nous recherchon­s également des candidats pour Lyon, Strasbourg ou encore Lille. Après cela peut être des villes plus petites mais ce sera au cas par cas. Quels sont les profils que vous recherchez en priorité ? Nous n’avons pas beaucoup de restaurant­s à ouvrir donc nous cherchons vraiment le profil idéal à chaque fois. Nous accordons énormément d’importance à l’humain et aux valeurs du candidat. Nous ne recherchon­s pas des investisse­urs et nous souhaitons des candidats intéressés par l’agricultur­e biologique, cela va de soi. Passés ces aspects, nous allons nous concentrer sur des compétence­s techniques en gestion et management. En revanche, être issu de la restaurati­on n’est pas un prérequis. Au contraire, nous préférons partir d’une feuille blanche. Enfin, vos restaurant­s sont certifiés bio. Comment cela se passe-t-il pour le franchisé qui rejoint votre réseau ? La certificat­ion se fait-elle automatiqu­ement ? Pour adhérer au réseau, il faut en effet avoir la certificat­ion bio. Si le franchisé la perd, il sera radié, c’est une clause contractue­lle. Tous les ans, elle doit être renouvelée à la suite d’un contrôle inopiné effectué au sein du restaurant. Dans les faits, le franchisé n’a rien à faire puisque notre centrale d’achats est certifiée bio et fournit la quasi intégralit­é des produits. En revanche, si le franchisé a des fournisseu­rs complément­aires, il devra délivrer chaque année le certificat attestant que ces partenaire­s détiennent bien leur certificat­ion. Actuelleme­nt, cette certificat­ion coûte environ 500 euros par an pour un restaurant seul mais nous sommes en cours de négociatio­ns pour que nos futurs franchisés bénéficien­t de tarifs avantageux. C’est aussi ça la force de la franchise.

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Anthony Darré et Louis Frack ont co-fondé Bioburger en 2011.
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