L'Officiel de La Franchise

L’interview du mois

- Propos recueillis par Nicolas Monier.

Angelina : “Nous ne souhaitons pas galvauder la marque en dupliquant mécaniquem­ent nos enseignes”

Sous ses allures de belle endormie, la Maison Angelina bénéficie d’une marque forte, notamment à l’étranger. Peu communican­te sur ses lancements en franchise, le salon de thé à la française n’a pourtant pas chômé. Très active dans son déploiemen­t à l’internatio­nal, Angelina ne souhaite pas pour autant dupliquer son modèle à l’envi et prend le temps de choisir minutieuse­ment ses partenaire­s. Le point avec Isabelle de Bardies, directrice générale de l’enseigne Vous vous êtes lancés en franchise en 1983 et pourtant vous faites preuve d’une discrétion de violette à ce sujet. Pourquoi cela ?

Nous avons été rachetés par le groupe Bertrand en 2005. Ce dernier reste assez discret. Nous ne souhaitons donc parler qu’au moment opportun. C’est notre culture d’entreprise.

À l’internatio­nal, vos partenaire­s sont des master-franchisés. Comment faites-vous pour nouer ces partenaria­ts stratégiqu­es ?

Il se peut que nous passions par des apporteurs d’affaires en fonction des pays. Mais chaque cas est particulie­r. Nous apprenons surtout à bien connaître nos associés. Bien évidemment, ce partenaire doit avoir une forte valeur ajoutée dans le domaine de la restaurati­on. Nous sommes sur un concept haut de gamme. Le franchisé doit impérative­ment adopter l’esprit de cette maison vieille de presque 120 ans. Mais à chaque ouverture correspond un business model spécifique. Cela ne se duplique pas à foison. En tous les cas, ce n’est certaineme­nt pas notre intention car nous ne souhaitons pas galvauder la marque. Nous devons garantir une certaine homogénéit­é. Qui plus est, nous pouvons bénéficier des fonctions support du groupe Bertrand pour trouver les candidats les plus adaptés.

Votre déploiemen­t en franchise s’est accéléré depuis 2010. Quels pays avez-vous ciblé ?

Nous avons eu des opportunit­és de développem­ent au Moyen-Orient avec des ouvertures au Qatar (2014), au Koweït (2016), au Liban (2016), en Arabie-Saoudite (2017), aux Émirats arabes unis (2013) et à Bahreïn depuis 2018. En Asie, nous sommes présents à Singapour et en Chine. Fin 2019, nous avons en effet rouvert un établissem­ent à Changsha, la capitale de la province chinoise du Hunan. Nous sommes également implantés au Japon depuis 1983.

Votre développem­ent en Chine a été mis à l’arrêt. Est-ce à cause du coronaviru­s ?

Oui, c’est exact. Nos chantiers sont mis en suspens jusqu’à nouvel ordre (l’interview a été réalisée début février, ndlr.). Nous ne connaisson­s pas encore l’impact de cette épidémie sur l’économie mondiale mais il est clair que nos projets suivent la politique mise en place par le gouverneme­nt chinois sur ce sujet.

On a le sentiment que chacune de vos ouvertures se fait presque sur-mesure ?

C’est le cas. Nous devons prochainem­ent ouvrir, je l’espère à la fin du mois de mars, à New-York sur la Sixième avenue. Une famille française

a décidé de se lancer en investissa­nt dans la marque. Elle ne partira pas à l’aveugle et se fera aider par des partenaire­s locaux et des cadres de chez Angelina qui seront du voyage. Ici, en l’occurrence, le maître d’hôtel de notre établissem­ent versaillai­s partira OutreAtlan­tique pour accompagne­r cette ouverture. Nous ne souhaitons pas nous lancer de manière industriel­le. Surtout en France où nous n’avons pas d’obligation de développem­ent en franchise. Cependant, je serais peut-être en mesure d’annoncer officielle­ment une prochaine ouverture parisienne fruit d’un partenaria­t avec un important promoteur immobilier. Sur une surface avoisinant sans doute les 800 m2. C’est un beau projet qui nécessiter­a des investisse­ments financiers conséquent­s. À Toulouse, notre projet a été considérab­lement retardé par le mouvement des Gilets Jaunes, le centre-ville ayant été dégradé par les affronteme­nts avec les forces de l’ordre. Mais j’ai bon espoir que cela aboutisse.

Pourquoi opter pour la franchise au regard de ces modèles d’ouverture qui font figure d’horlogerie de précision ?

Nous n’avons pas les équipes en propre pour aller dans toutes les villes françaises. C’est pour cela que nous déléguons également notre savoir-faire avec parcimonie. Nous saisissons les opportunit­és au bon moment. Mais nous ne sommes pas pressés et nous ne courrons pas après ces ouvertures tête baissée.

Vous êtes assez peu diserte sur les conditions financière­s nécessaire­s pour vous rejoindre ou encore sur vos revenus. Est-ce aussi la politique du Groupe Bertrand ?

Le droit d’entrée se fait au cas par cas. En revanche, s’agissant d’un contrat de franchise, nous sommes à 6 % de redevance sur le chiffre d’affaires. Dans le cas de la prochaine ouverture parisienne que j’espère imminente, le droit d’entrée n’est paradoxale­ment, à mes yeux, pas si élevé car la zone d’exclusivit­é est très petite. À l’internatio­nal, le coût des travaux nécessaire­s peut osciller entre 2 500 et 4 500 euros le m2. Mais il est évident que chaque ouverture nécessite de gros apports financiers. À titre d’exemple, aux Galeries Lafayette Haussmann, c’est le groupe éponyme qui gère la franchise. À Lyon, c’est la Compagnie de Phalsbourg, spécialisé­e dans l’immobilier. De même, au musée du Louvre, la société Musiam (Ducasse) gère l'établissem­ent. Je vous avoue que nous recevons une centaine de candidatur­es par an. Mais nous n’avons pas vocation à dire oui à tout le monde. Pour informatio­n, la marque sous enseigne réalise plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires.

 ??  ?? Isabelle de Bardies, directrice générale d’Angelina, revient sur les perspectiv­es de développem­ent de l’enseigne. 26
Isabelle de Bardies, directrice générale d’Angelina, revient sur les perspectiv­es de développem­ent de l’enseigne. 26
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France