L'officiel

Bon appetit avec Eataly

Aimer l’italie et ses bienfaits culinaires depuis la France revenait à cultiver une relation amoureuse à distance et réclamait beaucoup d’efforts, au prix de quelques malentendu­s. L’arrivée avant l’été d’eataly simplifie l’épanouisse­ment de cette passion

- Par Adrien Forlan Photograph­ie cécilia poupon

Souvent, nous rêvions d’une téléportat­ion du côté de Turin ou de Rome, de faire un saut (long, très long, le saut) du côté des tentateurs Eataly, marchés italiens où l’on trouvait de quoi équiper sa cuisine à l’italienne et faire de ses placards une annexe crédible du garde-manger d’un restaurant romain.

La volonté des Galeries Lafayette a prolongé, au coeur du Marais parisien, la vision du fondateur Oscar Farinetti. Trente-neuvième du nom, le marché est une invitation à l’art de la passeggiat­a, la flânerie à l’italienne, dans ce labyrinthe délicieux, entre comptoirs soignés, espaces de restaurati­on dans le ton et ateliers pour insatiable­s gourmands.

Avec 2500 mètres carrés, 1500 produits référencés, 1 200 vins proposés… c’est un dédale d’où l’on ne sort qu’à regret. Café, glacier, charcutier, boulanger, primeurs, caviste, épicerie, mozzarella bar : tous les corps de métiers de bouche sont représenté­s, et les espaces articulés pour y laisser glisser la journée, depuis le ristretto matinal jusqu’au dîner.

Nanni Moretti, merveilleu­x cinéaste et grand adorateur de la Sachertort­e devant l’éternel, expliquait dans son film Palombella rossa : “Qui parle mal pense mal. Et qui pense mal vit mal.” Cette parfaite devise (un peu longue pour s’en faire un tatouage, certes, mais elle ne nous quitte pas pour autant, et qui se fait encore tatouer

en 2019 ?) s’applique ici aux plaisirs du palais, à ses finesses, à ses contours délicats. Passionnée­s, donc pédagogues, les équipes d’eataly Paris Marais racontent magnifique­ment un pays à travers ses produits. Viscéralem­ent ancré dans les régions et leur diversité de terroir et de climat, le répertoire gastronomi­que italien couvre un immense champ d’expression­s.

Le directeur retail a eu le temps de préparer ses étalages : le temps, justement, est au coeur de la démarche. “Les produits s’inspirent de la mouvance Slow Food, qu’il s’agisse de ceux que nous distribuon­s ou de ceux qui sont cuisinés dans les restaurant­s. Cette attention à l’environnem­ent et à la tradition, c’est un gage d’excellence, d’une agricultur­e raisonnée, de qualité et de saisonnali­té. Nous avons aussi mis en valeur les caractéris­tiques régionales qui sont essentiell­es aux yeux des Italiens, qui les connaissen­t parfaiteme­nt. La diversité de la production italienne donne toute sa force et sa singularit­é à notre concept.” Il était crucial, pour partager cette philosophi­e, de mettre les rôles principaux, à savoir les producteur­s, au premier plan. “Nous en invitons quasiment toutes les semaines. Notre projet participe aussi du didactisme. Nous organisons des dégustatio­ns, des ateliers, suggérons des recettes, en établissan­t, par exemple, un lien entre les produits et les plats à la carte du restaurant.”

Importer telle quelle une invention étrangère en terre hexagonale peut se révéler périlleux

– une affaire de papilles, de climat, d’éducation, d’histoire… “Il était impératif de travailler en amont sur notre sélection, de l’adapter au consommate­ur parisien. Par exemple, nous avons privilégié l’épicerie salée, l’offre en fromages et en salaisons.”

Cet esprit défricheur a déjà porté ses fruits (à moins qu’il n’ait anticipé avec pertinence la maturité du nouveau public gastronome?) : “Nous avons des demandes sur des produits très pointus, comme la colatura d’anchois, la fregola sarda ou les farines spécifique­s pour les pâtes fraîches.”

Si l’on peut se désoler parfois de l’uniformisa­tion des paysages urbains, dupliquant nos repaires et repères locaux d’un hémisphère à l’autre, retrouver à quelques roues de bicyclette une aussi belle adresse, généreuse en idées douces et respectueu­se de son métier, nous console de perdre une occasion de prendre le premier vol pour Rome. “La vie est une combinaiso­n de magie et de pâtes”, jugeait Federico Fellini. Pour les pâtes, c’est ici, et pour les accessoire­s de prestidigi­tation, c’est au BHV Marais, à

190 mètres au sud…

 ??  ?? Fromages : Parmigiano Reggiano DOP Caciocaval­lo Irpino. Pain Ottotondo. Grissini Mario Fongo. Olives “Bella di Cerignola” Antica Enotria.
Fromages : Parmigiano Reggiano DOP Caciocaval­lo Irpino. Pain Ottotondo. Grissini Mario Fongo. Olives “Bella di Cerignola” Antica Enotria.
 ??  ?? Spaghetti al pomodoro : Spaghetti di Gragnano Afeltra. Sauce tomate Così Com’è. Huile d’olive extra-vierge ROI. Tomates cerises. Basilic.
Spaghetti al pomodoro : Spaghetti di Gragnano Afeltra. Sauce tomate Così Com’è. Huile d’olive extra-vierge ROI. Tomates cerises. Basilic.
 ??  ?? Risotto aux champignon­s : riz Carnaroli Acquerello. Champignon­s séchés Urbani Funghi. Céleri. Oignon blanc. Carotte.
Risotto aux champignon­s : riz Carnaroli Acquerello. Champignon­s séchés Urbani Funghi. Céleri. Oignon blanc. Carotte.

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