L'officiel Hommes

MT HADLEY, ENTRE ÉLECTRONIC­A, INDIE ET SOUL

- https://mthadley.bandcamp.com/

L’officiel Hommes: Quels sont vos premiers souvenirs musicaux?

MT Hadley : Il y avait un piano dans notre maison, lorsque j’étais enfant. Je ne me suis mis à apprendre à en jouer que récemment, mais à 7 ou 8 ans, j’ai écrit une chanson avec mon père. Elle était assez rudimentai­re… notamment ses paroles : “I am, you are, I am, you are…” Une assertion métaphysiq­ue d’enfant ! Nous la jouions de temps à autre. C’est ainsi, je suppose, que j’ai découvert la magie de la musique.

D’où viennent vos chansons?

C’est à chaque fois différent, mais il me semble que les meilleures chansons naissent de pensées qui ne peuvent pas trouver une autre forme, ou que je n’ai pas le courage de verbaliser. Parfois les paroles me viennent dans le bus, et j’essaie de construire quelque chose autour d’elles, même si le résultat n’est pas toujours convaincan­t. Parfois, je laisse mes mains courir sur le clavier, et mon coeur chanter librement. Si j’en crois une interview qu’il a donnée, c’est ainsi que Phil Collins a écrit In the Air Tonight.

Qui sont vos modèles?

Des compositeu­rs tels que Todd Rundgren, Joan Armatradin­g, Stevie Wonder et Jackson Browne. Leur talent m’horrifie presque. Je ne sais absolument pas comment Joni Mitchell a pu écrire un album comme Blue. C’est tellement au-delà de ce que j’imagine être une pop song que j’ai envie de tout plaquer.

Préférez-vous que les gens rêvassent ou dansent en vous écoutant ?

Si ma musique provoque une émotion, alors ce que les gens font en l’écoutant m’indiffère. J’espère, dans une certaine mesure, qu’elle évoque des sensations et des idées qui me traversaie­nt lorsque je l’écrivais. Il y a une dimension intangible que je ne peux pas contrôler.

Rêvez-vous de musique?

Je ne rêve jamais de musique. Mais je connais la sensation d’avoir l’impression d’avoir une chanson parfaiteme­nt écrite à l’esprit… et de la voir m’échapper totalement.

Quelles chansons auriez-vous aimé avoir écrites ?

C’est un concept étrange, puisqu’il nous confronte à la démarche même d’écrire une chanson, plutôt qu’à la chanson elle-même, qui est le seul critère dont nous disposons. Je ne sais pas ce que vouloir avoir écrit telle ou telle chanson veut dire : avoir eu ces idées, ces pensées, à ce moment précis ? C’est impossible, surtout si c’est au détriment de son auteur ! The Highway Man, de Jimmy Webb, est sublime par son ampleur narrative. Disons que j’aurais bien aimé l’avoir écrite.

Quel adjectif aimez-vous voir associé à votre musique ?

Si quelqu’un me dit que ma musique l’a aidé, je suis satisfait. Je n’aime pas que l’on compare ma musique à une autre, cela me semble une façon hypocrite d’établir une connexion avec elle, simplement en lui offrant un équivalent. Je m’en rends parfois coupable, mais j’ai horreur de ça.

Quel est votre son préféré et celui que vous détestez ?

J’adorais celui de la pluie sur mon toit. Mais depuis qu’il fuit, il ne m’apporte que des désagrémen­ts ! Je l’aime toujours chez les autres. Je devrais demander à mes amis si je peux venir chez eux pour en profiter.

Quelles autres formes d’art vous inspirent?

Les compositeu­rs, dans leurs oeuvres, présentent la somme des expérience­s qu’ils ont vécues. Ma plus grande peur est d’être perçu comme ennuyeux. Je ne sais pas si les poèmes que j’ai lus se sont fait un chemin dans la musique. J’adore Larkin, mais il peut parfois m’ennuyer à mourir. J’aime aussi Don Paterson.

Les réseaux sociaux ont certes permis l’émergence d’artistes, mais ils rendent aussi plus difficile de se distinguer, tant l’offre est désormais illimitée. Est-ce que ce contexte rend plus excitante la création?

Quelqu’un m’a dit que presque 20 000 nouvelles chansons étaient mises en ligne quotidienn­ement. Cela me semble beaucoup… beaucoup trop. Hélas, cela conduit la presse spécialisé­e à renoncer à rendre compte de seulement un petit pourcentag­e de ces propositio­ns, au profit d’artistes qui n’en ont plus besoin. Je veux croire que chacun d’entre nous a le droit à la musique et que chacune de ces 20 000 chansons a été écrite pas un coeur pur.

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