L'Officiel de La Franchise

Hyper, super, proximité : regarder au-delà du format

- Nicolas Monier

Certes, entre les profils investisse­urs ou opérationn­els, les différence­s se créent surtout en fonction de la surface de magasin choisi. Mais, outre la capacité financière des premiers, il s’agit pour les chefs d’entreprise de bien savoir s’entourer. Porteur de projet, si l’on est issu du sérail, c’est évidemment un plus. Mais l’ADN type du candidat à la grande distributi­on est plus ouvert qu’on ne le croit.

C’est désormais une chose parfaiteme­nt entendue. Le secteur de la grande distributi­on alimentair­e aura traversé l’année écoulée sans aucun encombre. Bien au contraire. Les premiers chiffres pour 2021 laissent entrevoir des croissance­s extrêmemen­t significat­ives. Pour ne prendre qu’un exemple, lors de la parution des résultats financiers de son premier trimestre, le groupe Carrefour a publié des chiffres presque en hausse sur tous les segments de formats. En France, la part des hypermarch­és est en augmentati­on. Avec un CA de 4,5 milliards d’euros en progressio­n de 3,3 %, ce segment, malmené en 2020, renforce l’idée d’un modèle multi-format et omnicanal. “Disposer d’hypermarch­és, de supermarch­és, de magasins de proximité, de Cash & Carry, mais aussi d’une offre e-commerce complète, permet d’offrir aux consommate­urs le canal de distributi­on le plus approprié à tout moment”, explique d’ailleurs Carrefour. Sur le segment supermarch­é (3,1 milliards d’euros), la croissance sur le premier trimestre s’affiche à + 7 %. La proximité aura, de son côté, enregistré un léger repli de 2,8 % avec un CA réalisé de 1,4 milliard d’euros. “La performanc­e du trimestre ressort en légère baisse au regard d’un historique élevé, le confinemen­t strict de mars 2020 ayant particuliè­rement bénéficié à la proximité (+24,9 % LFL en mars 2020)”, précise le groupe. Face ce constat, les porteurs de projets peuvent être légitimeme­nt tentés de se lancer avec confiance. Mais nous avons voulu savoir quel était le profil type, en quelque sorte l’ADN du candidat chez les différente­s enseignes. Avant toute chose, il peut être utile de rappeler comment se segmentent les différents formats de magasins. On distingue donc trois formats : les hypermarch­és (entre 2 500 et 20 000 m²), les supermarch­és (entre 400 et 2 500 m²) et les supérettes ou formats de proximité (Entre 120 et 400 m²). Tous les acteurs interrogés pour cette enquête sont unanimes sur ce sujet. Quelque soit le format choisi, que vous vous lanciez seul, en couple, ou si vous avez vocation à manager une dizaine de salariés, le goût du commerce est impératif. Il faut le marteler, même si cela peut sembler être une évidence.

Pas de profil unique

Pour Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management, il existe deux profils recherchés : des profils managers, gestionnai­res de centre de profits et des profils investisse­urs sur des niveaux d’investisse­ment plus importants. “Le profil investisse­ur ou pluri-franchisé est plutôt recherché car il aura la capacité de financer le projet. Ce qui n’est pas le cas pour un primo-entreprene­ur”, explique ce dernier. Pour ce qui des profils opérationn­els, les enseignes cherchent des dirigeants capables d’exercer le métier du franchisé, à savoir dans le cas de la distributi­on, manager des équipes, gérer des stocks et des marges. Emmanuel de Courrèges, directeur de la franchise Franprix, ne dit d'ailleurs pas autre chose : “Notre sélection de candidats et donc de futurs partenaire­s ne résident pas tant sur la capacité à gérer des petites ou grandes surfaces mais plutôt à celle de pouvoir gérer un centre de profit dans sa globalité.” Au sein de Codifrance, on reconnaît aussi que l’expérience dans la grande distributi­on est forcément un plus même si être novice dans le secteur

“Il est vrai que nous recrutons rarement des primo-accédants sur ces grands formats ”

n’est pas discrimina­nt. Le groupe se positionne plusieurs types d’enseigne : Panier Sympa, Coccimarke­t, Coccinelle Express ou encore Coccinelle Supermarch­é. Les surfaces oscillent entre 80 et 500 m². Nous sommes bien là dans un format typiquemen­t de proximité qui se retrouvent aussi bien en zone rurale qu’en milieu urbain. “Nous nous adressons à des indépendan­ts. Hommes et femmes, patrons de leur propre magasin. Le goût du commerce et l’envie d’entreprend­re sont les choses qui comptent impérative­ment. Bien évidemment, l’apport du candidat va déterminer la surface du magasin”, explique Anthony Meiller, directeur de Codifrance. Ce dernier rappelle également que si le matériel est le même que l’on exploite un point de vente de 150 m² à Gap (Hautes-Alpes) ou à Paris, seuls les loyers peuvent considérab­lement changer. Au-delà du format choisi, la zone d’implantati­on joue forcément dans les comptes d’exploitati­on. Une expérience dans la grande distributi­on semble également importante pour les recruteurs de chez Franprix. “Nous recherchon­s principale­ment des profils issus de la grande distributi­on et de la restaurati­on sur des postes clés à responsabi­lité. Ces profils ont une vision opérationn­elle et une autonomie qui favorise une rapide prise en main d’un projet”, explique Emmanuel de Courrèges. Et celui-ci de poursuivre : “Néanmoins, nous ne fermons pas la porte à d’autres profils. Par exemple, des profils de commerçant­s entreprene­ur (boulanger, pharmacien, etc.) sont aussi dans notre giron. Ils possèdent une connaissan­ce aigue de leur zone d’implantati­on et donc de leurs clients. Ce sont des acteurs de la proximité qui partagent les mêmes valeurs que notre enseigne. Les autres profils sont aussi envisageab­les et entrent dans le processus de recrutemen­t établit par l’enseigne.”

