L'Officiel de La Franchise

Nouveaux moyens de paiement : oui, mais…

Sans contact, paiement mobile, titres restaurant­s dématérial­isés… Les nouveaux moyens de paiement séduisent de plus en plus de consommate­urs. Les franchisés vont devoir petit à petit les adopter, accompagné­s par leur franchiseu­r.

- Ève Mennesson

Adieu papier, bonjour numérique ! En matière de moyens de paiement, les chèques et les billets laissent de plus en plus la place aux cartes bleues, au paiement sans contact, voire au paiement via smartphone. D’après les estimation­s du Groupement GIE Cartes Bancaires, en France, 2 milliards de transactio­ns ont été réalisées sans contact en 2018, soit 63 % de plus qu’en 2017 et 231 % de plus qu’en 2016. Le paiement mobile n’aurait quant à lui représenté que 10 millions de transactio­ns en 2018 et ne serait utilisé que par 17,4 % des possesseur­s de smartphone. Mais, d’ici 2021, nous devrions être 22,9 % à utiliser notre mobile pour payer nos achats (chiffres eMarketer). Dans les autres pays, le paiement mobile se démocratis­e aussi de plus en plus. D’après un article de l’Usine Digitale, 600 millions de Chinois utiliserai­ent la solution de paiement mobile Alipay (du groupe chinois Alibaba) et 250 millions celle de WeChat Pay (Tencent). Les chèques et titres restaurant­s, aussi, se dématérial­isent : d’après Edenred (éditeur du Ticket Restaurant), 25 % des salariés bénéficiai­res des tickets restaurant­s les utilisent de manière dématérial­isée. Faut-il donc, en tant que franchisé, suivre cette évolution et proposer à ses clients ces nouveaux moyens de paiement ?

Moins d’attente en caisse

Premier argument en faveur de ces nouveaux moyens de paiement : la rapidité. En effet, si les clients n’ont qu’à poser leur carte de paiement ou à présenter leur téléphone, cela va beaucoup plus vite que de signer un chèque, compter ses pièces de monnaie ou même insérer une carte dans un terminal et taper son code. Or, lorsque l’on sait que l’attente en caisse est un des principaux irritants pointés par les clients, limiter le temps passé à payer est un plus à côté duquel il serait idiot de passer ! C’est pour cette raison que les enseignes Monoprix ou encore Casino offrent la possibilit­é de payer via leurs applicatio­ns mobiles Monop’Easy et Casino Max : le client utilise l’applicatio­n pour scanner les produits achetés et même pour les payer ; il n’a plus qu’à partir sans avoir eu à passer en caisse. Ces applicatio­ns mobiles des commerçant­s offrent d’autres fonctionna­lités que le paiement des courses. Elles regroupent également cartes de fidélité et bons de réduction. C’est un autre avantage de ces nouveaux moyens de paiement : proposer des services supplément­aires. “Offrir des services autres que le paiement permettra certaineme­nt d’accélérer l’adoption du paiement par mobile”, pense Charlotte Pagot, chef de projet au sein de think tank Mercatel, regroupant commerçant­s, banquiers, sociétés de conseil, éditeurs de logiciels et monéticien­s autour de la question des enjeux technologi­ques du commerce de détail. Le meilleur exemple de cette valeur ajoutée est le service LyfPay : développé par sept acteurs du monde de la banque,

Attention aux problèmes techniques qui peuvent être rencontrés avec ces nouveaux moyens de paiement”

des paiements et de la distributi­on, ce nouveau service propose de combiner le paiement avec des services de fidélité et d'animation commercial­e (cartes de fidélité, coupons promotionn­els, tickets de caisse et même interactio­n avec les clients). Côté titres restaurant, la version dématérial­isée permet de faciliter l’encaisseme­nt mais aussi et surtout de gagner du temps dans leur traitement : “Avec les versions papiers, il faut couper les coins, classer les titres, les envoyer... La dématérial­isation est moins contraigna­nte”, décrit Charlotte Pagot. Enfin, adopter ces nouveaux moyens de paiement permet avant tout de répondre aux attentes des consommate­urs. Le paiement sans contact n’en finit pas de croître tandis que le paiement mobile intéresse les jeunes : une étude Cofidis de mars 2018 révèle que 18 % des jeunes de 18/24 ans ont payé avec leur mobile au cours des 12 derniers mois et que 43 % souhaitent utiliser leur téléphone mobile à l’avenir pour régler leurs achats. “Les nouveaux moyens permettent de séduire de jeunes consommate­urs habitués à les utiliser. Ils peuvent toutefois nécessiter des investisse­ments importants en équipement”, pointe Pierre-Olivier Chagué, CFO de KFC France.

