SAVOIR-FAIRE
DE MAIN DE MAÎTRES auteure Yamina Benaï
Le geste manuel appliqué aux aux activités activités d’art d’art renferme réunit un ensemble d’expertises exceptionnelles, acquises au au long long d’années d’années d’observation d’observation et de et pratique. de pratique. Une Une fois dépassées fois dépassées par l’artisan, par l’artisan, elles tutoient elles tutoient le génie. le La génie. 20e édition La 20e du édition Prix Liliane du Prix Bettencourt Liliane Bettencourt pour l’intelligence pour l’intelligence de la main, de décerné la main, le décerné 3 octobre le 3 dernier, octobre et dernier, l’exposition et l’exposition “L’esprit commence “L’esprit commence et finit au et bout finit au des bout doigts”, des doigts”, tenue au au Palais Palais de Tokyo (du du 16 octobre au 10 novembre), novembre, en offrent d’éloquentes illustrations.
Il aura fallu attendre la loi du 18 juin 2014 pour que soit fixée une définition des activités et des acteurs relevant des métiers d’art : “Les personnes physiques […] qui exercent une activité indépendante de production, de création, de transformation ou de reconstitution, de réparation et de restauration du patrimoine, caractérisée par la maîtrise de gestes et de techniques en vue du travail de la matière et nécessitant un apport artistique.” Si la France, via l’institut national des métiers d’art, recense 281 métiers recouvrant 16 domaines d’activité, force est de reconnaître que la pratique d’un métier artistique manuel requérant une expertise y est peu mise en lumière. Contrairement à certains pays, notamment anglo-saxons, l’hexagone survalorise en effet les formes les plus conceptuelles, les plus abstraites de l’intelligence. La ligne de partage des eaux commence toutefois à se mouvoir, il n’est que d’observer la présence de la céramique dans les grandes expositions d’art contemporain pour mesurer le chemin parcouru en France par ce médium, pourtant présent depuis des décennies dans les collections des grands musées d’art britanniques et américains.
L’un des acteurs essentiels de cette mutation des mentalités est la Fondation Bettencourt Schueller. Créée en 1987 par la famille Bettencourt, elle a mis au point dès 1999 un programme visant à porter un éclairage sur les métiers d’art, grâce à une distinction fort bien nommée : le Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main. L’observation des quelque 110 lauréats récompensés à ce jour offre à saisir la volonté initiale : il ne s’agit pas d’oeuvrer comme conservateur des métiers d’art anciens, mais – sur un mode plus ambitieux et pérenne – de soutenir leur dimension contemporaine. Elle revêt, bien entendu, la maîtrise des matériaux et de techniques traditionnelles, mais aussi, et de manière impérative, celle des instruments technologiques et digitaux les plus actuels.
DIMENSION CONTEMPORAINE
Depuis sa création, la Fondation a alloué plus de 28 millions d’euros à destination des métiers d’art, dont 4,5 millions distribués au Prix. Sa force de frappe financière en fait ainsi un accélérateur économique de poids. Car, en les extrayant du confinement dans lequel la société les a placés, elle permet aux jeunes, dès l’âge du choix des orientations professionnelles, d’envisager et d’assumer avec fierté des formations en ce sens. Dans cette dynamique, plusieurs initiatives ont vu le jour, à l’instar des Journées européennes des métiers d’art qui, depuis 2002, avec le mécénat décisif de la Fondation Bettencourt Schueller, permet
l’ouverture au public des ateliers d’artisans français et européens. La dernière édition, tenue au printemps, convoquait les “signatures des territoires”, quand la prochaine (du 6 au 12 avril 2020) s’attachera à explorer les “matières à l’oeuvre”. Des approches volontiers séduisantes pour capter l’intérêt des publics les plus divers.
UN BERCEAU FUTURISTE
C’est aussi la mécanique en cours dans le cadre de “L’esprit commence et finit au bout des doigts”, organisée et soutenue par la Fondation Bettencourt Schueller, grand mécène du Palais de Tokyo. Orchestrée en quatre chapitres, l’exposition a été pensée par Laurent Le Bon, directeur du musée national Picasso-paris, qui s’est adjoint le regard de l’artiste Isabelle Cornaro pour la mise en espace. Y sont rassemblées des oeuvres allant du xve siècle à l’époque actuelle, mises en dialogue avec les réalisations des 110 lauréats du Prix. “Notre propos n’est pas de prendre position sur le fait de savoir si les artisans d’art sont des artistes ou non. Nous souhaitons que cette exposition nous permette de franchir une étape dans la proposition au public du meilleur des savoir-faire français, comme pièce constitutive de la création d’aujourd’hui”, souligne Olivier Brault, directeur général de la Fondation. Parmi les pièces exposées, celle des lauréats de la section “Dialogues”. Imaginé et réalisé par les designers André Fontes et Guillaume Lehoux et l’ébéniste Ludwig Vogelgesang, ce lit de naissance, Argo, est qualifié par ses auteurs de “refuge futuriste”. De forme harmonieuse, il trouve sa spécificité dans les matériaux utilisés (bois de noyer et cuivre) et le concept répond au principe de la cage de Faraday, qui préserve les nouveau-nés des ondes électromagnétiques. Une prouesse technique réalisée avec le concours du laboratoire de recherche en matériaux de l’école Mines Paristech et du département Coating Solutions de Saint-gobain. Autant de richesses d’innovation aux applications multiples qui, comme souvent, invitent une pluralité de sensibilités et de savoirs pour un résultat relevant d’un génie collectif.
Les lauréats du 20e Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main 2019 sont :
• Jeremy Maxwell Wintrebert - souffleur de verre à la bouche et à main levée (Prix Talents d’exception).
• André Fontes et Guillaume Lehoux – designers / Studio Noir Vif et Ludwig Vogelgesang – ébéniste (Prix Dialogues).
• L’institut de formation et de recherche pour les artisanats des métaux – Ifram
(Prix Parcours).