Le secteur de l’intérim a subi de plein fouet la crise sanitaire. Mais les franchiseurs ont su accompagner leurs franchisés.
Le secteur de l’intérim a été touché de plein fouet par des baisses exceptionnelles. Mais les franchiseurs ont su accompagner leurs franchisés et un bon réseau peut permettre de se lancer sur ce m
L’année 2020 fut éprouvante pour le marché de l’intérim : d’après Prism’Emploi, l’organisation professionnelle des entreprises de l’intérim et du recrutement, l’emploi intérimaire a reculé de 23 % l’année dernière. “Nous sommes revenus au niveau de 2015. Nous avons connu un effondrement de -65 % lors de la deuxième quinzaine de mars. Après un rétablissement progressif jusqu’en octobre, autour de -10 %, le deuxième confinement a induit une nouvelle baisse en novembre, à -14,5 %. L’année s’est terminée à -11 % en décembre. Et en 2021, la situation continue de cette façon, par à-coups : après une embellie en janvier, une baisse a de nouveau eu lieu en février”, rapporte Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’Emploi. Son constat est donc assez pessimiste et elle ne s’attend pas à retrouver des résultats positifs avant le retour à la croissance, que l’Insee ne prévoit pas avant le deuxième semestre 2021. “Le travail temporaire est porté par la croissance économique : les intérimaires viennent en renfort quand il n’y a plus assez d’employés pour faire face à la croissance de l’activité”, précise Isabelle Eynaud-Chevalier. Autrement dit, l’incertitude règne sur ce marché de l’intérim qui est aujourd’hui malmené par la crise.
Les réseaux de franchise tirent leur épingle du jeu
Est-ce à dire qu’il faut fuir ce secteur comme la peste quand on veut se lancer comme franchisé ? Pas si sûr. En effet, ce tableau noir du secteur de l’intérim connaît quelques touches de couleur. Tout d’abord venant de secteurs qui tirent leur épingle du jeu de la crise et ont, au contraire, besoin de main d’oeuvre. C’est le cas de la logistique, notamment, qui connaît une nouvelle dynamique à travers l’essor du e-commerce. Autre lueur d’espoir : certains réseaux de franchise installés sur ce secteur de l’intérim passent la crise sans trop d’encombre. Citons par exemple Mistertemp’ Group (Aquila RH, Lynx RH, Vitalis Médical et Mistertemp’) qui dit avoir réalisé en 2020 le même chiffre d’affaire qu’en 2019. “En mars 2020, notre chiffre d’affaire a chuté de 75 % mais nous avons redécollé dès le mois de juin. En juillet, nous affichions des résultats supérieurs à 2019”, déclare Arnaud Weckonski, directeur associé de Mistertemp’ Group. Aujourd’hui, le réseau connaîtrait une croissance de 40 % par rapport à 2020 et serait même au-dessus du niveau de 2019. “La tendance est très positive malgré le troisième confinement”, sourit Arnaud Weckonski. Des chiffres qui séduisent les candidats à la franchise : 19 nouveaux franchisés ont rejoint le groupe en 2020 et 7 depuis le début de l’année 2021. Des personnes qui sont pour beaucoup issues de secteurs en souffrance comme l’hôtellerie et la restauration. Mistertemp’ Group n’est pas le seul à passer cette période mouvementée sans trop d’encombre. Temporis dit aussi avoir bien réagi après le vent de panique du premier confinement, qui a fait chuter l’activité de 75 %. “Nous avons rapidement organisé une cellule de crise via visio-conférence afin de rassurer les franchisés et de mettre en place un plan d’action : achat d’ordinateurs pour télétravailler, mise en place du chômage partiel des intérimaires, refonte du budget, accompagnement des franchisés dans leur demande de PGE, etc.”, énumère Laurence Pottier-Caudron, présidente-fondatrice du réseau Temporis. Et d’ajouter : “Nous avons aussi beaucoup communiqué sur les secteurs à aller démarcher pour compenser ceux qui s’effondraient”. Cet accompagnement a permis aux franchisés, qui ont de leur côté redoublé d’efforts, de retrouver rapidement un niveau d’activité satisfaisant. Les deuxième et troisième confinements n’ont d’ailleurs pas eu d’effet sur l’activité du réseau. “Dès lors que les franchisés appliquent le concept,
leur activité se porte bien”, affirme Laurence Pottier-Caudron. Elle se veut optimiste quant à l’avenir : elle pense que les formes d’emploi flexible telles que l’intérim mais aussi l’autoentrepreneuriat, sont l’avenir, vis-à-vis du CDI, qui stagne.
De l’importance de la formation
Ces lueurs d’espoir rendent le secteur de l’intérim toujours intéressant pour les candidats à la franchise. D’autant plus qu’il ne se laisse pas abattre par la crise et cherche à évoluer pour mieux répondre aux attentes et aux besoins des entreprises comme des intérimaires. L’organisation professionnelle Prism’Emploi a par exemple travaillé ces derniers temps sur le thème de la reconversion professionnelle : “Nous avons mis en place des diagnostics territoriaux pour permettre aux personnes travaillant dans les secteurs durablement affectés par la crise de se former et retrouver un emploi dans les secteurs qui recrutent”, indique Isabelle Eynaud-Chevalier. Pour la déléguée générale de Prism’Emploi, la formation et la reconversion sont les fils rouges du secteur. “Il faut préparer les personnes à raccrocher un emploi dès la reprise. Nos membres qui sauront faire la différence seront ceux qui seront actifs sur le terrain de la transition professionnelle, qui sauront inventer un outil d’évaluation et/ou de réorientation pour accompagner les personnes dans cette économie en mutation”, conseille-t-elle.
