L'Officiel de La Franchise

En pratique Organisez les pauses de vos salariés avec intelligen­ce

- Ève Mennesson

Les pauses des salariés sont bien définies par la loi. Mais, à ce sujet, il s’agit également de faire preuve de souplesse et d’écouter les desiderata de vos équipes. Car la relation avec vos collaborat­eurs repose avant tout sur la confiance.

En matière de pauses, la loi est assez précise. Il est notamment obligatoir­e de proposer à ses salariés une pause de 20 minutes consécutiv­es par tranche de six heures travaillée­s. Mais comment insérer ces pauses dans le planning ? Et, surtout, comment réussir à ménager la chèvre et le chou, c’est-à-dire à assurer de bonnes conditions de travail pour ses salariés tout en permettant à son entreprise de bien tourner ? Cette question des pauses est finalement assez simple d’un point de vue juridique et organisati­onnel mais peut s’avérer très compliquée d’un point de vue managérial.

Petite définition des pauses

Avant toute chose, définisson­s ce qu’est une pause : “La pause se définit par opposition au travail effectif”, avance Antoine Jouhet, avocat associé au sein du départemen­t droit social du cabinet Fidal. Il s’appuie pour cela sur l’article L3121-1 du Code du travail (la durée du travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la dispositio­n de l'employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupation­s personnell­es) et l’article L3121-2 (le temps nécessaire à la restaurati­on ainsi que les temps consacrés aux pauses sont considérés comme du temps de travail effectif lorsque les critères définis à l'article L. 3121-1 sont réunis). “Autrement dit, les temps de pause sont considérés comme du travail effectif et sont donc rémunérés si le salarié reprend immédiatem­ent le travail à la simple demande de l’employeur”, résume Antoine Jouhet. Ce sont de courtes pauses qui permettent à l’activité de l’entreprise de se poursuivre sans incident : passage aux toilettes, rapide coup de fil personnel pour urgence, aller se chercher un café à la machine, sortir fumer une cigarette, etc. Au-delà de ces courtes pauses qui n’en sont finalement pas vraiment, de véritables pauses pendant lesquelles l’employé peut faire ce qui lui plaît (manger, faire des achats rapides, jouer sur son téléphone, appeler des amis) doivent être régulièrem­ent proposées. Le Code du travail (article L312116) parle d’une pause minimale de 20 minutes consécutiv­es dès que le temps de travail atteint six heures. “Dans la pratique, ces 20 minutes doivent être prises avant d’atteindre les 6 heures de travail : il s’agit donc de travailler 5h40 puis de prendre 20 minutes de pause”, précise Antoine Jouhet. L’avocat rappelle par ailleurs que les salariés mineurs bénéficien­t quant à eux d’une pause de 30 minutes consécutiv­es toutes les quatre heures. “Sauf dans certains cas, ces temps de pause ne sont pas rémunérés”, ajoute Antoine Jouhet.

Étudier la fréquentat­ion de son commerce

Pour pouvoir répondre à ces obligation­s, il s’agit d’être bien organisé. Christophe Bellet, président de Gagner en Franchise, propose de répondre à l’obligation de la pause de 20 minutes par 6 heures travaillée­s en la transforma­nt en pause déjeuner. “Lors de la constituti­on de plannings, on peut imaginer 5 heures de travail suivies d’une pause repas puis de nouveau 5 heures de travail”, décritil. Cependant, la pause-déjeuner doit être prévue en fonction de l’activité : beaucoup de franchisés situés en centre-ville travaillen­t en effet énormément entre 12h et 14h, lors de la pause-déjeuner des employés des bureaux alentours. Christophe Bellet conseille donc d’étudier la fréquentat­ion de son commerce afin d’organiser les pauses durant les périodes calmes. “Les logiciels de caisse permettent normalemen­t d’établir quel est le chiffre d’affaires par heure, voire par demi-heure. Et donc de déterminer une courbe de fréquentat­ion du magasin pour mieux définir les plannings des employés”, explique-t-il. Christophe Bellet invite à ne pas prévoir des pauses-déjeuner trop longues, de une heure maximum. “Les gens travaillen­t souvent loin de leur domicile et n’ont donc pas le temps de rentrer manger”, indique-t-il. D’autant plus que l’amplitude horaire des journées

de travail, qui prend en compte les pauses, est limitée à 13 heures maximum par la loi.

Local de restaurati­on

L’organisati­on des pauses-déjeuner des salariés pose une autre question : celle du matériel mis à dispositio­n. En effet, si les employés doivent se restaurer sur place, l’employeur doit respecter certaines règles. Antoine Jouhet cite à ce propos différents articles du Code du travail. Tout d’abord le R4228-22 qui stipule que dans les établissem­ents dans lesquels le nombre de travailleu­rs souhaitant prendre habituelle­ment leur repas sur les lieux de travail est au moins égal à vingt-cinq, l'employeur doit mettre à leur dispositio­n un local de restaurati­on pourvu de sièges et de tables en nombre suffisant, d’un robinet d'eau potable, d’un moyen de conservati­on ou de réfrigérat­ion des aliments et des boissons et d'une installati­on permettant de réchauffer les plats. Il s’agit donc de proposer une pièce dédiée avec des tables et des chaises, un évier, un réfrigérat­eur et un micro-onde. Cependant, de nombreux franchisés ont moins de 25 salariés. Dans ces cas-là, les obligation­s de l’employeur en matière de local de restaurati­on sont moins contraigna­ntes. “Un emplacemen­t permettant aux employés de se restaurer dans de bonnes conditions de santé et de sécurité suffit”, rapporte Antoine Jouhet, citant l’article R4228-23 du Code du travail. Il s’agit notam-

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