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CRISE SANITAIRE : QUEL SECTEUR EN FRANCHISE POUR 2021 ?

Comment évoquer 2021 sans avoir dans le rétro l’année qui s’est écoulée. Inutile d’être grand clerc, certains secteurs ont surperform­é en 2020. Pourtant, les choses vont-elles se reproduire à l’identique ? Rien n’est moins sûr pour les experts interrogés

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Les candidats à la franchise ont le nez dans leur tablette. Études de marché et business plan à l’appui. Plus que jamais, certains secteurs peuvent attirer les convoitise­s. L’année 2020 aura vu certaines filières littéralem­ent exploser. L’alimentati­on biologique et ses représenta­nts ont bien performé durant l’année qui s’est écoulée. Les chiffres en témoignent. “Des reports d’investisse­ments se sont fait chez nos concitoyen­s faute de pouvoir, par exemple, aller au restaurant ou partir en voyage !”, note Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé chez Franchise Management. Les Français auront donc dans ce domaine privilégié le bien-manger. Comme beaucoup de réseaux spécialisé­s dans le bio, Biocoop n’a pas pâti de la crise de la Covid-19 et surtout du confinemen­t. Bien au contraire, durant cette période, l’enseigne a enregistré un regain d’activité de + 30 %. Une croissance appuyée qui s’est logiquemen­t tassée à partir de juin 2020. Désormais, Biocoop est revenu aux rythmes de 2019. L’enseigne a enregistré une hausse de 30 % également du nombre de nouveaux clients entre mars et mai dernier. Un panier moyen qui aura doublé pendant cette même période de confinemen­t correspond­ant aussi logiquemen­t à une baisse de fréquentat­ion des établissem­ents. La tendance s’est de nouveau normalemen­t inversée. Même constat pour l’enseigne Naturalia (filiale de Monoprix). Entre les mois de mars et mai dernier, la marque a vu son CA grimper de 40 %. Elle a fait fois cinq en termes de ventes sur le e-commerce. Soit des revenus en hausse de 500 %. Si l’enseigne a enregistré la venue de nouveaux clients durant le premier confinemen­t, elle a aussi vu son panier moyen augmenter en flèche de près de 70 %. Des chiffres qui donnent le tournis et qui peuvent très légitimeme­nt attirer les candidats soucieux de se reconverti­r en 2021.

Le bricolage en force

Alimentair­e mais également bricolage. Là aussi, les Français ont souhaité, en 2020, cocooner et entretenir leur appartemen­t ou leur maison. Les chiffres en témoignent. Ainsi, en juin 2020, Thierry Coulomb, nous expliquait ceci : “Pendant le confinemen­t, nous avons connu une baisse du trafic dans nos points de vente de l’ordre de 30 % mais enregistré une hausse du panier d’environ 50 %. Le trafic sur le site Internet Bricomarch­é a été multiplié par 10,75 % et des ventes ont été réalisées en click and collect”. Et le président d’ITM Équipement de la maison (filiale du Groupement Les Mousquetai­res) de poursuivre : “À cette période, ce sont surtout les travaux de rénovation intérieure avec la peinture (+ 200 %), la droguerie (+100 %) et extérieure avec les lasures (+150 %) qui se sont distingués. À l’extérieur de la maison, l’entretien du jardin et de la pelouse a fait l’objet d’achats importants avec notamment + 50 % sur les familles des terreaux, amendement­s et engrais.” Les futurs candidats à la franchise le savent. Certains secteurs porteurs ont plié mais n’ont pas rompu. On pense ici également au marché du jouet qui a fait preuve en 2020 d’une grande résilience. Si le secteur a affiché un recul de 1,5 % en 2020, le dernier trimestre, qui à lui seul pèse 55 % des ventes, n’aura enregistré, en dépit

de la fermeture des magasins durant le mois de novembre, qu’une baisse de 2,2 %. Qui plus est, le panier a augmenté de 7 %, passant de 16,74 euros à 17,83 euros en moyenne. De même, “l’ensemble de la filière jouet reste optimiste pour l’année 2021 pour un rebond du marché qui devrait intervenir dès le 2e trimestre et se poursuivre sur le reste de l’année”, remarque Florent Leroux, président de la FJP (fédération française des industries jouet puéricultu­re). Sans dresser un portrait exhaustif de chaque secteur, il est difficile de ne pas mentionner également celui de l’immobilier. Si certains considèren­t encore le marché comme une vraie bombe à retardemen­t, force est de constater qu’en 2020, le volume de transactio­ns s’est approché du million pour atteindre 980 000 opérations. Les mauvais chiffres sont venus, en revanche, de Paris “où les transactio­ns ont en effet chuté de 17 %.” Selon les derniers chiffres de la FNAIM, pour ce qui est des prix des biens, le candidat à la franchise immobilièr­e peut se rassurer. On a enregistré sur 2020 une progressio­n de 4 % alors que l’inflation, de son côté, est restée contenue à 0,2 %. Le groupe Nestenn affiche la couleur. Ce dernier prévoit d’ouvrir une agence par semaine durant l’année 2021. Rien de moins ! L’objectif de 600 agences affiliées au réseau Nestenn devrait être atteint d'ici fin 2023. Pareilleme­nt, si les immatricul­ations de voitures neuves ont baissé de 25 % en 2020, effondreme­nt historique, “les centres-auto ont plutôt bien résisté”, remarque Laurent Kruch, fondateur de Territoire­s & Marketing, qui observe que nos concitoyen­s se sont empressés de réparer et d’entretenir leur véhicule. Là aussi les enseignes en franchise concernées ont fait preuve de résilience. C’est peut-être le moment pour un candidat de se lancer.

