RÊVES PARTY
Une splendide collection de parfums vient ajouter à l’univers dessiné par Hedi Slimane pour la maison Celine une profondeur de champ, romanesque et intime, alors que s’ouvre une boutique réservée à la haute parfumerie.
Parade, Cologne Française, Saint-germain-des-prés, Reptile… onze déclinaisons (aux neuf révélées cet automne s’ajouteront deux autres aux premières lueurs de 2020), aux noms puissamment évocateurs, délivrant peut-être un bon génie bienveillant et au moins une facette méconnue de l’imaginaire de leur créateur. Dès son arrivée, Hedi Slimane avait envisagé compléter ses créations pour l’homme et la femme d’une série de parfums, qui seraient autant des prolongements de ses dessins et vêtements qu’une manière de journal intime, un accessoire essentiel à la silhouette, reliant geste du couturier et imaginaire du parfum. Chaque nom offrant un aperçu, pudique mais révélateur, du parcours de Slimane. Parisien noctambule, promeneur rêveur, romantique moderne, exilé en Californie : chaque essence, imaginée par trois nez, accueillie dans de somptueux flacons, dans la veine de la haute tradition de la verrerie à la française (qui n’a rien à envier à son pendant vénitien) éclaire, tout en
nuances, les codes d’une maison contemporaine, qui fait ici du classicisme un moteur pour entrer à pleine vitesse dans la modernité. Déployant une richesse olfactive sidérante, couvrant un spectre courant du poudré à la vanille, de l’épice à la mousse, ses propositions olfactives sont à notre image – fluctuante, ondoyante entre jour et nuit, masculin et féminin. Si les parfums fixent un instantané, ils ne figent rien, laissent l’identité librement cavaler. Ici et là, quelques fils rouges – la cardamome, le néroli, le musc – font tenir ensemble de délicats équilibres, entre esprit couture, carnet sentimental et passeport olfactif. Un visa pour explorer son propre imaginaire, sans doute, aborder le quotidien, aussi, mais surtout investir pleinement le riche monde d’hedi Slimane, évoquant l’aleph, ce point, selon la mythologie imaginée par Jorge Luis Borges, “où se trouvent, sans se confondre, tous les lieux de l’univers vus de tous les angles”.