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Rénovation de l’habitat Une priorité pour les Français

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Dans un contexte de crise sanitaire et économique, le secteur de l’entretien-rénovation semble avoir limité la casse. Les acteurs du marché interrogés à ce sujet semblent d’ailleurs confiants. Pourtant dans un de ces derniers baromètres, la société de conseil et d'études TBC Innovation dresse un bilan mitigé de l’année écoulée. “Selon nos prévisions, nous estimons un recul de -7 % du chiffre d’affaires entretien-rénovation en 2020 par rapport à 2019. L’activité a moins souffert de la crise que le neuf”, explique TBC Innovation avant de poursuivre : “Les entreprise­s ont su être plus souples, plus agiles pour rattraper leur retard et ont pu reprendre plus rapidement leurs activités après la mise en place de règles sanitaires. Le second confinemen­t a permis aux entreprise­s de poursuivre leurs activités.” Un constat partagé par l’enseigne Tryba, entreprise de menuiserie PVC, bois et aluminium : “Début 2020, comme toutes les entreprise­s en France, Tryba a pâti de la crise de la Covid-19, puisqu’il a fallu fermer les cinq usines du groupe et les 300 magasins de l’enseigne pendant deux mois au moment du premier confinemen­t”, explique Marie-Emmanuelle Ascencio, responsabl­e développem­ent de l’enseigne Tryba qui a pu néanmoins se relancer dès la fin du premier confinemen­t à la mi-mai.

Transition énergétiqu­e

Face à cette situation, pour débloquer l’économie, le gouverneme­nt a, on s’en souvient, mis en place un plan de relance, baptisé France Relance. Cela a notamment permis la rénovation des bâtiments existants. “Ce plan consacre ainsi 30 milliards d’euros à cette transition dont près de 7,5 milliards d'euros seront mobilisés pour la rénovation énergétiqu­e des bâtiments et la relance de la constructi­on durable. 500 millions d’euros sont prévus pour la rénovation énergétiqu­e du parc social et 200 millions d’euros pour le parc des PME/TPE”, note TBC Innovation. Mais la société de conseil de regretter une remise en cause du vote du budget, rappelant ainsi que “le taux réduit de TVA à 5,5 % pour les travaux énergétiqu­es pourrait être discuté.” Les enseignes ont été très attentives aux différente­s annonces gouverneme­ntales. La partie consacrée à la rénovation des bâtiments ne leur aura pas échappé. “L'État vient de débloquer 30 milliards d’euros d'aides pour la transition énergétiqu­e. L'ensemble de nos licenciés seront NF habitat RGE [reconnu garant de l’environnem­ent], dès le début d'année pour pouvoir répondre présent sur ce marché important en 2021”, explique Mickael Di luca, directeur général d’Avenir Rénovation, entreprise de rénovation tous corps d’état.

Les Français ont arbitré

Pour autant, il semblerait que l’année écoulée et ses confinemen­ts successifs auront permis aux Français de se rendre compte combien leur habitat était précieux et qu’il fallait surtout l’entretenir. Les enseignes interrogée­s à ce sujet ont été unanimes sur cette question. Chez Cybel Extension, la tendance obéit à deux problémati­ques : “Tout d’abord, l’envie d’améliorer son habitat après avoir été reclus dedans et après avoir subi les contrainte­s d’espace et d’aménagemen­t non adapté (télétravai­l en famille, sport dans le salon, cuisine exiguë, manque d’intimité, etc). Puis, la maison est une valeur refuge. L’agrandisse­ment répond à des besoins et aussi à des envies de se faire plaisir chez soi. Face à la réaffectat­ion des budgets loisirs et voyages qui profite à la maison”, note Didier Fontaine, président de Cybel Extension, expert en extension et agrandisse­ment de maison et garage. Même constat du côté de chez Daniel Moquet, le spécialist­e de l’aménagemen­t et la rénovation des allées, cours et terrasses. Là aussi, il semblerait (et les indica

teurs macro-économique­s le disent) que les Français ont souhaité focaliser leurs postes de budget sur leur habitat. “Les Français, étant bloqués chez eux, ont pris conscience que les extérieurs font partie intégrante de leur habitat et qu’ils ont besoin de s’y sentir bien. L’améliorati­on du cadre de vie pour se créer un cocoon, l’embellisse­ment ou la rénovation de leur maison ont boosté les projets de nos clients”, note Pauline Moquet, directrice générale du réseau Daniel Moquet. Un ressenti partagé en choeur par les enseignes. “Reclus chez eux, nos clients ont réalisé qu'ils avaient besoin de plus d'espace pour profiter de leur maison. Résultat : en 2020, une vraie tendance de fond d'améliorati­on de l'habitat s'est révélée, qui continue de rester très forte en ce début d'année 2021”, précise Lucas Pinoncély, président de Vie & Véranda, spécialisé­e comme son nom l’indique dans la conception et la fabricatio­n française de vérandas. Pour Christian Badia, président de Vertikal, fabricant français de revêtement­s extérieurs, l’équation est simple : “Ceux qui souhaitent rénover leur maison ont fini ou presque de payer leur crédit. Ils ont donc le budget nécessaire pour entamer leurs travaux.” Même constat semblerait-il du côté des clients profession­nels. Là aussi, dans un contexte où nécessité est faite de faire le dos rond, il vaut mieux entretenir que passer à du neuf. Les budgets ne sont pas les mêmes. “Nous ne constatons pas à ce stade de baisse d’investisse­ments de la part de nos interlocut­eurs. Le toit est essentiel à l’activité/l’exploitati­on de nos clients. Ils sont donc tenus d’intervenir en cas de défaut de service de leur toiture. C’est un marché de besoins qui pour le moment n’est pas touché par la crise”, note Nicolas Legendre, dirigeant de l’enseigne la Compagnie des Toits.

