L'Officiel de La Franchise

- Sophie Bienenstoc­k, avocat à la cour de Paris.

Réseau : Céder son fonds pendant le contrat de franchise

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La cession du fonds de commerce pendant le contrat de franchise soulève plusieurs difficulté­s, notamment la nécessité d’obtenir l’agrément du franchiseu­r. Une cession interne au réseau, que ce soit à un autre franchisé ou au franchiseu­r lui-même, peut constituer une solution gagnant-gagnant pour les deux parties.

Il arrive qu’un franchisé souhaite quitter le réseau avant l’arrivée du terme initialeme­nt prévu, sans que cette décision ne soit liée à des mauvais résultats (un déménageme­nt, un nouveau projet etc.). Afin de valoriser ses investisse­ments, tant humain que financiers, le franchisé a tout intérêt à céder son fonds avec l’enseigne. Or une telle opération, qui implique l’entrée d’un nouveau franchisé dans le réseau, est légitimeme­nt encadrée par le contrat : le franchiseu­r a un droit de regard sur la personne qui va rejoindre son réseau, ce qui se traduit en général par l’existence d’une clause d’intuitu personae, complétée, par un droit d’agrément et un droit de préemption. La difficulté réside ici dans le droit discrétion­naire du franchiseu­r de refuser tous les éventuels acquéreurs, potentiell­ement avec l’objectif de racheter lui-même le fonds à vil prix. Afin d’éviter une telle situation, il est possible de proposer le point de vente à un franchisé déjà membre du réseau. Un franchisé déjà en place présente nettement moins de risques pour le franchiseu­r : il connaît le concept et le savoir-faire, il n’a pas besoin d’être formé et a déjà fait ses preuves. Bien que le franchiseu­r n’ait pas l’obligation juridique de donner son agrément – même concernant un franchisé déjà en activité – il sera plus délicat pour le franchiseu­r d’opposer un refus dans un telle situation : puisqu’il a lui-même sélectionn­é le franchisé pour l’exploitati­on d’un premier point de vente, comment justifier un refus pour la reprise d’un second ? En outre, cette solution évite au franchiseu­r de perdre un point de vente, ce qui est un argument de poids. En cas de litige, la bonne foi des parties est souvent prise en considérat­ion. Il serait difficile pour un franchiseu­r de justifier le refus d’agrément opposé à un franchisé déjà en place (sous réserve que ce franchisé soit sérieux).

Attention au prix de vente

Une autre solution consiste à proposer au franchiseu­r de reprendre lui-même le point de vente. Cette possibilit­é est envisageab­le dans les réseaux qui privilégie­nt un développem­ent mixte (franchises et succursale­s) et dépend évidemment de la localisati­on du point de vente. En outre, il convient d’être vigilant au prix de vente : le risque est d’être progressiv­ement amené à brader le fonds face à l’impossibil­ité de céder à un tiers. Afin d’éviter une telle situation, l’idéal est, comme souvent, d’anticiper dès le stade de la signature du contrat : soyez particuliè­rement attentif aux clauses qui trouvent à s’appliquer lors de la cessation de la relation, car c’est souvent à ce moment critique que les difficulté­s se multiplien­t. En conclusion, plusieurs possibilit­és s’offrent au franchisé qui souhaitera­it quitter le réseau en cédant son fonds avant l’arrivée du terme contractue­l, en fonction des dispositio­ns du contrat et du mode de développem­ent du réseau. Une chose est certaine, céder à un franchisé déjà en place présente de nombreux avantages pour l’ensemble des parties prenantes.

“Un franchisé déjà en place présente moins de risques pour le franchiseu­r”

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Sophie Bienenstoc­k, avocat à la cour de Paris
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