Le sujet de la formation tient également à coeur à Laurence Pottier-Caudron, la présidente-fondatrice du réseau Temporis : “La formation fait pleinement partie du travail des franchisés de notre réseau : leur objectif est avant tout de faire accéder les personnes à l’emploi”, souligne-t-elle. Elle donne l’exemple de la franchisée de Bordeaux
“En mars 2020, notre chiffre d’affaires a chuté de 75 % mais nous avons redécollé dès le mois de juin”
qui est en train de former des demandeurs d’emploi, dont 80 % de femmes, au métier de chauffeur de bus. De quoi traiter dans une même action les sujets de la reconversion professionnelle et de la parité. Chez Mistertemp’ Group, 4 % de la masse salariale est consacrée à la formation. “Cela peut consister en un simple recyclage du permis cariste, au passage du permis poids lourd mais aussi des formations plus diplômantes comme une spécialisation pour les soignants ou des formations bureautique”, précise Arnaud Weckonski. Quoi qu’il en soit, l’objectif est de permettre aux intérimaires de rester employables et aux entreprises de trouver des compétences correspondant à leurs besoins. Les franchisés du secteur de l’intérim sont donc vraiment au coeur des problématiques du marché du travail et agissent pour faire coïncider les attentes des employés et des employeurs.
Un métier relationnel
Le secteur de l’intérim ne convient donc pas à tous les profils de franchisés : il faut aimer l’humain. “Il faut savoir faire preuve d’une forte empathie pour accueillir et gérer le stress des candidats, détecter leurs compétences de manière bienveillante… ”, affirme Arnaud Weckonski. “Nous cherchons des commerciaux qui aiment les gens, c’est véritablement un métier relationnel”, poursuit Laurence Pottier-Caudron. En effet, si aimer l’humain est essentiel sur ce secteur de l’intérim, cette qualité ne suffit pas. Il faut aussi être en mesure de démarcher des entreprises pour trouver des missions. “Être un bon commercial permet de réussir à court terme. Mais pour réussir à long terme, il faut aussi être un bon manager”, ajoute Laurence Pottier-Caudron. En effet, les franchisés de ces réseaux de l’intérim sont souvent amenés à ouvrir plusieurs agences. Un développement de l’activité qui nécessite de savoir gérer des équipes. Autre qualité nécessaire, relevée par Arnaud Weckonski : la gestion des priorités. En effet, être franchisé dans le secteur de l’intérim nécessite de gérer de nombreuses choses : le démarchage d’entreprises, le recrutement d’intérimaires, la connaissance de la réglementation, la gestion des finances, le management des équipes… Et on peut donc vite
se retrouver sous une vague de tâches à accomplir, malgré l’accompagnement du franchiseur. Gérer ses priorités est donc essentiel. Enfin, le directeur associé de Mistertemp’ Group dit rechercher des candidats bien ancrés sur leur territoire, qui connaissent notamment avec précision les entreprises de la région. “Ce sera plus difficile pour un Parisien qui vient se délocaliser en région”, met-il en garde.
L’outil de la digitalisation
Sur le secteur de l’intérim, le candidat à la franchise doit aussi maîtriser les outils digitaux : après la formation, c’est l’une des grandes tendances de ce secteur. Qui s’est évidemment accentuée avec la crise sanitaire. Arnaud Weckonski reconnaît que la marque Mistertemp’, l’agence de recrutement en ligne du groupe, leur a permis de mieux passer la crise. Chez Temporis, l’outil “Temporis Connect”, qui permet de recruter des intérimaires à distance, a été lancé en réponse à la crise. “Mais cela ne consiste pas juste en une mise en relation : les candidats ont préalablement été rencontrés et sélectionnés en agence”, précise Laurence Pottier-Caudron. De quoi éviter l’effet de “ghosting”, c’est-à-dire la non-présentation d’une personne recrutée. Pour elle, l’outil digital ne peut pas remplacer une agence physique mais est complémentaire : il permet aux entreprises comme au candidat de contacter le réseau par ce moyen également, et 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Arnaud Weckonski est du même avis : il qualifie la marque digitale Mistertemp’ de “prêt-à-porter”" tandis qu’il considère les
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trois réseaux physiques du groupe (Aquila RH, Lynx RH et Vitalis Médical) comme de la “haute-couture”. “Mistertemp’ apporte un outil complémentaire et s’adresse aux entreprises qui veulent choisir eux-mêmes leurs candidats, qui ne souhaitent pas se faire épauler par une agence dans l’évaluation des profils et dans leur choix”, observe le directeur associé de Mistertemp’ Group. En effet, l’agence digitale Mistertemp’ fait une vérification rapide et automatique des informations mises en ligne par les candidats tandis qu’une agence les rencontre, leur fait passer des tests et contacte les anciens employeurs. Si le secteur doit se digitaliser pour répondre aux tendances de la société, il reste un marché où les relations humaines sont centrales. Tout candidat à la franchise doit en être conscient et se sentir à l’aise avec cet état de fait.
“Nous cherchons des commerciaux qui aiment les gens, c’est véritablement un métier relationnel”
Voici un comparatif des enseignes d’intérim qui se développent en réseau. Attention, cette liste n’est pas exhaustive.