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Ville touristique et historiquement commerçante, Strasbourg attire les candidats. Mais s’y implanter en tant que franchisé ne va pas de soi, surtout en centre-ville.
Strasbourg : une ville accessible au compte-goutte
Sixième destination touristique en France, Strasbourg accueille chaque année 2 millions de personnes, venues de toute l’Europe pour visiter son célèbre marché de Noël, sa cathédrale, ou encore sa vieille ville, dont une grande partie est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Outre cette attractivité touristique, la ville bénéficie d’une situation géographique particulière : “à mi-chemin de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Belgique, elle est le siège de plusieurs institutions européennes, et profite d’un réseau ferroviaire très développé. Ainsi, il est par exemple possible de rejoindre Strasbourg depuis Paris, Stuttgart ou Francfort en 1h30”, constate Valérie Guillevic, directrice d’Amplitude Réso. Strasbourg affiche de nombreux avantages. Un taux de chômage très faible (6,33 %), une population à fort pouvoir d’achat et diplômée, ainsi qu’un taux de vacance commerciale faible (5,4 %, contre 12 % dans les grandes villes équivalentes). La capitale de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine apparaît ainsi comme très intéressante pour de potentiels franchisés. “En outre, c’est une cité traditionnellement commerçante, qui reste l’une des 3 meilleures grandes villes de France pour le dynamisme commercial (hors Paris) du palmarès Procos depuis 2016. Il y a une vraie sécurité en matière de positionnement commercial : les gens consomment à Strasbourg et les commerces qui ont du mal à s’exprimer retrouvent facilement repreneurs”, note Valérie Guillevic. En outre, Strasbourg attire nombre de cadres et de jeunes : elle figure ainsi au top 3 des meilleures villes françaises pour la qualité de vie (Harris Interactive pour Guy Hoquet, 2017), et est célébrée comme celle offrant le meilleur cadre pour la vie étudiante ( L’Étudiant, 2018). “Avec Mulhouse ou Aix-enProvence, c’est une ville modèle, qui se porte très bien et qui reste très puissante sur le plan commercial”, confirme Bruno de Cambourg, président d’inSiti, une plate-forme web qui met en relation les enseignes commerciales et les territoires.
Au centre-ville, des enseignes “triées sur le volet”
Mais pour autant créer sa franchise au coeur même de la capitale européenne ne va pas de soi. “On manque clairement de locaux disponibles dans le centre-ville, avec une moyenne de 913 euros du mètre carré et peu de projets d’aménagement ou de création de nouvelles surfaces”, constate Bruno de Cambourg. De son côté, Amplitude Réso décrit un centre historique préservé où “il faut montrer patte blanche pour s’installer, car les instances politiques en place sont opposées à l’arrivée d’enseignes commerciales trop typées, ne correspondant pas à l’âme du commerce strasbourgeois”. Ainsi, le remplacement en 2018 du Rocher du Sapin, une brasserie populaire à l’ancienne, par l’enseigne de restauration rapide dédiée au poulet frit KFC, avait donné lieu à une importante passe d’armes politique. Fin 2019, la Ville a finalement mis en place un “périmètre de sauvegarde” du commerce et de l’artisanat de proximité : “la collectivité dispose d’un droit de préemption lors de la cession des baux et des fonds de commerce (tandis
“Il y a une vraie sécurité en matière de positionnement commercial”
que la cession des murs demeure une compétence de l’Eurométropole). Un franchisé voulant s’installer dans le centre-ville devra donc respecter cette notion de proximité et de lien commercial que souhaite préserver la Ville”, indique Valérie Guillevic. Aux candidats à la franchise, donc, de choisir un secteur économique et une tête de réseau capable de s’adapter à cette exigence. “Il y a de la place pour les commerces de proximité, de services à la personne, d’activités sportives ou de loisirs, mais très peu pour l’alimentation ou le retail, car le commerce traditionnel strasbourgeois y répond déjà”, poursuit la directrice d’Amplitude Réso. Selon Emmanuel Jury, directeur associé-pôle Commerce de Progressium, dans ces deux derniers secteurs d’activité, “mieux vaut être un multi ou un pluri-franchisé, avec des épaules solides.” En règle générale, il observe que le centre-ville de Strasbourg “est peu ouvert aux franchisés, mais davantage aux points de vente en propre et aux succursales”. Si le centre-ville semble donc davantage ouvert aux enseignes de taille intermédiaire, les franchisés appartenant à de gros réseaux peuvent tout de même tenter leur chance : “la ville n’est pas opposée à la venue de locomotives ( 2), notamment dans l’habillement ( 3), mais elles resteront triées sur le volet et accéderont au centre-ville au compte-goutte”, explique Valérie Guillevic.
