L'officiel Voyage

Hôtel One & Only Palmilla

Sept mois après le terrible cyclone qui a balayé le pays, le One&only Palmilla a fait peau neuve en Basse Californie. Une mue exceptionn­elle pour un resort unique.

- TEXTE ET PHOTOS JEAN-FRANÇOIS GUGGENHEIM

C’était il y a vingt-cinq ans, à Noël exactement. Nous étions partis en amoureux chercher le soleil, comme au cinéma, à Los Angeles. Avions trouvé la ville des Anges pluvieuse. Un drôle de crachin où Bogart eût été à son aise. Hollywood était en noir et blanc. Il nous fallut fuir ailleurs, plus au sud encore : désir d’être doré, d’aller surfer. Ce fut à Cabo San Lucas, en Basse-californie. Je me souviens des pélicans, d’un hôtel appelé Twin Dolphins, de plages immaculées. C’était il y a vingt-cinq ans et une légère appréhensi­on monte en moi à la descente de l’avion. Il peut être triste de revenir sur des lieux autrefois aimés. Des souvenirs par trop embellis, les incontourn­ables stigmates du temps.

Une bouffée de chaleur tropicale m’emplit les poumons. Le chauffeur est là, souriant, élégant. Il coupe la climatisat­ion à ma demande, m’offre une serviette fraîche. J’entrouvre la fenêtre, m’emplis à nouveau la poitrine de cet air mi-désertique, mi-marin. Le 4x4 Cadillac file entre les palmiers. Un portail de fer forgé s’ouvre sans grincement. Gravé sur une plaque de marbre, je lis le nom de l’hôtel : One&only Palmilla. Me voici arrivé à bon port. Je suis aussitôt dirigé vers la suite qui m’est allouée. Je fais glisser la baie vitrée qui me sépare d’une large terrasse, d’une piscine privée, de l’océan, à deux petits pas de là, dont les vagues se fracassent sur un rocher pointu, battu. L’appréhensi­on de tout à l’heure s’est envolée. Ce lieu a tout d’un petit bout de paradis. C’est Odile qui m’a envoyé ici. Drôle de nom pour un cyclone de catégorie 3/5 sur l’échelle Saffir-simpson, qui s’est invité dans la nuit du 15 septembre 2014. Après avoir inondé plus de quatre mille kilomètres de côte, il s’est engouffré en Basse-californie à plus de 250 kilomètres/ heure, gonflant des vagues de près de dix mètres de hauteur. Les dégâts furent démentiels. One&only, l’ancienne hacienda, a mis sept mois pour se remettre du scénario catastroph­e et en a profité pour s’embellir, ajouter une touche contempora­ine à ses vieux murs chaulés. Après la tempête, le resort de luxe renaît et le fait savoir. Je m’endors en son sein au son du ressac. Le petit jour est une orange sanguine noyée dans le ciel et la baie de Cortez. La bouche pleine de dents, le sourire éclatant, John Travolta passe en courant. Avant même l’atterrissa­ge, la veille, le commandant nous avait dit avoir vu son avion, au milieu de la quarantain­e de jets posés sur le tarmac. À Paris, on m’avait prévenu, le One&only Palmilla compte parmi ses fidèles le fin du fin hollywoodi­en.

Les premiers rayons du soleil éclairent les quelques tables du restaurant Breeze. De là, les marches glissent vers une piscine tel un lagon, puis sur la plage quasi déserte. Seule la roche qui résiste non sans peine à la vague abrite un couple de pélicans. Plus loin encore, sur l’océan, l’eau semble frémir. Le personnel mexicain, qui prépare petit déjeuner, matelas et parasols, tout à coup s’arrête. “Regardez ! Là, à 11 h.” À moins de deux cents mètres, une baleine grise émerge des flots. Une seconde apparaît à ses côtés. Un baleineau passe de l’une à l’autre. On me donne une paire de jumelles et j’observe le cirque aquatique, fasciné. “Ces animaux sont sacrément bien organisés”, confie le péon qui sert des oeufs à la ranchero, soit une paire d’oeufs au plat sur tomates et oignons, piment et curry, posés sur une tortilla fraîche. “Ce sont deux femelles, la mère et probableme­nt sa soeur qui veillent sur le baleineau le temps qu’il prenne sa taille adulte. Le mâle, lui, navigue au large, surveille les prédateurs.” Le jus de pamplemous­se est splendide, mais je suis attendu ailleurs. Il faut être passé par le spa du One&only Palmilla une fois dans cette vie. S’être laissé aller entre les mains aromatique­s d’une savante masseuse, laissé bercer par les soins de pédicure et manucure du studio Bastien Gonzales, s’être fait raser de près par un barbier hors pair. Alors, le décalage horaire effacé, on se retrouve tel un homme neuf. Prêt pour une première leçon de surf, un parcours de golf ? Une margarita Mademoisel­le ?

La journée s’écoule au rythme des vagues. Les lieux s’emplissent de leur petit peuple de Rich & Famous. Robin Wright me sourit. C’est gentil. Pour autant, sur les vingt-cinq hectares de la propriété, s’isoler reste un jeu d’enfant. Le salon de thé tout en longueur et en verre se prête à la lecture, à l’air juste conditionn­é. Les flambeaux s’illuminent à l’approche d’un coucher de soleil en technicolo­r. Les robes longues apparaisse­nt, fluides, élégantes. Certaines d’ici, résidentes du One&only, d’autres de l’une des centaines de maisons de La Palmilla, une communauté où l’on ne devient propriétai­re qu’à partir de quelques millions de dollars. Les restaurant­s du resort font salle comble. Un feu d’artifice explose dans le ciel, comme cela, vingt minutes durant. Je suis comme un môme. Puis c’est au Seared, le tout nouveau restaurant tenu par le français Jean-georges Vongericht­en, icône culinaire planétaire, que je rencontre Peter Bowling, directeur général des lieux. L’homme

Le petit jour est une orange sanguine noyée dans le ciel et la baie de Cortez. La bouche pleine de dents, le sourire éclatant, John Travolta passe en courant.

a tout d’un John Steed. La classe, le flegme, l’humour. British indeed ! La discussion est tout aussi savoureuse que les pièces de viande qui passent. Le vin est aussi mexicain qu’étonnant. Il n’en faut pas plus, jet-lag aidant, pour filer dans les bras de Morphée. 10 heures du matin, Peter Bowling, qui accueille ses hôtes dans sa tenue de GM, se décide à nous accompagne­r en mer. En aussi peu de temps qu’il le faut à un gentleman, il file dans l’une des boutiques du resort et en ressort aussitôt en tenue de yachtman.

En route vers Cabo San Lucas. Dans la station balnéaire, repaire de soirées dantesques, les filles sont jolies, la marina impression­nante. Le yacht est à la hauteur des plus grandes espérances. L’on y tiendrait à trente et nous n’y sommes qu’une petite poignée à déguster un champagne frais alors que le navire quitte le port. Les arches rocheuses succèdent aux plages désertes. Un bain, un ceviche… La journée s’écoule tel un rêve. Ce soir, ce sera un autre dîner, face à la mer. Une balade à San José, ville historique, localement heureuse. Visites de galeries, une bière dans le bar où Bono a chanté. Demain sera un autre jour. Sans doute me dirai-je que j’ai bien fait, vingt-cinq ans après, de revenir ici, en Basse-californie, au One&only Palmilla.

Les arches rocheuses succèdent aux plages désertes. Un bain, un ceviche… La journée s’écoule tel un rêve.

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