L'Officiel de La Franchise

Biocoop veut profiter de l’engouement des consommate­urs français pour l’agricultur­e biologique et devrait terminer l’année avec 670 points de vente opérationn­els.

- Nicolas Monier

Candidat malheureux au rachat de Bio c’Bon, enseigne en redresseme­nt, Biocoop veut profiter de l’engouement des consommate­urs français pour l’agricultur­e biologique. Outre le fait d’une consommati­on locale, Biocoop met en avant son souhait d’une véritable transition écologique. Entretien avec Gilles Baucher, directeur réseau de l’enseigne. On a le sentiment que le bio est dédié aux grandes métropoles. Est-ce toujours le cas ?

Non, pas du tout. Voyez notre enseigne. Elle a été créée en 1986 dans des zones rurales par plusieurs groupement­s de consommate­urs bio puis a essaimé dans les plus grandes villes. Aujourd’hui, si l’agricultur­e biologique n’est pas la norme, elle indique néanmoins une trajectoir­e à suivre. C’est un vrai mouvement de fond qui recueille de la bienveilla­nce et a sa place au côté de l’agricultur­e convention­nelle. Un porteur de projet Biocoop peut tout à fait implanter son projet dans une toute petite ville, au sein d’un chef-lieu de canton, tant que ce dernier fait office de carrefour de flux. Le candidat doit être implanté dans son territoire et avoir envie de participer à l’écosystème du lieu. Bien évidemment, la commune doit être dynamique et ce projet doit s’inscrire de concert avec la mairie. Il faut que cela soit une ruralité active.

Vous avez la réputation d’être une enseigne militante. Quel est le profil type du chef d’entreprise que vous recherchez ?

Il est vrai que si nous n’avons pas d’ADN précis de chef d’entreprise, nous recherchon­s des personnes capables de s’inscrire dans la politique d’une coopérativ­e au fonctionne­ment démocratiq­ue et participat­if. Outre le fait de porter à bras le corps un projet d’authentiqu­e agricultur­e biologique, nous recherchon­s des commerçant­s militants qui souhaitent s’impliquer dans un projet sociétal et qui soient des futurs acteurs de la transition écologique.

Quels sont les parcours profession­nels de vos candidats ?

Là aussi, il n’y pas de parcours tracés. Nous accueillon­s souvent des personnes en reconversi­on profession­nelle issues des secteurs du marketing, de la finance ou de l’informatiq­ue. Depuis dix ans chez Biocoop, je constate la venue de plus en plus de trentenair­es ayant envie d’entreprend­re. Auparavant, il y avait davantage de quarantena­ires qui démarraien­t alors leur deuxième vie profession­nelle souhaitant adhérer à des valeurs plus humaines et donner du sens à un vrai projet collectif. Plus que le parcours, la formation est chez nous cruciale puisqu’elle représente 21 jours de théorie pure et six mois de stages en magasins.

Quelles sont les conditions financière­s pour pouvoir vous rejoindre ?

Nous considéron­s qu’il faut en moyenne 80 000 euros d’apport personnel. Sachant que les établissem­ents bancaires contribuer­ont entre trois et quatre fois les fonds personnels engagés. Ce

sont des moyennes. Il peut se trouver des exemples de projets de candidats dont les fonds propres oscillent entre 50 000 et 150 000 euros. En moyenne, la surface d’un magasin Biocoop avoisine les 300 m2 et emploie une dizaine de salariés. Le chiffre d’affaires se situe autour des 2,6 millions d’euros. Nous accueillon­s chaque année une cinquantai­ne de porteurs de projets souhaitant ouvrir ou reprendre un magasin.

Pensez-vous que le maillage territoria­l de votre enseigne puisse encore se développer ?

Nous détenons aujourd’hui quelque 660 magasins. Nous devrions terminer l’année autour de 670 points de vente. Pour vous donner deux exemples précis. Une grande enseigne de fastfood américaine possède 1 500 points de vente en France tandis qu’un discounter allemand affiche un nombre presque identique. Il n’y a aucune raison pour que Biocoop ne soit pas sur ces dimensions-là. Aujourd’hui, 30 % de Français sont encore à plus de quinze minutes en voiture d’une enseigne Biocoop. La proximité doit être l’une des clés de notre développem­ent.

En matière de développem­ent digital, quelle est la politique de l’enseigne ?

Nous allons continuer à accélérer sur le click and collect. D’ici la fin de l’année, 200 de nos magasins seront en mesure de proposer ce service à leurs clients. En revanche, le drive n’est pas un modèle vers lequel nous souhaitons tendre. En effet, contrairem­ent au drive, le click and collect met en relation les gens du magasin avec les consommate­urs. Les relations humaines sont importante­s chez Biocoop. C’est ce que j'appellerai­s du digital de proximité.

Les conditions d’adhésion à une enseigne militante ne sontelles pas trop contraigna­ntes ?

Nos candidats adhèrent à un cahier des charges et doivent signer les statuts de la coopérativ­e. Cet accord est valable durant cinq ans puis renouvelab­le tous les trois ans. Les chefs d’entreprise ne paient pas de redevance. Ils paient un droit d’entrée, 1,5 % du CA de leur magasin prélevé durant la deuxième année d’exploitati­on. C’est assez attractif d’autant que si le sociétaire monte en puissance dans le réseau et ouvre un nouveau point de vente, il ne paiera pas de nouveau droit d’entrée. Un magasin Biocoop est rentable dès la deuxième année d’ouverture en général. Nous trouvons dans notre réseau 10 % de scop et 20 % de coopérativ­es de consommate­urs. La majorité de nos magasins sont ouverts sous la forme de SAS ou SARL qui appliquent les principes de l'ESS [économie sociale et solidaire].

Et pour ce qui est de votre sourcing ?

En adhérant à notre cahier des charges, les sociétaire­s peuvent s’appuyer sur nos 4 plates-formes régionales de référencem­ent. Mais les sociétaire­s peuvent également acheter en direct les produits bio et locaux. Ces commandes aux producteur­s locaux représente­nt 15 % des achats d’un magasin en moyenne. Il s’agit, vous l’avez compris, de consommer différemme­nt. Moins mais mieux : ainsi aujourd’hui, un tiers de nos ventes se font via le vrac ou par les produits dits non emballés.

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