Quartiers périphériques et agglomération
Certains quartiers “neufs”, comme Neudorf (le plus peuplé de la ville) et le quartier universitaire de l’Esplanade, offrent en revanche de réelles opportunités pour des franchisés désirant par exemple ouvrir une mini-crèches, un service d’accompagnement des jeunes ménages dans leur vie quotidienne, un club de sport, ou encore une enseigne de bienêtre/esthétique. “Mais même dans ces quartiers plus accessibles, il n’est pas possible d’implanter n’importe quel concept, prévient Bruno de Cambourg. Il faut y travailler sur des enseignes capables de proposer un business de proximité, éviter la vague du food/cuisine à thème, et privilégier notamment tout ce qui concerne l’enfant (équipement, service, loisir). Il y a ainsi un créneau à prendre pour des réseaux comme par exemple La Compagnie des Petits, le Bonhomme de Bois ou Jouetland”. À noter que le centre commercial Rivetoile, situé dans le quartier de Neudorf, à proximité de la place de l’Étoile, verra ses travaux de rénovation achevés fin 2020, et pourrait représenter une belle opportunité pour des candidats à la franchise. Il compte déjà dans ses rangs un supermarché E. Leclerc, ainsi que des enseignes comme Mango, Au Bureau, Hema, La Grande Récré et Séphora, mais une douzaine de boutiques pourront être ouvertes d’ici l’automne prochain. Parmi les secteurs d’activité potentiels : l’alimentation et restauration, la culture et les loisirs, l’équipement de la personne, la décoration, la beauté-santé, et les services. “Au bord du Rhin, ce pôle commercial est mature et a le potentiel pour drainer une clientèle allemande venue consommer en France et habitant à moins de 5 kilomètres de la frontière. Sa zone de chalandise est actuellement de 853 050 habitants”, observe Valérie Guillevic. Mais les candidats à la franchise trouveront surtout de grandes opportunités hors de Strasbourg, au sein de sa métropole. Au nord de l’agglomération strasbourgeoise, les différents experts interrogés citent unanimement les petites villes de Vendenheim (5 664 habitants), où un “shopping promenade” (à mi-chemin entre centre commercial
“Il n’est pas possible d’implanter n’importe quel concept”
fermé et retail park ouvert) sortira de terre en septembre 2020, et de Mundolsheim (4 731 habitants), où se trouve un pôle commercial Cora de plus de 80 boutiques, mais où les bars-restaurants sont encore peu nombreux. “Ces zones sont bien situées, sur la route de Haguenau et de l’Allemagne, et touchent une population CSP +, à fort pouvoir d’achat. En outre, l’immobilier y est largement plus accessible, pour des enseignes d’équipement de la maison ou de la personne, de food et de retail”, précise Emmanuel Jury. La ville moyenne de Schiltigheim, 31 894 habitants, bénéficie de son côté d’un programme immobilier dans l’habitat et le commerce de bureaux, et réunit une population aisée de jeunes actifs et de cadres. “À dix minutes de Strasbourg, de nombreux commerces s’y développent déjà, et le potentiel est là, pour à peu près tous les secteurs d’activité”, indique Valérie Guillevic. “Grâce aux transports en commun, en particulier un bon réseau de tramways, la périphérie reste proche, avec un circuit marchand qui entre et sort en coeur de ville, ce qui permet de développer tout ce qui ne peut être implanté dans Strasbourg intramuros”, note de son côté Bruno de Cambourg.
Enfin, au sud de l’Eurométropole, les villes de Geispolsheim (7 460 habitants), IllkirchGraffenstaden (26 605 habitants) réunissent une centaine de boutiques dans deux centres commerciaux (Auchan et E. Leclerc). Selon Emmanuel Jury, des opportunités se présentent notamment aux franchisés dans les domaines de l’équipement de la personne et de la maison.
(1) Ce périmètre couvre la Grande Île, ainsi que les quartiers de la Gare, de la Petite France, de la Krutenau et des Halles. (2) Des enseignes comme la Fnac, H&M, Zara et Nespresso sont déjà présentes dans le centre-ville de Strasbourg. (3) Primark ouvrira ses portes au printemps prochain, dans la zone du quai Kellermann et de la rue du Noyer à Strasbourg, sur 7000 m² de surface de vente.