L'officiel Hommes

EMMA MACKEY

- Auteure VIRGINIE BEAULIEU Photograph­e GUEN FIORE Styliste VANESSA BELLUGEON

Révélée par la série Sex Education et à l’affiche de la prochaine adaptation de Mort sur le Nil par Kenneth Branagh, l’actrice Emma Mackey passe les étapes du star system à grande vitesse.

Les cheveux roses décolorés, portant minijupe, Dr. Martens et bomber noir, bref une fille un peu goth, un peu punk mais surtout féroce, Emma Mackey a fait une entrée fracassant­e il y a un an à peine simultaném­ent dans la cour du lycée de la série anglaise de Netflix Sex Education et dans la cour des grands. Elle y joue Maeve Wiley, un des rôles principaux, complexe, celui d’une adolescent­e rebelle, brillante et solitaire, qui rejette tout lien affectif et toute autorité, cachant au fond d’elle une grande empathie et pas mal de blessures. Aujourd’hui, alors que la saison 2 de vient de sortir, Emma Mackey est devenue plus qu’un espoir : une météorite qui est passée en à peine deux ans de l’école de théâtre à l’un des premiers rôles dans une série acclamée par le public et les critiques. Elle a tout de suite enchaîné avec un tournage avec le réalisateu­r et acteur britanniqu­e Kenneth Branagh qui lui a confié un des plus beaux rôles, celui de Jacqueline de Bellefort, dans sa nouvelle adaptation de Mort sur le Nil, d’agatha Christie, aux côtés de Gal Gadot et d’armie Hammer – le film sortira à l’automne prochain sur grand écran. Pour l’heure, Emma défend à nouveau Maeve, une fille qui ne pourrait pas être plus différente d’elle quand on la voit arriver détendue mais concentrée, ouverte et souriante sur le plateau du shooting, avec un petit look sixties et ses yeux de biche plus qu’immenses, de grandes fenêtres dans lesquelles défilent si bien ses émotions à l’écran.

Premier décalage, contrairem­ent à ce qu’on pourrait croire en l’entendant dans Sex Education, Emma Mackey est née et a grandi en France, dans la Sarthe, entre un père français et une mère anglaise, un univers parfaiteme­nt bilingue et biculturel: “Ma famille britanniqu­e est très mélomane, très branchée théâtre. Petite, je jouais des personnage­s, je me déguisais. Cela a toujours fait partie de moi, de mon éducation. Mon rêve d’adolescent­e, c’était la Royal Shakespear­e Company. J’y suis allée à 16 ans pour la première fois voir une production de Beaucoup de bruit pour rien avec mes parents, et cela m’a bouleversé­e. Je me suis dit, c’est ça que je veux. Mais il a fallu que j’arrive à l’université de Leeds – pour suivre des études de littératur­e – pour que je comprenne qu’il était possible d’en faire un métier. Au premier semestre, j’ai mis en scène une pièce de théâtre, et puis j’ai rencontré des gens qui avaient la même passion, et j’ai commencé à passer des auditions.” Sur Sex Education,

elle retrouve ce même esprit de troupe, dans un cadre différent, très champêtre de la vallée de la Wye entre le pays de Galles et l’angleterre : “On a vécu ces tournages comme dans une bulle : on se voyait tous les jours, on travaillai­t de façon très intense, sur un campus, et cela a duré quatre mois. L’alchimie qu’on voit à l’écran vient de là. Une troupe où tout le monde s’adore, se soutient; c’est une grande chance.” Successeur de la série Skins et concurrent d’euphoria, Sex Education

égrène une galerie de personnage­s très attachants : Jean Milburn jouée

“Petite, je jouais des personnage­s, je me déguisais. Cela a toujours fait partie de moi, de mon éducation. Mon rêve d’adolescent­e, c’était la Royal Shakespear­e Company. J’y suis allée à 16 ans pour la première fois voir une production de Beaucoup de bruit pour rien avec mes parents, et cela m’a bouleversé­e. Je me suis dit, c’est ça que je veux.” EMMA MACKEY

par Gillian Anderson (la Scully d’x-files), une sexologue sexy, se dispute malgré elle avec son fils Otis (Asa Butterfiel­d, vu chez Scorsese et Tim Burton), un ado mal dans sa peau mais thérapeute dans l’âme. Au lycée, Otis va ouvrir avec Maeve (qu’il aime en secret) une sorte de cabinet de thérapie sexuelle. Autres personnage­s importants qui vont s’épanouir dans la saison 2 : Eric (Ncuti Gatwa), gay extraverti et meilleur ami d’otis, et Adam (l’extraordin­aire Connor Swindells), une brute pas si brute que ça. Maeve, elle, est la seule “petite adulte” du groupe vivant seule dans la caravane dont elle paie le loyer. Un très beau rôle pour Emma qui aime l’ambivalenc­e de son personnage : “Cette saison est un peu plus sombre, plus approfondi­e, on voit tout le monde grandir, s’émanciper et je trouve ça beau, très juste dans l’écriture, parfois même déchirant. Ça m’a brisé le coeur de tourner certaines scènes entre Maeve et sa mère (une ex-junkie, ndlr), mais c’est un défi que j’adore, je vis pour ça.” Finalement, Sex Education parle de tout le monde, à tout le monde, sans drame, avec humour et honnêteté. Paraphrasa­nt le légendaire “Nobody’s perfect” qui clôt Certains l’aiment chaud, on pourrait dire que Sex Education démontre que la sexualité parfaite n’existe pas. Série fun mais surtout bienveilla­nte, elle parle à la Gen Z mais aussi aux autres. Emma le confirme: “On a créé des personnage­s singuliers mais c’est quand même un outil: on n’est pas là pour assener des vérités mais donner un point d’appui pour ouvrir des discussion­s sur la sexualité.”

Changement de décor radical: quelques mois après avoir terminé la saison 2 de la série et s’être ressourcée à Londres, où elle vit, Emma Mackey s’est retrouvée dans le monde luxueux mais létal imaginé par Dame Agatha Christie aux côtés d’un casting prestigieu­x, en Égypte. Cette bosseuse est encore sidérée par cette expérience: “Pendant ces deux mois surréalist­es, je me levais le matin comme sur un ressort : c’était un bonheur du début à la fin.” Kenneth Branagh, cinéaste et acteur mais homme de théâtre avant tout, repère toujours les acteurs avec un flair hors pair. Un excellent signe pour Emma qui a été bluffée par “Monsieur Shakespear­e” : “Être guidée et instruite par lui, pour créer mon personnage et le peaufiner de façon très technique, assez ‘conservato­ire’, ça a été extraordin­aire. Pour Jacqueline, j’ai pris des cours de voix et de chorégraph­ie. Il y avait une ambiance fantastiqu­e, très sensuelle, avec des costumes et une lumière magnifique­s. Même si j’étais un peu le ‘bébé’ du groupe, je me suis sentie femme pour la première fois dans ce film adulte.”

Emma n’a que 24 ans et un an de carrière fulgurante derrière elle, mais il nous tarde de voir où son étoile va la mener.

“On a créé des personnage­s singuliers mais c’est quand même un outil: on n’est pas là pour assener des vérités mais donner un point d’appui pour ouvrir des discussion­s sur la sexualité.” EMMA MACKEY

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