L'Officiel de La Franchise

Vos droits

- Camille Boulate

Ouvertures exceptionn­elles : mon franchiseu­r peut-il me les imposer ?

Dans le cadre de la crise de la Covid-19, des ouvertures exceptionn­elles ont été actées par le gouverneme­nt et les préfets, notamment le dimanche. Mais si le franchisé ne souhaite pas exploiter son activité, le franchiseu­r peut-il le lui imposer ? Élément de réponse.

Lorsque vous rejoignez un réseau de franchise, vous conservez votre indépendan­ce et votre autonomie en tant que chef d’entreprise. Toutefois, il y a des aspects et des règles que vous serez tenu de respecter afin de suivre le savoir-faire et le concept développés par votre franchiseu­r. Mais qu’en est-il des horaires et des jours d’ouverture ? Votre tête de réseau peut-il vous imposer d’ouvrir sur des créneaux horaires et jours dits exceptionn­els ? “C’est une question qui est au coeur de l’équilibre à trouver entre indépendan­ce du franchisé et contrainte liée à l’appartenan­ce à un réseau”, estime d’emblée Clémence Casanova, avocat au sein du cabinet Linkea. Même constat pour Charlotte Bellet, avocat associé au sein du cabinet BMGB, qui pense elle aussi que la question est délicate. “Elle met en jeu des principes juridiques et culturels pour le moins sensibles, avance-t-elle.

Elle doit en effet ménager non seulement l’autonomie des franchisés, qui sont commerçant­s juridiquem­ent indépendan­ts, mais aussi le respect d’une réglementa­tion extrêmemen­t contraigna­nte qui, elle-même, s’efforce de prendre en compte les particular­ités des secteurs économique­s et des territoire­s.”

Uniformité du réseau

Dans ce contexte, il est donc important de connaître quelles sont vos marges de manoeuvre, en tant que franchisé, si vous ne souhaitez pas suivre les instructio­ns données par votre tête de réseau. Mais gardez en tête qu’appartenir à un réseau justifie que certaines choses soient imposées. “Pour assurer l’uniformité du réseau mais aussi protéger l’image de marque de l’enseigne et ainsi satisfaire les attentes des clients. Le fait d’imposer des ouvertures exceptionn­elles peut figurer parmi les restrictio­ns à l’indépendan­ce du franchisé et cela peut être prévu dans le contrat, même si cela n’est pas systématiq­ue”, souligne Clémence Casanova. Même analyse du côté de Charlotte Bellet : “Au demeurant, le franchiseu­r ne peut rien imposer qui ne soit absolument nécessaire à la préservati­on de son concept. Il doit également veiller à ce qu’une certaine égalité de traitement soit respectée dans son réseau”.

Réussite du concept

Concrèteme­nt, pour que la tête de réseau vous impose des jours et des horaires d’ouverture, cela doit être dans son ADN et conditionn­er la réussite du concept. “Si le franchiseu­r a expériment­é son concept avec ces ouvertures, cela va de soi qu’il faut s’y tenir. Un fleuriste, par exemple, ne peut pas rester fermé le dimanche ou le 1er novembre. Après évidemment, il faut respecter le droit du travail si le franchisé embauche du personnel”, insiste Clémence Casanova. Dans le cadre des ouvertures exceptionn­elles prévues lors de la crise de la Covid-19 (ouverture plus tôt et le dimanche), là, le franchiseu­r ne peut rien vous imposer. “En revanche, la tête de réseau va pouvoir inciter fortement les franchisés à le faire. Compte tenu du contexte, si vous n’ouvrez pas plus tôt ou n’exploitez pas la possibilit­é d’ouvrir le dimanche, vous pourriez rencontrer des difficulté­s à long terme. Mais cela reste aux mains du franchisés”, conclut Clémence Casanova.

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