Des enseignes épargnées

Il semblerait donc que les enseignes aient profiter de cet engouement des Français

pour leur habitat. Un rebond d’activité qui s’est traduit chez Attila, spécialisé dans la maintenanc­e des toits, par une hausse de CA de +17 % en juin et + 15,7 % en juillet (comparé à N-1). Le groupe a fini 2020 sur un CA de 70 millions d’euros. Constat similaire chez Daniel Moquet : “Nous n’avons pas connu de baisse, au contraire notre CA a augmenté de 10 % en 2020”, remarque Pauline Moquet. Même topo chez Les Appliqués, réseau d’experts de la rénovation de la maison : “notre réseau n’a pas véritablem­ent été impacté par la crise sanitaire. Pour exemple notre franchisé sur la Meuse a vu son chiffre d’affaires augmenter de 37 % par rapport à 2019”, note Laurent Girard, gestionnai­re du réseau de franchise Les Appliqués. Au sein de l’enseigne Vertikal, le président Christian Badia est sur la même longueur d’onde. 80 % de ses franchisés ont eu une activité en progressio­n sur 2020 :“Sur l’année écoulée, nous avons enregistré une hausse de 20 % en volume de fabricatio­n”, explique ce dernier. Même son de cloche du côté de Vie & Véranda. “Malgré les annulation­s de salons et foires qui jalonnent d'habitude notre calendrier commercial, nous finissons l'année à + 40 % de commandes enregistré­es sur la période de juin à décembre et une augmentati­on de + 6 % sur l’année 2020 par rapport à 2019”, remarque Lucas Pinoncély. Un bilan, certes non exhaustif mais qui démontre que le secteur a plutôt bien résisté à la crise actuelle. Ce que ne démentira pas Nicolas Legendre : “Cette année Covid nous a montré la résilience du marché et du modèle. En chiffre les deux agences pilotes totalisent un CA de 2 millions d’euros pour une marge brute de 90 %.”

Quid de 2021?

Les Français choisiront-ils d’arbitrer une nouvelle fois en faveur de leur habitat. Difficile de se projeter sur les sorties, les loisirs ou les vacances. TBC Innovation a anticipé trois hypothèses de scénarios. Relance dynamique, “le chiffre d’affaires de l’activité entretien-rénovation en France serait en nette croissance en 2021. Le niveau de CA de 2019 serait dépassé en 2021 et la progressio­n resterait soutenue en 2022.” Dans

“L’État vient de débloquer 30 milliards d’aides pour la transition énergétiqu­e”

“Reclus chez eux, nos clients ont réalisé qu'ils avaient besoin de plus d'espace pour profiter de leur maison”

un scénario plus prudent, le CA du secteur pourrait être en légère progressio­n en 2021. Inférieur à celui de 2019 tandis que l’année 2022 verrait la progressio­n se stabiliser. En revanche, un scenario, plus pessimiste, verrait l’activité entretien-rénovation afficher une hausse limitée en 2021. Selon, TBC Innovation, “les CA de 2021 et 2022 seraient encore inférieurs à celui de 2019.”

Les projection­s des enseignes

Quel constat du côté des enseignes ? “Les plannings de nos franchisés sont remplis jusqu’au printemps et pour certains même jusqu’à l’été prochain”, note Christian Badia. Vie & Véranda vise, de son côté, l’ouverture de cinq nouvelles franchises en 2021 tandis que Repar'stores reste sur un trend d’une vingtaine d’ouvertures par an. “Nous nous intéresson­s également à l’internatio­nal afin de dupliquer notre concept à l’étranger. En effet, il n'existe pas d'entreprise­s spécialisé­es dans la réparation et la modernisat­ion de volets roulants et de stores en Europe, or le besoin y est le même qu'en France”, note Guillaume Varobieff, co-gérant du réseau de franchise Repar'Stores. Sur le segment BtoB, la Compagnie des Toits remarque que le marché est pour le moment stable. Avec un point néanmoins à souligner. “Un seul élément notable sur notre clientèle immobilier : le report des AG depuis mars, fait que sur ce segment nous aurons un décalage de CA d’environ 1 an, qui est contrebala­ncé par les autres clients”, précise Nicolas Legendre. Pour l’enseigne, Cybel Extension, la croissance à 2 chiffres du dernier trimestre de l’année écoulée se confirme sur le début de 2021. Difficile donc en ce début d'année de lire dans une boule de cristal. L’avenir dira comment la filière se positionne­ra dans les prochains mois à l’aune peut-être d’un nouveau confinemen­t. Les enseignes intérrogée­s ont plutôt bien résisté et on même bénéficié d'un arbitrage des clients en leurs faveurs.

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