Av i s a u x futurs franchisés
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Que faut-il absolument savoir avant d’entrer en franchise ? Y a-t-il des actions à mener en priorité ? Quels sont vos conseils ?
La réponse de Charlotte Bellet, avocate chez BMGB & associés, experte dans la défense des franchisés.
Il faut avant tout prendre le temps, en moyenne entre six mois et un an, pour construire son projet de manière réfléchie. Mais ce n’est pas tout. Car, avant de retenir une enseigne, il faut choisir un secteur d’activité. Et mieux vaut chercher un secteur dont la rentabilité n’est pas contestable, qui correspond à vos qualités et dans lequel vous pourrez vous épanouir. Un changement de vie est un projet qui met des étoiles plein les yeux. Il faut veiller à ce que l’enthousiasme ne prenne pas le pas sur la raison. La phase de préparation du projet de franchise requiert de conserver la tête froide et son esprit critique :
- Ne pas se laisser séduire par la danse du paon du franchiseur. Sans tomber dans la caricature, le profil du franchiseur, selon le témoignage de nombreux franchisés, est souvent celui d’un beau parleur, prompt à s’auto-complimenter, faisant preuve de charisme et d’autorité. Le candidat doit veiller à résister au chant des sirènes.
- Ne pas céder à la pression. Trop de franchisés content la même histoire. S’ils ne signent pas immédiatement le contrat de franchise pour "bloquer" la ville, comme ils y sont invités avec insistance par le franchiseur, un autre candidat leur passera devant. C’est évidemment un artifice qui a pour but d’amener le candidat à agir sans prendre le temps de la réflexion. Il peut signer un contrat de réservation de zone afin de vérifier que le projet mérite d’être mené jusqu’à son terme. En aucun cas, il ne doit signer un contrat de franchise dans la précipitation. En toute hypothèse, il faut se faire accompagner. Il est fortement conseillé de faire appel à des professionnels et, en particulier :
- un avocat spécialisé qui veillera à ce qu’il ait reçu toutes les informations précontractuelles lui permettant de s’engager en toute connaissance de cause et qui lui expliquera la portée juridique et économique de chaque clause du contrat de franchise ;
- un expert-comptable qui, s’appuyant sur les données financières communiquées par le franchiseur sur la rentabilité de son concept, aidera le candidat à élaborer un prévisionnel de recettes et de charges. Idéalement, il lui faudrait choisir un expert-comptable qui évolue dans le secteur d’activité envisagé, car ce dernier aura une réelle connaissance des ratios comptables et financiers observés dans ce secteur. Dans un souci d’indépendance et d’objectivité, il est de surcroît déconseillé au candidat de faire appel, sur les bons conseils du franchiseur, à l’expert-comptable référencé par ce dernier. Même si le franchiseur respecte les exigences de la loi Doubin et transmet un document d’information précontractuel complet, cela ne suffit pas. Pour obtenir une vision concrète et transparente d’un réseau, il faut que le candidat exige du franchiseur qu’il réponde aux dix demandes suivantes :
1. Communication de ses deux derniers comptes annuels.
2. Communication de l’expérience professionnelle de la tête de réseau. Le but est de pouvoir évaluer la réelle expérience du franchiseur et sa capacité à animer un réseau de franchise.
3. Communication des chiffres d’affaires et des résultats des magasins pilotes depuis leur création. Le candidat devra se demander si le succès d’un pilote dans une ville donnée peut être réitéré dans la ville où il projette d’ouvrir son point de vente.
4. Communication des moyens humains, techniques et matériels mis à la disposition des franchisés, ainsi que les moyens mis en oeuvre pour assurer la publicité et la notoriété de la marque.
5. Communication de l’évolution précise du nombre de franchisés année par année depuis l’origine.
6. Communication du nombre de franchisés ayant été placés en sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire depuis la création du réseau. Précision de ceux qui ont quitté le réseau au cours des 12 mois qui ont précédé la délivrance du document d’information précontractuelle (DIP) avec indication du motif précis de la rupture du contrat de franchise.
7. Communication, pour chaque franchisé existant au jour de la remise du DIP, des informations suivantes : date d’entrée dans le réseau, nom de la société, adresse du point de vente, nom du dirigeant et son numéro de téléphone.
8. Communication, sur les trois dernières années, du chiffre d’affaires et du résultat net de tous les franchisés qui composent le réseau. Cette information n’est pas confidentielle comme le prétendent certains franchiseurs. Elle est nécessairement en leur possession puisque le contrat de franchise exige la transmission des bilans par tous les franchisés.
9. Justification du travail d’analyse effectué par le franchiseur sur le marché local et des critères qui l’ont amené à valider la ville et le local choisis.
10. Communication de toutes les informations nécessaires à l’établissement d’un compte prévisionnel.