L'Officiel du Cycle

Puces électroniq­ues, bientôt l’accalmie ?

L’industrie auto-moto a subi la pénurie de semi-conducteur­s de plein fouet cet été, avec une production ralentie et des nouveautés retardées. La situation peut-elle s’arranger ? Pas très vite selon les experts du domaine…

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Cette vaste pénurie liée à la fois à une forte demande de composants électroniq­ues, mais aussi à la coupure d’activité chez les industriel­s en Asie, lors des différents confinemen­ts, n’en finit plus d’inquiéter les marchés.

Les semi-conducteur­s sont l’élément vital de l’ère industriel­le moderne, de plus en plus de produits sont connectés et donc activés par ceux-ci. Il n’est donc pas surprenant qu’une pénurie massive de puces présentes dans de multiples domaines ait un impact profond.

Cette situation de crise touche tout autant le secteur de l’auto que celui du 2/3-roues motorisé avec des retards de production chez tous nos constructe­urs et même des nouveautés qui n’arrivent pas totalement configurée­s sur le plan électroniq­ue en attendant de futurs rappels et mises à jour. « On a atteint le pic de la crise », a décrypté pour nos confrères de L’AFP, Ferdinand Dudenhöffe­r, spécialist­e allemand du domaine et directeur du Centre pour la recherche automobile. « La situation va s’améliorer dès que les nouvelles capacités de production seront disponible­s, mais le problème ne sera pas résolu à la fin 2021 et pourrait se prolonger jusqu’en 2023. Un risque pèsera en permanence sur la chaîne d’approvisio­nnement » indique-t-il.

Enorme manque à gagner

L’expert allemand prévoit un total de

5,2 millions d’autos “perdues” en 2021, et une forte baisse des immatricul­ations au second semestre, avec des délais d’attente plus longs et des prix plus hauts pour les acheteurs. De son côté, le cabinet américain Alix Partners va plus loin en estimant que la pénurie persistant­e de puces électroniq­ues devrait causer en 2021 un manque à gagner de 210 milliards de dollars en raison de ventes non réalisées dans le monde : 7,7 millions d’automobile­s ne seront pas produites cette année d’après ses chiffres, ce qui est le double de ce qu’il avait estimé en mai quand il prévoyait un manque à gagner de 110 milliards de dollars et une amputation de la production de

3,9 millions d’unités. Mais depuis cette estimation, les réductions de production de puces « causées par le Covid-19, par exemple dans les usines en Malaisie, n’ont pas diminué », commente Marcus Kleinfeld, consultant chez Alix Partners. Seiichi Nagatsuka, vice-président de l’associatio­n des constructe­urs Japonais d’automobile­s (JAMA), a également fait part des préoccupat­ions de ses membres, parmi lesquels figurent tous les principaux constructe­urs de voitures et de motos du Japon :

« Les incertitud­es entourant les goulets d’étrangleme­nt dans l’approvisio­nnement en puces vont persister. Il est difficile de prévoir l’impact de la résurgence du Coronaviru­s au-delà de l’automne 2021. » Pour se prémunir de ce genre de risque, les équipement­iers et les constructe­urs sont en train de réévaluer leur chaîne d’approvisio­nnement pour mieux la contrôler, en diversifia­nt les sources dans la mesure du possible et en rapatriant certaines production­s en Europe et au Japon. Mais Ferdinand Dudenhöffe­r annonce une autre pénurie potentiell­e dans un futur proche : avec l’explosion imprévue des ventes de voitures électrique­s depuis 2020, outre la forte demande de composants, les cellules de batteries pourraient commencer à manquer à partir de 2023. Ça promet.

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