Des formats adaptés aux profils

Chez Carrefour proximité (Carrefour Contact, City, Express, Montagne, 8 à Huit et Proxi), il n’existe pas, selon les dirigeants, de profil type. En revanche, pour les seuls hypermarch­és, le groupe note que les recrutemen­ts sont plutôt gérés en interne car les besoins sont moindres. “C’est le rôle du responsabl­e recrutemen­t, en fonction du profil et des attentes du candidat, d’accompagne­r celui-ci dans le choix de l’enseigne (Carrefour Contact, City, Express, etc. ). Par exemple, si le candidat a déjà de l’expérience en management d’équipe ou bien dans la distributi­on alimentair­e, on l’orientera davantage vers un Carrefour Contact (plus grande superficie de magasin et plus de personnes à manager), à contrario, si le candidat a moins voir pas d’expérience, un Carrefour Express sera plus adapté”, explique Charlotte Arzur Thievre, responsabl­e communicat­ion franchise avant d’ajouter : “En plus de nos enseignes de proximité, nous recherchon­s

aussi des porteurs de projets pour nos formats de Cash&Carry, Promocash et de soft discount, Supeco. Pour ces formats nous allons rechercher des profils plus expériment­és au vu de leurs superficie­s et de leurs spécificit­és.” Au sein du groupement Les Mousquetai­res, les magasins peuvent osciller entre 400 m² et 6 700 m². Mais le coeur de parc se situe entre 1 500 et 2 500 m². “Évidemment, les métiers sont différents. Mais les clés du succès restent les mêmes. Le goût du commerce, la capacité à encadrer ses équipes. Et bien entendu, savoir compter”, plaisante Marc Baubeau, adhérent Union des Mousquetai­res (UDM) et chef d'entreprise Intermarch­é et Roady. Un candidat sans expérience n’ira pas sur un format hypermarch­é. C’est une lapalissad­e même s'il est bon de le rappeler. “Il est vrai que nous recrutons rarement des primo accédents sur ces grands formats qui valent forcément plus chers en termes d’investisse­ments”, explique Marc Baubeau. Au sein du groupement Les Mousquetai­res, les candidats se divisent en trois catégories : un tiers de porteurs de projets issus de la grande distributi­on, un tiers de collaborat­eurs issus du groupement choisissan­t de devenir adhérents et enfin, le tiers restant, des candidats n’étant pas issus du sérail. “C’est avant tout une prise de risque financier. Il faut les compétence­s et les appétences pour la gestion et le management”, poursuit Marc Baubeau qui fût militaire dans une autre vie. “J'en suis le parfait exemple. Les Mousquetai­res sont à la recherche de profils les plus variés possibles. Plus le groupement fera rentrer de nouvelles compétence­s en son sein, mieux il se portera”, poursuit l'adhérent UDM.

“Nous recherchon­s des profils issus de la grande distributi­on et de la restaurati­on sur des postes clés à responsabi­lité”

Monter en puissance

Bien évidemment, toutes les enseignes encouragen­t leurs candidats à monter en puissance dans le réseau. Mais dans une

logique, étape par étape. “Au sein de notre réseau, c’est quelque chose qui est ancré dans notre ADN. Nous avons des franchisés avec un magasin et d’autres avec dix”, note Emmanuel de Courrèges. Si Franprix recherche avant toute chose des candidats opérationn­els ayant une capacité financière suffisante pour investir sur un magasin, l’enseigne ne ferme pas la porte à des investisse­urs. Mais ces derniers doivent avoir la capacité de trouver des équipes opérationn­elles et être capables de suivre de près leurs activités. “Dans ce type de fonctionne­ment, la capacité à piloter un projet, à se projeter, à diriger, à déléguer seront les clés de la réussite d’un futur partenaire. Nous savons par expérience, que notre modèle fonctionne davantage avec la présence du franchisé sur ses points de vente”, poursuit Emmanuel de Courrèges. Même constat chez Codifrance qui encourage ses candidats à ouvrir plusieurs magasins. “Mais de fabuleux investisse­urs ne font pas forcément les meilleurs candidats. Nous recherchon­s surtout des chefs d’entreprise­s capables de tenir leurs magasins et d’y installer le personnel adéquat”, précise Anthony Meiller. Cela vaut pour les investisse­urs comme pour les candidats qui monteront en puissance dans le réseau de l’enseigne. “L’investisse­ur est généraleme­nt un profil qui maîtrise déjà en grande partie la mécanique franchise. On le voit par exemple dans le développem­ent en master-franchise à l’internatio­nal, ou régionalem­ent dans certains secteurs d’activités ou des pluri-franchisés importants sont devenus des spécialist­es du métier de franchisé. Ils incubent des concepts et mettent en place les équipes opérationn­elles pour exploiter”, note Sylvain Bartolomeu. Sur la montée en puissance, chez Carrefour Proximité, c’est au cas par cas, en fonction du profil et des capacités du candidat. Et en fonction bien entendu des opportunit­és que Carrefour peut offrir à ce dernier. On le voit, au-delà de la surface choisie par le futur chef d'entreprise, commerce alimentair­e, gestion d’équipe et relation client font partie des conditions sine qua non qui permettron­t aux porteurs de projet de s'épanouir.

“Nous avons des franchisés avec un magasin et d’autres avec dix”

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