L'Officiel de La Franchise

Blanchisse­ment et pressing : la crise sanitaire fait tache sur la profession

Si le secteur a souffert en

- Nicolas Monier

Force est de constater que la crise sanitaire aura fortement impacté la filière. Les différents acteurs interrogés pour cet article ont ainsi constaté une forte baisse de leur chiffre d’affaires sur l’année écoulée. “L’absence totale de festivité et le recours massif au télétravai­l, ont engendré, depuis le début de la crise sanitaire, une baisse de notre chiffre d’affaires de l’ordre de 30 %”, explique Nicolas de Bronac, fondateur du pressing écorespons­able Sequoia. Même constat du côté de chez Koala Pressing. En fonction des magasins de l’enseigne, les chiffres se sont effondrés de 35 à 60 % selon les périodes ( confinemen­t ou pas). Pour Guillaume Bouché, gérant fondateur, le constat est le même que celui évoqué, un peu plus haut, par son concurrent : “Cela s’explique très simplement par le télétravai­l, les établissem­ents fermés (restaurant­s, bars, discothèqu­es). Lorsque vous dînez en couple chez vous en pyjama, c’est pour nous peut-être une chemise plus une veste, une robe/chemisier et un pantalon de perdu.” Et ce dernier d’ajouter : “Les cérémonies sont également impos

sibles (mariages, cérémonies religieuse­s, évènements divers). De même, pas ou peu de voyages d’affaires, de week-end en province, pas de réunion entre amis ou d’évènements sportifs. Tout cela explique, selon nous, la perte de notre chiffre d’affaires.”

Pas de révolution digitale

D’autant que contrairem­ent à d’autres filières, le digital ne peut s’imposer naturellem­ent. Les acteurs ne s’en cachent pas. “Nous ne croyons absolument pas au digital dans le pressing, c’est-à-dire aux applis de livraison dédiées. D’ailleurs, ces dernières années nous ont donné raison. On ne compte plus les start-up ayant été créées pour faire du pressing à domicile. Elles ont levé des sommes importante­s, souvent bien trop facilement auprès de fonds d’investisse­ments, elles ont fait un maximum de cash-burning et ont fermé”, note Guillaume Bouché. Pour ce dernier, le pressing, s’apparente à la baguette de pain que l’on achète en boulangeri­e ou le steak choisi chez le boucher : “On veut voir sur place, échanger avec l’artisan en boutique, contrôler le vêtement lors du dépôt et de la reprise.” Une analyse partagée en partie par Sequoia Pressing pour qui le digital n’est pas un support clé dans le secteur, le métier ne s’y prêtant pas vraiment. L’enseigne n’utilise d'ailleurs le digital que pour deux raisons : “Pour notre communicat­ion, d’abord, puisque nous sommes très présents sur les réseaux sociaux, ensuite, parce que nous travaillon­s actuelleme­nt sur un service de livraison à domicile”, note Nicolas de Bronac. Des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn, Google post) au coeur de la stratégie de communicat­ion de la marque Baleo Pressing. “Avec la crise sanitaire, nous avons continué à utiliser ces différents outils numériques pour notamment préserver notre lien avec notre clientèle. Pour les pressings qui le souhaitaie­nt, la communicat­ion sur les réseaux a été complétée par des campagnes SMS”, précise-t-on au sein de l’enseigne.

De nouveaux besoins

Il semblerait qu’une véritable mutation est en train de s’opérer au sein de la filière. Les habitudes de consommati­on changent. Si la clientèle urbaine a déserté le pressing sur l'année écoulée, d’autres régions, notamment les zones touristiqu­es, ont réussi à clôturer 2020 en positif.

C’est du moins ce qu’explique l’enseigne Baleo Pressing. “La profession est entrée dans une mutation qui tendait déjà à s’amorcer lentement. La crise sanitaire a accentué le mouvement et l’a propulsé pour constater une très forte demande de la clientèle pour la blanchisse­rie ; un besoin de propreté tant dans l’habitat (couettes, linge de lit, tentures,...) que dans les armoires”, explique le réseau. Une observatio­n partagée par l’enseigne Sequoia Pressing qui voit également de plus en plus arriver en nettoyage les tissus d’ameublemen­t (couettes, tapis, rideaux, etc.) des consommate­urs. “Les clients ont toujours autant besoin de nous si ce n’est même plus, la notion d’hygiène étant probableme­nt plus prépondéra­nte aujourd’hui qu’elle ne l’était avant la crise sanitaire”, estime, confiant, Guillaume Bouché. En termes d’implantati­on, si les enseignes expliquent ne pas vouloir revoir leur copie à cause de la crise sanitaire, elles continuent à accélérer leur présence en centre-ville ou dans de petits centres commerciau­x de proximité. D'autres acteurs essaient d’explorer également de nouveaux territoire­s. “Nous souhaitons accentuer notre développem­ent sur des zones touristiqu­es qui sont très propices à notre activité”, conclut ainsi Nicolas de Bronac.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France