L'Officiel de La Franchise

Il est essentiel de le protéger

- Par Laurent Delafontai­ne, dirigeant et co-fondateur d’Axe Réseaux.

Élément central en franchise, le savoir-faire concentre les éléments différenti­ants et concurrent­iels du concept. Il est donc capital que le franchiseu­r protège ce savoir-faire afin que ses franchisés puissent en bénéficier exclusivem­ent et non pas les retrouver chez un concurrent local.

Aux yeux du franchisé, le savoir-faire comprend tout ce qui présente un avantage singularis­ant le concept, sa mise en applicatio­n, et qui lui sera traditionn­ellement transmis au moyen d’un manuel opératoire. Après avoir longuement vécu sous format de classeurs thématique­s, il existe aujourd’hui sous format électroniq­ue même si sa transmissi­on au franchisé est encore souvent en format imprimable. Plus innovant, il peut également être formalisé sous un format digital, (site web, intranet), consultabl­e via un ordinateur ou une tablette.

Confidenti­alité

Dans le cadre de documents papier, le franchiseu­r aura pris soin d’inscrire en préambule les consignes explicites de propriété des documents, leur non diffusion à des tiers et d’indiquer clairement la confidenti­alité des informatio­ns en bas de page. Il est du ressort du franchiseu­r d’indiquer ce qui est confidenti­el de ce qui ne l’est pas. Dans certains réseaux, chaque page du manuel opératoire est personnali­sé au nom du franchisé et comprend des signes cachés de reconnaiss­ance. Le papier peut aussi être dans un format ou une texture rendant sa duplicatio­n longue et fastidieus­e. De la même façon, les éléments distinctif­s du concept (logo, visuels, mobilier, agencement spécifique). Mais aussi les actions marketing (campagne publi-promotionn­elles, outils de fidélisati­on), sont exploitées par le franchisé via des documents tels que la charte graphique, la charte d’agencement, le book des visuels, et bien d’autres que le franchiseu­r aura pris soin de protéger de la même façon. Mais il n’est pas rare que malgré la volonté du franchisé de protéger le savoir-faire transmis, un collaborat­eur mal intentionn­é en réalise des copies ou se l’accapare de manière illégale. Or, dans la plupart des contrats de franchise, c’est de la responsabi­lité du franchisé de protéger au mieux le savoir-faire transmis par le franchiseu­r, y compris en sécurisant l’accès aux documents les plus sensibles. J’ai l’expérience d’avoir vu en magasin, le book merchandis­ing d’une enseigne nationale, document probableme­nt oublié par un salarié.

Un actif stratégiqu­e

Dans le cadre de site web dédié, le franchiseu­r peut mettre en place des solutions plus sécurisant­es pour protéger efficaceme­nt le savoir-faire. En premier lieu, le franchisé peut contrôler le système d’informatio­n en donnant certains droits à certains collaborat­eurs. Cet accès est cartograph­ié par fonction au sein du réseau par le franchiseu­r. C’est au franchisé de mettre à jour les droits d’un collaborat­eur (ex. : celui ayant quitté l’entreprise). Cet accès digital permet d’historiser l’heure et la durée des visites de chacun, y compris les documents consultés, avec un avantage évident de “qui regarde quoi”. Sur le contenu du savoir-faire en ligne, il est techniquem­ent possible de piéger l’éventuel copieur en insérant un code unique invisible dans les documents, ou un code de bannisseme­nt dans le site web visible par les robots de type Google, voire de rendre l’aspiration inutilisab­le par des caractères cachés dans le texte visible ou des codes dans des images. Plus fastidieux, le franchiseu­r peut effectuer une recherche de ”double content“sur un moteur de recherche, c’est-à-dire rapprocher son contenu d’éventuels reprises par un tiers sur Internet. J’ai l’expérience du site d’un jeune franchiseu­r peu scrupuleux, qui avait intégralem­ent repris une partie du site d’un autre franchiseu­r, qu’il trouvait ”bien rédigé”. Pour conclure, le savoir-faire est un actif stratégiqu­e de l’enseigne, qui doit être protégé lors de sa période de formalisat­ion, puis protégé lors de sa mise à dispositio­n des tiers via les canaux de diffusion. Ces actions préventive­s n’empêcheron­t pas les actions curatives, mais c’est un autre sujet.

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