Les bouclards
Vive l’indépendance. Lorsqu’on lui demande pourquoi il n’est ni agent ni concessionnaire, Bruno Sparza n’y va pas par quatre chemins : « Je n’ai aucune envie d’être marié avec une marque à qui je devrais rendre des comptes ! » Depuis 13 ans, le patron de MMS Racing à Écommoy (Sarthe), près du Mans, se satisfait d’être un « dinosaure »
qui travaille loin des sentiers battus : « Localement, nous sommes devenus incontournables pour des travaux mécaniques que certains concessionnaires délaissent car ils ne veulent plus ou ne savent plus les faire, comme la réfection d’un vilebrequin ou le rayonnage d’une roue. Chez nous, le client apprécie de pouvoir dialoguer avec le mécanicien qui n’hésite pas à montrer et à expliquer le pourquoi du comment des interventions. Il en naît une relation très différente, basée sur la confiance. Du coup, les clients reviennent nous voir et certains nous achètent même des motos neuves alors que nous n’avons aucun “panneau” de marque »,
confie l’ancien pilote qui oeuvre dans la mécanique depuis 1990. Avec trois salariés et environ 300 000 € de chiffre d’affaires, MMS Racing ne roule pas sur l’or, mais Bruno Sparza assure qu’il ne changerait de boulot pour rien au monde. Il n’est pas le seul. Partout dans l’hexagone, en ville comme à la campagne, on trouve des structures indépendantes, de tailles plus ou moins modestes, qui assurent l’entretien et la réparation de motos comme la vente de pièces, d’équipements, d’accessoires, de VO et même de VN. Tout cela sans disposer d’aucun contrat de distribution officiel.
Pas de compte à rendre « Être concessionnaire, c’est trop d’obligation », résume Antoine Turcot, repreneur en 2015 de R’biers Moto, point de vente installé aux Herbiers, en Vendée. Pour lui, l’absence de reconnaissance officielle est loin d’être rédhibitoire : avec quatre salariés, dont deux à l’atelier, son petit magasin a écoulé pas moins de 170 VN et VO l’an passé mais aussi deux grosses motos neuves, pour un chiffre d’affaires qui frôle le million d’euros, dont une bonne partie réalisée dans le tout-terrain.
Chez Méca Lecomte près de Nantes, on fait dans la vente de motos neuves, d’occasion mais aussi d’accessoires dans une surface très propre. « Avoir un fil à la patte ne m’intéresse plus », confie de son côté Antonio Gomez, installé à Angoulême depuis 1973 et reparti à zéro suite à la perte du panneau Suzuki en 2007. Après avoir diminué la voilure (l’effectif est descendu de 9 à 3 salariés), il apprécie de ne plus avoir de compte à rendre.
Tarif de MO raisonnable Première raison d’être de ces magasins autonomes : le tarif de la main-d’oeuvre. En moyenne, selon leur profil et implantation, ils facturent leurs prestations entre 45 € et 55 € TTC de l’heure (voire à peine plus de 40 € pour les micro-entreprises qui ne sont pas soumises à la TVA) soit 20 % à 40 % moins cher que les tarifs affichés par les concessionnaires. « Ma devise, c’est un prix juste et justifié », commente Clément Lecomte, qui a repris début 2019 un magasin de motoculture à Mauve-sur-loire, près de Nantes, pour créer Méca Lecomte et se développer dans le 2-RM avec un tarif de 57 € TTC de l’heure. « Pour cela, il est indispensable d’établir un devis le plus précis possible, quitte à l’ajuster en fonction des travaux mais en prévenant toujours le client. Les clients aiment qu’on leur explique la nature des travaux et savoir à l’avance le prix qu’ils vont devoir finalement payer. », détaille le jeune patron d’une enseigne qui emploie déjà deux autres mécaniciens.
Bruno Sparza dirige MMS Racing, installé en pleine campagne sarthoise. Cela ne l’empêche pas d’avoir la confiance de ses clients qui n’hésitent pas à venir de loin pour lui confier leurs motos.
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