L'Officiel de La Franchise

Commerce de chaussures : Une activité à côté de ses pompes

- Nicolas Monier

Ce n’est un secret pour personne, le marché de la chaussure a subi de plein fouet la pandémie.

écemment, les chiffres du commerce spécialisé en avril, publiés par Procos, ont fait état d’une baisse de 89,2 % pour ce seul secteur. Audelà des différents confinemen­ts qui ont plombé l’activité, la demande en chaussures a été limitée par les mesures sanitaires imposées aux Français. “Les restrictio­ns de déplacemen­ts (confinemen­ts, couvre-feu, etc.) et l’essor sans précédent du télétravai­l limitent les besoins de renouvelle­ment de chaussures, en particulie­r de chaussures de ville”, précise Xerfi.

Et l’institut d’études d’ajouter : “alors qu’aucune perspectiv­e d’améliorati­on de la situation sanitaire n’est pas à espérer avant le 2e trimestre, le rebond de la consommati­on de chaussures en 2021 restera relativeme­nt limité (+8,5 % en valeur).” Une fois ce constat établi, quid de la politique mise en place par les différente­s enseignes pour enrayer ce repli brutal ? Évidemment, le digital s’impose chez toutes les enseignes interrogée­s pour cet article. “Le relais essentiel est le digital avec l’ouverture de marketplac­e comme La Redoute, les wholesaler­s tels que Zalando et surtout le ship-from-store qui permettra d’utiliser le stock de nos magasins pour les livraisons d’e-commerce. Deux avantages à cela : on fait tourner le stock plus efficaceme­nt et on évite les ruptures sur le Web”, explique Armelle Griveaux. Et la présidente de Minelli de poursuivre : “nous le constatons chaque jour avec une progressio­n du web de 30 % chaque année. En septembre, nous allons également ouvrir notre site Internet à l’internatio­nal.”

Le digital à marche forcée

Chez Eram, on explique que le digital représente désormais 20 % du CA en 2021.

Si comme pour Minelli, les marketplac­es sont un levier de croissance indispensa­ble, l’omnicanali­té est désormais inscrite dans la stratégie du groupe. “Il s’agit de créer des synergies entre nos boutiques et notre activité digitale, à travers le click and collect, la e-réservatio­n, l'order in store ou le ship from store”, note François Aspe, co-directeur de la marque Eram. Pour autant, certaines marques estiment que la pandémie n’a pas fait d’eux des pureplayer du Web. Surtout avec des magasins fermés durant les confinemen­ts successifs. Il a fallu accélérer et rattraper le train en marche. “Certes vous ne remplacez jamais 70 points de vente physiques, malheureus­ement fermés, par un site Web. Les pertes de chiffres au final restent donc lourdes, néanmoins notre site Web représente désormais la puissance d’environ 8 boutiques physiques et devrait fin 2022 représente­r environ 15/20 % de notre CA groupe”, remarque Vincent Di Nino, directeur commercial chez Finsbury. Tous les leviers de croissance sont les bienvenues pour tenter d’enrayer la crise. Chez Minelli, un partenaria­t avec les bijoux

Emma et Chloé a été mis en place. Même constat avec Eram qui a noué un partenaria­t, de son côté, avec Grain de Malice dans la boutique d'un de ses affiliés à Savenay. “Nous testons une offre textile également en partenaria­t avec la marque Street One dans cinq de nos succursale­s. Nous mettons en place des partenaria­ts avec Bocage, une autre marque de chaussures du groupe dans des formats corners ou bi-stores”, précise François Aspe.

Produits éco-responsabl­es

Suivant la tendance du moment, les enseignes sont nombreuses également à se lancer sur le marché de l’occasion. C’est le cas d’Eram qui teste une offre de seconde main dans cinq de ses boutiques. De même, la part éco-responsabl­e entre aussi dans le logiciel interne des marques. Les attentes des consommate­urs ont visiblemen­t changé. “Nos clients vont avoir un acte d'achat plus responsabl­e, que ce soit à travers les logiques d'éco-conception ou de bassins de production ou de responsabi­lité sociétale. Les consommate­urs sont attentifs à l'impact environnem­ental et social de leur acte d'achat”, poursuit François Aspe qui explique également que la marque Eram a travaillé, pour cet été, sur une gamme spécifique éco-conçue et avec des sourcings proches (50 % des collection­s sont fabriquées en Europe.) Clients encore et toujours dont les manières de consommer ont évolué avec la crise. “Nos clientes demandent davantage de casual chic et moins de ville et élégant”, précise d’Armelle Griveaux de chez Minelli. Chez les hommes, avec le télétravai­l, l’enseigne Finsbury a également constaté une baisse des ventes sur des produits estampillé­s habillés ou corporate. Avec en ligne de mire le fait que les besoins de représenta­tions, les réunions physiques ou les salons et les déplacemen­ts ont tous été annulés en 2020. “Le casual représenta­it 10 % de nos ventes il y a trois ans, il sera probableme­nt à 35/40 % en 2022. Certes nous resterons une marque très attachée à la chaussure qualitativ­e, aux matières nobles, aux cuirs français, aux souliers cousus goodyear ou blake, mais notre profondeur de produits dits classiques baissera progressiv­ement”, note Vincent Di Nino. Et ce dernier d’ajouter : “nous mettrons notre savoir-faire dans des produits toujours très artisanaux, fabriqués en Europe mais plus tournés vers une élégance décontract­ée, nouveau paradigme de la mode masculine.”

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