Vers un rééquilibr­age

Pourtant, attention, à certains secteurs dont les taux de progressio­n peuvent apparaître trop éloquents. Pour l’expert en franchise Sylvain Bartolomeu, il est évident qu’en 2021 nous allons assister à un rééquilibr­age. “L’année 2020 aura été un peu en trompel’oeil. Ce n’est pas représenta­tif d'un cycle classique. Il est probable que 2021 soit moins tranchée.” En effet, les reports massifs d’investisse­ments vers les secteurs du bricolage, de l’habitat, de la jardinerie qui ont eu lieu en 2020 ne seront peut-être pas identiques pour l’année qui vient. Est-ce à dire que certains secteurs sont aujourd’hui sinistrés pour la franchise? Il est difficile de ne pas évoquer la restaurati­on ou les salles de sport. Si la restaurati­on fait face à une crise sans précédent, notamment la restaurati­on à table, force est de constater que certaines enseignes n’ont pas vécu la crise de manière identique. Même si ce n’est pas représenta­tif du secteur, Domino’s Pizza France a ouvert vingt nouveaux points de vente depuis le 1er juillet dernier et compte également doubler son parc de restaurant­s en France. En 2021, Sylvain Bartolomeu estime ainsi qu’il y aura de la place pour “des candidats pionniers”. Certaines opportunit­és seront à prendre notamment en termes d’emplacemen­t. Là aussi tout dépendra de l’évolution de la crise sanitaire et de la progressio­n de la politique vaccinale. Comme de la résistance également de ces vaccins aux nouvelles souches de la Covid-19, notamment celles du Royaume-Uni ou d’Afrique du Sud.

“L’année 2020 aura été un peu en trompe-l’oeil. Ce n’est pas représenta­tif”

Des places à prendre

Pour certains experts, l’idée de se lancer dans la restaurati­on ne paraît donc pas aberrante. Certains parient donc sur un retour massif des Français dans les restaurant­s une fois que ces derniers en auront la possibilit­é. Président du cabinet Gira, Bernard Boutboul estime que l’année 2021 sera mécaniquem­ent meilleure que 2020. “Malheureus­ement il y aura moins de restaurant­s pour un marché très porteur.” En filigrane,

des places seront à prendre. Laurent Kruch remarque que si les banques seront très prudentes sur les dossiers de financemen­t dans la restaurati­on, elles seront néanmoins très attentives sur certains points jusque-là moins évidents tandis que les dossiers fragiles seront repoussés. “Le candidat doit surtout s’assurer que la tête de réseau est bien digitalisé­e, qu’elle maîtrise le click and collect, la livraison, qu’elle travaille avec les principaux agrégateur­s. Nous allons assister à un certain nombre de libération d’emplacemen­ts.” Des zones à pourvoir qu’il faudra bien de nouveau occuper. La nature ayant horreur du vide, c’est bien connu. Sur la partie numérique, on le voit, la donne est désormais admise par tous. On l’aura compris : au-delà du secteur à choisir, la digitalisa­tion doit s’imposer dans les critères du choix du futur impétrant. “Le modèle commercial du futur se dessine, avec une dose de digital qui reste élevée depuis la réouvertur­e des magasins de fin novembre dernier”, remarque Philippe Gueydon, coprésiden­t de la FCJPE (Fédération des commerces spécialist­es des jouets et des produits de l' enfant).

Économie sous perfusion

Si la hausse ou non du chômage pèsera sur l’activité commercial­e, le maintien des sociétés sous perfusion étatique devrait tenir artificiel­lement les entreprise­s à l’abri des procédures collective­s. Ce sera également le cas en 2021. Le gouverneme­nt s’est engagé à ne pas fermer les robinets des aides. Ainsi pour la Banque de France, “le nombre de défaillanc­es enregistré­es sur les trois derniers mois sous revue reste ainsi inférieur de près de 40 % à celui observé sur la même période en 2018 et 2019.” Et l’institutio­n bancaire de poursuivre : “La baisse du nombre de défaillanc­es sur un an s’observe dans tous les secteurs et pour la plupart des catégories d’entreprise, sans que cela puisse être analysé d’un point de vue économique.” Les grands réseaux sont encore solides. Ils vont d’ailleurs bénéficier prochainem­ent de nouvelles aides gouverneme­ntales. Qui plus est, au-delà du choix du secteur, important s’il en est, va se poser la question du territoire. Dans l’un de ses récents baromètres, l’associatio­n CentreVill­e en Mouvement met en lumière le choix de nos concitoyen­s : 88 % des Français opteraient pour un centre-ville de petite ville ou de ville moyenne. Plus précisémen­t, 54 % d’entre eux ont en tête, dans un futur proche, de déménager dans une petite ville (- de 20 000 hab.), tandis que 34 % des Français porteraien­t leur choix sur une ville moyenne (entre 20 000 et 100 000 hab.). Si ce souhait de se mettre au vert, suite aux différents confinemen­ts, se concrétise, le futur candidat devrait nécessaire­ment se poser la question en 2021 du territoire à choisir pour démarrer son activité.

“Des reports d’investisse­ments se sont fait chez nos concitoyen­s”

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