Voiles à l’horizon
Confetti paradisiaque des Antilles, l’île est réputée pour ses résidences de stars et désormais ses fameuses régates. Nous étions à la 5e édition des Voiles de St-barth, dont Richard Mille est partenaire. Welcome on board.
Si une île était synonyme d’aristocratie, ce serait Saint-barth. Yachts et hôtels luxueux, boutiques de designers, plages de sable fin, eau turquoise, vie nocturne débridée, lifestyle cool, elle a tout. Beaucoup croient la connaître mondaine, sophistiquée, mais elle est à la fois décontractée et secrète. Et pas seulement. Car cette perle des Caraïbes, nichée entre la mer éponyme et l’océan Atlantique, est avant tout le paradis des marins qui affectionnent son littoral accidenté. Et le lieu d’une série de régates parmi les plus prestigieuses au monde, les Voiles de St-barth. Hormis cela, le bleu soutenu du ciel, l’azur profond de la mer, le jaune brillant du soleil, Saint-barth, pas plus que les autres îles paradisiaques, n’offre grand chose à croiser ou à voir. Et pourtant, elle est irremplaçable, surtout avec ses gentlemen sailors venus du monde entier s’affronter dans la baie de Gustavia, sa capitale, et tout autour de la côte découpée.
Car ce minuscule confetti volcanique de 24 kilomètres carrés, qui fut longtemps un repaire pour les corsaires et les flibustiers, sert de terrain de jeu pour les régatiers hiver comme été. “Saint-barth est le lieu rêvé pour faire de la voile, confie le célèbre photographe de mode Patrick Demarchelier, qui navigue dans ses eaux au moins trois mois par an. Les conditions météo sont toujours excellentes et le vent souffle généralement entre 10 et 25 noeuds.” Il n’est pas le seul à se pavaner sur son Puffy le long des quais et des pontons durant les Voiles de St-barth. Comme lui, un nombre de plus en plus grand d’amateurs, de capitaines d’industrie, d’avocats, d’entrepreneurs ou d’hommes d’affaires du monde entier délaissent la froideur de l’hiver pour profiter de la douceur de vivre et des paysages de carte postale. Ce n’est pas parce que le port de Gustavia est encombré de yachts, dont les propriétaires possèdent des villas gigantesques sur les hauteurs, que les vrais marins n’ont pas droit de cité, bien au contraire. “Jamais le niveau n’a été aussi
élevé avec les plus beaux maxi-yachts du monde, l’arrivée des Américains et la présence de dix classes internationales dans la compétition, explique l’organisateur des Voiles, François Tolède. Cela en fait l’événement le plus attractif de la saison à Saint-barth.” “Pas seulement, assure l’horloger Richard Mille, principal partenaire des Voiles. En six éditions, la manifestation s’est imposée comme l’une des épreuves phares du genre dans le monde entier. Et ce n’est qu’un début.” En tout, près de 80 navires d’exception, des plus chics aux plus rapides, des plus imposants aux plus effilés, des plus luxueux aux plus anciens. Ceux qui ne trouvent pas leur place au ponton, en raison de leur format maousse costaud, mouillent plus au large. À la lumière tombante, c’est un spectacle que de regarder les voiles s’affaler les unes après les autres en buvant une Caribe fraîche. Les équipages, chiquissimes dans leurs tenues aux armes des propriétaires, descendent à terre au rythme frénétique des bouchons de champagne qui sautent. Orcha, Rambler, les chemises siglées indiquent l’appartenance de chaque équipier à son navire. Pendant les cinq jours que durent les régates, ils envahissent joyeusement les quelques ruelles du petit port de plaisance, avec ses baraques coloniales colorées, sagement alignées en retrait. L’esprit Saint-barth est sans chichi. Même les milliardaires marchent pieds nus ou en tongs et se rencontrent à la terrasse des cafés. Ils sont chez eux. Anglais, Américains ou Russes exhibent leurs navires pour concourir avec leurs pairs. Les yachtmen passent en revue les plus belles unités. Le soir, on se retrouve dans les meilleurs restaurants de l’île et les plus beaux hôtels fréquentés par la jet-set. On y débouche force flacons de Veuve Clicquot, le champagne officiel des Voiles. Y compris quand on a perdu. Car dans la voile on est fair-play.