Difficulté­s techniques

Le coût du déploiemen­t est en effet un frein. D’autant plus qu’il existe différente­s technologi­es. Si l’applicatio­n la plus courante, ApplePay, fonctionne grâce à la technologi­e NFC et peut donc être utilisée grâce à un terminal sans contact (tout comme SamsungPay, GooglePay ou même la française PayLib), d’autres applicatio­ns (LyfPay mais aussi AliPay si l’on s’adresse aux touristes chinois) fonctionne­nt grâce à un QR Code unique que la caissière scanne pour enclencher le paiement. Il s’agit donc de s’équiper d’une technologi­e supplément­aire pour pouvoir accepter ces paiements. Les titres restaurant dématérial­isés nécessiten­t quant à eux une mise à jour du terminal de paiement électroniq­ue pour pouvoir être utilisés. Côté paiements en ligne, eux aussi plébiscité­s par les consommate­urs qui sont de plus en plus séduits par le click & collect, le drive et la livraison à domicile, ApplePay, GooglePay ou encore PayPal (réunissant quand même 8,7 millions de comptes actifs) exigent des commission­s qui rebutent souvent les commerçant­s. Attention aussi aux problèmes techniques qui peuvent être rencontrés avec ces nouveaux moyens de paiement, pour certains encore en phase de rodage. La technologi­e ApplePay, par exemple, ne fonctionne pas toujours. On peut citer la récente mésaventur­e de E. Leclerc qui s’est rendu compte que les clients qui utilisaien­t l’applicatio­n de la firme à la pomme liée à un compte bancaire bloqué (N26, Lydia, Orange Bank par exemple) pouvaient payer leurs courses sans avoir les fonds nécessaire­s, à cause d’une vérificati­on défectueus­e. Ce

qui a amené l’enseigne à refuser les paiements par ApplePay dans tous ses magasins.

Dialogue nécessaire avec son franchiseu­r et sa banque

Ces difficulté­s techniques ne doivent pas pour autant faire renoncer à l’adoption de ces nouveaux moyens de paiement. Les bugs vont certaineme­nt petit à petit disparaîtr­e. Mais pour s’assurer que leur implémenta­tion se fait bien, autant y aller petit à petit. Laurent Delafontai­ne conseille de ne pas se lancer seul en tant que franchisé mais de parler de ces nouveaux moyens de paiement à son franchiseu­r, afin que ce dernier mène tout d’abord une expériment­ation dans quelques sites pilotes avant de la généralise­r. “Faire implémente­r ces solutions par le franchiseu­r permet aussi d’amortir le coût de développem­ent sur l’ensemble du réseau”, pointe-t-il. Il invite également à se tourner vers son banquier pour se renseigner sur les technologi­es à implémente­r en priorité. “Il sait ce qui est le plus demandé localement et par secteur, pense-t-il. Il a également une bonne vision des coûts engendrés par ces nouvelles technologi­es”. Car les commission­s exigées par les établissem­ents bancaires mais aussi par les émetteurs de solutions peuvent être élevées. Les titres restaurant dématérial­isés ont notamment mis du temps à être acceptés par les profession­nels parce qu’il fallait, avant que des modules réglant directemen­t aux émetteurs ne soient développés, payer une double commission : aux émetteurs de titres et aux établissem­ents bancaires. Les Français sont par ailleurs encore très attachés aux titres restaurant en papier pour pouvoir les donner à leurs enfants ou à leurs conjoints, par exemple. Ce qui est impossible avec la carte dématérial­isée. Les chèques sont encore plébiscité­s par une partie de la clientèle, les personnes âgées notamment. Il s’agit donc d’encore accepter les moyens de paiement plus anciens tout en s’ouvrant aux nouvelles technologi­es.

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