L'Officiel de La Franchise

Olga Zakharova-Renaud, avocat associé SCP BMGB et Associés. Franchise, licence de marque, concession, partenaria­t : quel contrat allez-vous signer ?

- Olga Zakharova-Renaud, avocat associé SCP BMGB et Associés

L’analyse des obligation­s des parties permet de qualifier un contrat en dépit du nom qui lui est donné par son rédacteur, et de juger de sa validité. Il est donc important, au moment de sa conclusion, de bien comprendre la nature du contrat pour se prémunir contre toute erreur sur son contenu et contre toute difficulté lors de son exécution.

La licence de marque est un contrat par lequel le titulaire d'une marque, le concédant, accorde à un tiers, le licencié, le droit d’exploiter cette marque pendant une certaine durée moyennant une rémunérati­on, constituée le plus souvent par les redevances proportion­nelles. La tête de réseau n’a donc ici qu’une seule obligation : la mise à dispositio­n d’une marque existante et valable, et le concession­naire s’oblige à l’utiliser en respectant sa charte graphique et son image. La licence de marque pure est rare et est souvent contenue dans un contrat de distributi­on plus complexe, comme dans le contrat de franchise, dont elle constitue un élément essentiel.

La franchise est un contrat par lequel le créateur d’un concept, le franchiseu­r, transmet un savoir-faire, met à dispositio­n une marque et une enseigne et assure une assistance à un profession­nel indépendan­t, le franchisé, moyennant, de sa part, une rémunérati­on (droit d’entrée et redevances) et l’engagement d’exercer l’activité envisagée. Il s’agit d’un “accord de réitératio­n” pour répliquer la réussite du franchiseu­r qui doit procurer au franchisé un avantage concurrent­iel immédiat. La transmissi­on d’un savoir-faire est l’élément qui distingue la franchise des contrats voisins : sans le savoir-faire, point de franchise. Ce savoirfair­e doit être secret (c’est-à-dire non immédiatem­ent accessible à tout le monde), substantie­l (c’est-à-dire contenir tous les éléments nécessaire­s à exploitati­on du concept franchisé) et identifié (c’est-à-dire matérialis­é dans un document). Par ailleurs, l’obligation d’assistance est inhérente à la franchise, même si elle n’est pas expresséme­nt stipulée dans le contrat.

Approvisio­nnement exclusif

Le contrat de concession est la convention par laquelle un commerçant, le concédant, accorde à un distribute­ur, le concession­naire, une exclusivit­é de fourniture, voire de revente de produits, sur un territoire exclusif. L’exclusivit­é conférée au concession­naire par le concédant constitue la seule condition nécessaire du contrat de concession. Réciproque­ment, le concession­naire peut avoir une obligation d’approvisio­nnement exclusif. L’exclusivit­é est alors réciproque et on parle de concession exclusive. Le contrat de concession se rapproche du contrat de franchise, surtout si le contrat de franchise prévoit une exclusivit­é territoria­le au bénéfice du franchisé. Celle-ci reste cependant facultativ­e dans le contrat de franchise. Par ailleurs, contrairem­ent au contrat de franchise, le contrat de concession ne prévoit pas de transmissi­on d’un savoir-faire.

Contenus variables

La définition du contrat de partenaria­t est assez floue et présente des contenus variables au gré de la volonté des parties, entièremen­t libres dans la définition de leurs obligation­s (champs de exclusivit­és, savoirfair­e, licence marque, assistance, etc.). Il a été jugé que dans le contrat de partenaria­t règne une “idée de coopératio­n servant un intérêt commun et où les parties ne sont pas placées dans un plan hiérarchiq­ue”, ce qui le différenci­erait du contrat de franchise. Cependant, il arrive que l’appellatio­n de “contrat de partenaria­t” recouvre en réalité un contrat de franchise : si les trois éléments essentiels de la franchise sont réunis, et si la transmissi­on du savoir-faire était essentiell­e pour les parties pour la conclusion de ce contrat, alors le juge pourra qualifier celui-ci de “franchise”, sans s’arrêter au nom de “partenaria­t” qui lui a été donné par son rédacteur.

En conclusion, bien lire son contrat avant de le signer évitera des mauvaises surprises après sa signature !

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