L'officiel

La playlist des albums de l'été

Électro hybride, rock trépidant ou pop cinq étoiles, les pointures de la scène internatio­nale livrent leurs nouveautés. Sélection des meilleures sorties de la saison.

- PAR SOPHIE ROSEMONT

Girl punk power

Pour ceux qui doutent encore des qualités musicales de Beth Ditto, qu’ils écoutent illico presto son premier album solo. Riffs rock métallique­s soulignés de paroles insolentes, une voix qui n’a pas besoin de forcer pour imposer sa puissance… On reconnaît là les marques de fabrique de feu son groupe Gossip. Logique, donc, qu’elle ait souhaité voler de ses propres ailes, offrant une ribambelle de morceaux taillés pour le live, son terrain de jeux préféré. Impossible de ne pas danser sur Fake Sugar, ode à la liberté d’être ce que l’on veut, sur fond de pop ouverte à tous les âges et tous les genres. Le tube: Savoir-faire, imparable manifeste rock discoïde, à écouter après le déjeuner pour booster son après-midi. Beth Ditto, “Fake Sugar” (Columbia).

Euphorie

Il y a vingt ans, qui aurait cru que Phoenix, bande de grands timides, allait assurer la facette la plus pop de la French Touch ? Témoignant de sa facilité mélodique et de sa fausse légèreté,

Ti Amo renoue avec le synthétiqu­e excitant des débuts. Il convoque même la langue française ici et là… Avec les bijoux euphorisan­ts comme J-boy ou Goodbye Soleil, Phoenix va encore enchanter les stades.

Le tube: Tuttifrutt­i, à écouter le matin, en guise de vitamine C. Phoenix, “Ti Amo” (Atlantic/warner).

Épure excentriqu­e

Fascinante pour les uns, agaçante pour d’autres, Camille est une chanteuse réputée pour son excentrici­té qui ne laisse personne indifféren­t. Après le conceptuel Ilo Veyou (2011), la voici enfin de retour avec son meilleur disque à ce jour, OUÏ. Imaginé dans une auguste bâtisse provençale du xiie siècle, il distille une chanson majoritair­ement française, inclassabl­e et épurée. Sur fond pop, des échos soul ou électro habillent la voix singulière de Camille, autour de laquelle elle s’offre des variations inédites. Elle met aussi la danse à contributi­on, en imaginant une gestuelle dédiée. À ce renouveau rafraîchis­sant, exigeant et dans l’air du temps, on dit oui ! Le tube : Je ne mâche pas mes mots, pour ses variations rythmiques et mélodiques, à écouter lors d’un bel après-midi. Camille, “OUÏ” (Because).

Énergie virtuelle

À la fin des années 1990, le chanteur de Blur, Damon Albarn, et l’illustrate­ur du comics Tank Girl, Jamie Hewlett, se retrouvent à partager le même appartemen­t londonien, où ils allient leurs talents via le concept musicovisu­el de Gorillaz. Carton plein ! Mais depuis The Fall (2010), on ne savait pas vraiment si le groupe animé le plus célèbre du monde allait reprendre du service… Ouf,

Humanz prouve aujourd’hui que le duo gagnant n’a pas dit son dernier mot, s’octroyant le luxe d’inviter Grace Jones, De La Soul ou Noel Gallagher. Si on peut d’abord être surpris par cet enchaîneme­nt de titres mêlant sans tri toutes les influences de Gorillaz (hiphop, dancehall ou punk), on se laisse vite prendre par son énergie décoiffant­e.

Le tube: Momentz, un hiphop ultra-up tempo avec De La Soul, à écouter pendant l’apéro pour bien débuter la soirée. Gorillaz, “Humanz” (Parlophone/warner).

Élégance de l’écriture

Il a fallu attendre cinq ans depuis Toutes directions, son dernier album studio, pour écouter les dix-neuf nouveaux titres de Bertrand Burgalat. Entre-temps, il n’a pas chômé : des sorties essentiell­es sur son label Tricatel (de Chassol à Michel Houellebec­q), un livre, Diabétique­ment vôtre (où il raconte sa maladie avec une sincérité saisissant­e), une existence hautement créative avec sa compagne Vanessa

Seward… Vitaminé par des échos électro, funk ou bossa nova, Les Choses qu’on ne peut dire à personne est la preuve de la belle écriture ourlée de Burgalat, décidément l’un des surdoués de la chanson français actuelle.

Le tube : Ultradevot­ion pour son élégance groovy, à écouter en fin de journée, entre chien et loup. Bertrand Burgalat, “Les choses qu’on ne peut dire à personne” (Tricatel)

Expériment­ations tout public

Après un premier album épatant, An Awesome Wave, et un second moins convaincan­t,

This Is All Yours, Alt-j, groupe de Leeds couronné d’un Mercury Prize, ne pouvait gâcher sa troisième chance. Rassurons-nous, grâce à Relaxer, il revient à ce qu’il sait faire de mieux : un pop-rock indie à tendance tribale, cérébral et qui pourrait s’avérer franchemen­t tubesque si Alt-j ne persistait à refuser une production mainstream. Mais c’est pour cette raison que l’on aime passionném­ent ce groupe sachant rendre accessible sa musique expériment­ale, où l’on peut passer d’une ballade méditative (Adeline) à une pop protéiform­e (Deadcrush).

Le tube : In Cold Blood à l’imparable foisonneme­nt orchestral, à écouter la nuit tombée. Alt-j, “Relaxer” (Infectious Music/pias).

Système solaire

Planetariu­m est la dream team la plus impression­nante de l’été. Autour de Sufjan Stevens, l’américain folkeux à la voix céleste qu’on ne présente plus, s’activent le batteur James Mcalister, le guitariste de The National Bryce Dessner et l’éminent compositeu­r de musique minimalist­e Nico Muhly. Après des années de réflexion sort enfin leur oeuvre collective. Son but : offrir au folk une vision à la fois synthétiqu­e et baroque, quasi spatiale. De Neptune à Mercury, le système solaire est exploré par Stevens au long de ces dix-sept morceaux à la fois indie et ultra-accessible­s. Trippant !

Le tube : Jupiter, ou quand le folk contemplat­if invite l’autotune, à écouter avant de dormir, lors d’une nuit étoilée. Planetariu­m, “Planetariu­m” (4AD).

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Beth Ditto.
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