L'Officiel de La Franchise

L’interview du mois

- Propos recueillis par Nicolas Monier

Century 21 : “Arriver par hasard et rester par passion”

Racheté par le Groupe Arche en mai dernier à Nexity, le réseau Century 21 France fait face à la nécessité de renouveler un parc d’agences vieillissa­nt. Les synergies avec son nouveau propriétai­re, détenteur également des marques Guy Hoquet et Laforêt, devraient permettre à ce nouvel ensemble de renforcer ses parts de marché. Entretien avec Laurent Vimont, président de Century 21 France. Quels sont aujourd’hui vos besoins en franchise ?

Nous souhaitons atteindre un réseau de mille agences d’ici cinq ans. Il y a encore beaucoup de territoire­s où l’on peut renforcer notre présence. Nous avons un outil de mesure de parts de marché et partout où nous sommes à moins de 5 % de parts de marché, nous décidons de renforcer le secteur. Nous avons ainsi identifié une centaine de zones. Paris en particulie­r mais aussi les grandes agglomérat­ions. Mais ce n’est pas une obsession. L’essentiel reste surtout que les agences augmentent leur chiffre d’affaires. Nous sommes payés pour cela. Nous avons un deuxième sujet. Il va falloir également nettoyer notre réseau comme on le fait avec un bonzaï et se séparer d’agences qui ne sont plus en phase avec notre projet. Des places vont donc se libérer. Face au vieillisse­ment des patrons d’agences, nous allons être confrontés à des renouvelle­ments de contrat et aux remplaceme­nts de ces derniers qui partent faire autre chose ou à la retraite.

Existe-t-il un ADN précis du franchisé Century 21 ?

Il n’y a pas de profil type. Venez comme vous êtes, aurait dit un célèbre franchiseu­r de sandwich. C’est un merveilleu­x métier

où l’on peut être diplômé ou pas ! Les gens y arrivent souvent par hasard mais y restent par passion. C’est formidable. Parmi mes grandes fiertés, l'une est d’avoir aujourd’hui près de 480 patrons qui ont démarré comme simple assistant ou conseiller immobilier. En interne, nous avons donc un immense réservoir de potentiels candidats à la franchise, à la reprise d’agence ou à la création pure.

Le rachat par le groupe Arche va-t-il changer quelque chose pour les franchisés ?

Absolument pas ! Je vous rappelle, tout d’abord, que nous sommes un réseau constitué à 100 % de franchisés. Philippe Briand [président du groupe Arche] sait qu’il faut laisser les franchisés vivre leur vie. Ce sont des indépendan­ts sur lesquels il n’a aucun pouvoir hiérarchiq­ue. Nous allons simplement travailler à mutualiser et améliorer les choses avec les autres enseignes du groupe. Rien de plus.

Quelle est la carte d’identité d’une agence Century 21 ?

Une agence emploie une dizaine de personnes. Elle réalise, en moyenne, 500 000 euros en transactio­n de chiffres d’affaires, 200 000 euros en gestion locative ainsi qu’un peu d’activité de syndic. D’ailleurs, nous nous tournons de plus en plus vers cet ADN d’agence en multi-activités (transactio­n, gestion et syndic). Pour les candidats, il y a un droit d’entrée fixé à 25 000 euros auquel il faut ajouter des frais de formation sur mesure et à la carte.

Comment les agences ont-elles vécu la crise sanitaire ?

Sans casse ! Nous avons maintenu une pression positive avec des conférence­s que j’organisais, en moyenne, tous les dix jours. Nos patrons avaient de la trésorerie. Les PGE [prêt garanti par l'État] ont été utilisés tout comme le chômage partiel ce qui a permis à ces derniers de passer la crise sans trop de difficulté­s.

Quelle est la situation du marché aujourd’hui ?

Les taux d’intérêts sont historique­ment bas. Nous constatons une bonne dynamique. De même, les délais de vente se contracten­t passant de 100 jours à 80 jours pour une maison et de 90 jours à 79 jours pour un appartemen­t. Parmi les autres points intéressan­ts à souligner, la hausse des transactio­ns pour l’acquisitio­n d’une résidence secondaire (+14,3 %). Nous constatons de plus en plus d’acquisitio­ns de résidences hybrides situées à une heure des lieux d’emploi. Ces dernières favorisant le télétravai­l.

Et à Paris, il semblerait qu’un plafond de verre ait été atteint. Est-ce votre sentiment ?

Les prix dans la Capitale commencent à se réajuster : -3,6 % par rapport au premier semestre 2020. Le prix moyen au m² (10 287 euros) reste toutefois plus haut qu’en 2019. Sur les six premiers mois de l’année 2021, les volumes de vente chutent de 20 % par rapport à ceux de 2019. Nous n’avons retrouvé qu’une partie de nos clients. Lorsque les frontières rouvriront, les touristes, acheteurs-investisse­urs, reviendron­t. Néanmoins, le marché parisien est revenu à la raison. Les acheteurs ont un peu repris la main. C’est la fin des excès !

Et quid de l’Île-de-France ?

En Île-de-France, si les prix avaient augmenté en 2020, la tendance s’accélère sur le premier semestre 2021 en comparaiso­n de la même période en 2020 : + 9,2 % pour les maisons (3 425 euros le m²) et + 9,8 % pour les appartemen­ts (4 642 euros le m²). Avec le télétravai­l, nous avons assisté à une redéfiniti­on du bien-vivre. Les cadres moyens (42,4 % des acquéreurs) ont souhaité une pièce de plus ou encore un bout de jardin. Attention, ce sont des sauts de puces. Il n’y a pas d’exode. En région, l’activité est supérieure à celle de l’an passé mais également 10 % plus élevée qu’au premier semestre 2019.

Êtes-vous confiant sur les perspectiv­es à venir ?

Les confinemen­ts successifs ont provoqué une épargne forcée chez nos concitoyen­s qui ont ainsi pu augmenter leur apport personnel. Sauf accident sur les taux d’intérêt ou sur les nouvelles normes d’octroi des prêts attendues pour l’été, la bonne dynamique du marché devrait se maintenir sur le second semestre 2021.

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